Note d’opinion

Crise économique et Management International[Record]

  • François Leroux

…more information

  • François Leroux
    HEC Montréal

En ce début d’année 2009, nul ne peut prédire l’ampleur de la crise économique qui va faire suite à la crise financière qui a commencé à l’été 2007 et dont les manifestations les plus spectaculaires et les plus porteuses de conséquences ont eu lieu au cours de l’automne 2008. En revanche, il est sûr que nous ne faisons pas face à un simple épisode de ralentissement conjoncturel, comme nous en avons connu régulièrement, mais que nous sommes en face d’un mouvement profond, qui va durer longtemps, qui marque la fin d’une période et qui appelle de profondes mutations. Les situations de crise financière ne sont pas des situations exceptionnelles dans l’histoire de l’économie. Les observateurs ont appris à associer six éléments qui caractérisent la crise. Le grippage au sens mécanique du terme constitue le premier élément : certains rouages de l’économie arrêtent de fonctionner et ne semblent pas être capables de se remettre en route. Le deuxième élément c’est la constatation a posteriori de dysfonctionnements profonds et durables. Ces dysfonctionnements sont souvent l’une des causes premières du grippage des marchés. Troisièmement, il y a crise quand on constate que des segments du marché sont dans l’incapacité de s’auto corriger ou que le temps de correction est excessivement long et la correction très imparfaite. Ce sont d’ailleurs des échecs de marché facilement repérables et identifiables qui constituent la quatrième caractéristique de la crise. Enfin on parlera de crise quand la solution à la situation largement dégradée passe par des changements structurels et quand l’intervention de l’état est nécessaire. Que l’on regarde d’une façon ou d’une autre cette liste de critères, il ne fait pas de doute que ce que nous vivons depuis l’été 2007 est bien une crise majeure. Outre sa profondeur intrinsèque, cette crise est caractérisée à la fois par des phénomènes de contagion et des phénomènes de contamination. Il y a contagion quand les difficultés dans un secteur financier dans un pays se propagent au même secteur dans un ou d’autres pays. On parle aussi de contagion lorsque les difficultés d’un secteur financier entrainent des faiblesses dans d’autres secteurs financiers (on pourrait aussi parler de risque systémique). En revanche on parle de contamination lorsque la crise financière se propage du secteur financier au secteur réel. Nous savons bien que nous avons actuellement à la fois de la contagion et de la contamination. Ainsi ce n’est pas simplement le système financier international qui est affecté, mais également toutes les entreprises à vocation internationale, dans leurs stratégies, dans leurs opérations et dans toutes les facettes de leur gestion. Cette nouvelle réalité interpelle par ricochet le monde de l’enseignement et de la recherche dans le domaine des affaires internationales. Et donc les sujets traités dans les revues spécialisées et surtout l’angle sous lequel ils seront abordés vont se ressentir de ce nouveau contexte. Ce sera l’occasion de remettre en cause de vieux paradigmes, d’en développer de nouveaux. Un grand chantier d’observation et d’analyse s’ouvre pour les praticiens et pour les chercheurs. Entre 1987 et 1997, on a connu plusieurs épisodes de crises financières, toutes de nature différente; certaines d’entre elles étaient porteuses des signes précurseurs de ce que nous avons connu en 2007 et 2008. Ces dix années ont été suivies d’une décennie particulièrement calme sur ce front, entretenant peut être l’illusion que tout le travail d’analyse pour comprendre les crises et la mise en place de mécanismes de prévention avait bien porté fruit. La crise des Savings & Loan (1987-1992) avait mis en évidence les dangers de l’inadéquation des financements des institutions financières et surtout des risques associés au manque d’appariement …