Nouvelles perspectives en sciences sociales
Volume 13, Number 2, May 2018 Sur le thème : Villes hypermobiles, entre régulations sociales et construction de soi Guest-edited by David Champagne and Georges-Henry Laffont
Table of contents (11 articles)
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Avant-propos : villes hypermobiles, entre régulations sociales et construction de soi
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Dessine-moi une ville sans voiture : les aspirations en matière de mode de vie et de mobilité en Île-de-France
Sandrine Berroir, Hadrien Commenges, Jean Debrie, Juliette Maulat, Colette Bordedebat, Guillaume Blandeau, Esther Briend and Justine Lanon
pp. 27–73
AbstractFR:
Dans un contexte de remise en cause de la place de l’automobile dans les mobilités urbaines, cet article rend compte des premiers résultats d’une recherche prospective visant à scénariser les conditions d’une Île-de-France Post-Car. À partir d’une entrée quantitative et qualitative des pratiques et aspirations en matière de mobilité et de modes de vie, l’article souligne la pluralité des pratiques de mobilité des Franciliens et de leurs idéaux, mais également des aspirations partagées à une amélioration des conditions de mobilité, de proximité et de ralentissement en contrepoint d’une hypermobilité urbaine. L’entrée par les aspirations permet alors de tracer un scénario partiel, mais partagé de réduction de la mobilité automobile en Île-de-France qui compose avec la diversité des idéaux, les contraintes territoriales et le schéma centre-périphérie des mobilités. Ces résultats contribuent ainsi aux débats sur la place de la voiture en ville et les conditions d’une transition des mobilités, en soulignant l’enjeu d’une différenciation territoriale des politiques de lutte contre la dépendance automobile.
EN:
In a context of questioning the role of the automobile in urban mobility, this paper presents the first results of a prospective research that aims at sketching the conditions of the transition to a Post-Car Île-de-France. Based on a quantitative and qualitative approach of mobility practices and individual aspirations of Paris region inhabitants, this paper highlights the plurality of mobility practices, of these ideals, but also the shared aspirations for improvement of mobility conditions, proximity and slowing down as a counterpoint to urban hypermobility. Taking into account the inhabitants’ aspirations allows to draw a partial but shared scenario of reduction of car mobility in the Île-de-France region that takes into account the diversity of ideals, territorial constraints and the center-periphery pattern of mobilities. These results contribute to the debates on the place of cars in cities and on the conditions for a transition of mobilities, and highlight the issue of territorial adjustment of policies that aim to reduce car dependency.
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Patrimonialisation et mise en tourisme : une double entrée pour questionner le rapport à l’espace et au temps
Annie Ouellet
pp. 75–110
AbstractFR:
Cette contribution s’intéresse au double processus de mise en tourisme et en patrimoine des centres-villes « historiques », de même qu’à la coprésence des individus les habitant (de façon permanente ou temporaire), soit les résidents permanents et les touristes. Cette double entrée par le tourisme et par le patrimoine amène à nous interroger tout particulièrement sur les rapports à l’espace et au temps. Si la dimension spatiale des rapports sociaux que nous appréhendons demeure relativement constante, soit le centre d’une ville patrimonialisée et mise en tourisme, ce sont trois dimensions temporelles qui seront abordées comme autant d’angles d’analyse. Seront donc considérés le temps du quotidien (et du hors-quotidien (Équipe MIT, 2002)), le temps des saisons et le temps des « mémoires patrimoniales » (Morisset, 2009). Notre propos s’appuie, pour partie, sur un travail d’enquête mené dans les petites villes françaises de Sarlat (Dordogne) et Dinan (Côtes-d’Armor).
EN:
This contribution is about the dual-process of tourism development and heritage making of the historic city centers, and to the co-presence of individuals living there (in a permanent or temporary way), namely permanent inhabitants and tourists. These dual entries, by tourism and heritage, lead us to wonder quite particularly about the relations between space and time. If the spatial dimension of social relations that we comprehend stay constant, ie the center of an “heritagized” and “touristified” city, these are three temporal dimensions that will be examined as so many angles of analysis. We will tackle the time of the everyday life (and off-everyday life), the time of the seasons and the time of the “patrimonial memories”. Our subject is partly established on a field work led in the small French cities of Sarlat (Dordogne) and Dinan (Côtes-d’Armor).
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L’art outdoor comme facteur de modification de l’espace-temps urbain
Laurence Iselin
pp. 111–143
AbstractFR:
Cet article propose une analyse philosophique des implications de l’implantation d’oeuvres d’art dans l’espace-temps urbain, par opposition à leur devenir au sein de l’espace muséal. En effet, le musée est un espace où nous plaçons des objets à l’abri de la corruption du temps. De ce point de vue, l’oeuvre d’art peut se définir comme un objet qui dure (Arendt, 1972). Notre hypothèse consiste donc à soutenir que les oeuvres d’art se définissent par une temporalité propre, ce qui, lorsqu’elles sont implantées dans l’espace public urbain, entraîne des modifications de sa temporalité et de ses usages. Après avoir déterminé la temporalité propre à l’oeuvre d’art, nous examinons dans quelle mesure l’implantation d’oeuvres d’art dans l’espace urbain modifie cet espace lui-même ainsi que l’expérience et les usages que nous en faisons. Enfin, nous nous demandons si le développement de l’art dans l’espace urbain n’occasionne pas un changement de paradigme, la notion d’accessibilité laissant place à celle de participation.
EN:
This paper offers a philosophical analysis of the implantation of artworks in the urban space and time and its implications, as opposed to their evolution within the museum space. Indeed, the museum is a place where objects are protected from time passing induced wear. In this regard, an artwork can be defined as an object which lasts long (Arendt, 1972). Our hypothesis consists in considering artworks as defined by a temporality of their own, and that their implantation in urban space leads to modifications to such space’s temporality and uses. The paper starts by defining a temporality specific to artworks. Then it examines to which extent the urban space, our experience and uses of it are changed by the presence of artworks. Finally, it questions the existence of a paradigm shift – from accessibility to participation – induced by the presence of artwork in urban space.
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L’étrangeté du familier : pour un renouvellement de la théorie du monde social d’Alfred Schütz
Simon Lafontaine
pp. 145–183
AbstractFR:
La sociologie d’Alfred Schütz a le potentiel de saisir la complexité des rapports entre familiarité et étrangeté qui se tissent dans le quotidien des sociétés contemporaines. Néanmoins, ses analyses de la venue d’un étranger au sein d’un groupe, qu’on retrouve dans son fameux essai « L’étranger », rencontrent des difficultés appelant une reconstruction critique. Une relecture de ses thèses de fond sur la typification sociale et la connaissance familière met en évidence les limites du recours à l’idéal type du migrant, qui accorde une primauté à la relation externe à l’étrangeté. Cette approche du problème de l’appartenance surdétermine la conformité des pratiques et des routines à l’intérieur du groupe accueillant l’étranger sur son territoire. La prise en compte de l’altérité interne ouvre alors la discussion à l’étrangeté latente au sein du nous et du moi en revisitant des outils de la phénoménologie sociale.
EN:
Alfred Schutz’s sociology has the potential to capture the complex interplay of familiarity and strangeness in the everyday life of contemporary societies. However, his analyses of the arrival of a stranger in a group, put together in his well-known essay “The Stranger”, run into difficulties calling for a critical reconstruction. A reading of his background theses on social typification and knowledge by acquaintance brings to light limitations to the ideal type of the migrant, which expresses a primacy of the external relation to strangeness. This approach to the problem of belonging overstates the conformity of practices and routines in the group receiving the stranger on his territory. An awareness of internal alterity opens the discussion to the latent strangeness within the We and the Ego through a fresh take on tools provided by social phenomenology.
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L’affectif révélateur de l’« être-là » : éléments conceptuels, méthodologiques et empiriques
Georges-Henry Laffont and Denis Martouzet
pp. 185–214
AbstractFR:
Cet article propose une synthèse de travaux menés depuis deux décennies sur la question du rapport à l’espace notamment dans sa dimension affective. Il en ressort que la connaissance du rapport affectif à l’espace, définie comme le résultat conjoint de l’interaction entre expériences (pratiques, pensées, actes manqués, émotions, etc., survenues en des lieux), leurs retraitements à travers les souvenirs et les projections, anticipations, permet de saisir la construction d’un « être-là » défini comme la synthèse, d’une part, de l’évaluation qualitative que l’individu fait de sa situation à un moment donné au regard de sa trajectoire et, d’autre part, de l’évaluation de ses capacités à maîtriser les distances entre sa localisation et les lieux et donc les liens qui comptent pour lui. Cet « être-là » signifie, au regard de ce qu’un individu est et/ou souhaite devenir, le maintien toujours remis en cause d’un triple équilibre dynamique : entre être à la bonne place et à la bonne distance, entre la part active du « faire avec » et sa part passive, entre un passé valorisé, dévalorisant, assumé ou rejeté et un futur souhaité ou craint.
EN:
This article offers a synthesis of work carried out over the past two decades on the topic of the relationship with space, particularly in its affective dimension. It shows that knowledge of the affective relationship to space, defined as the joint result of the interaction between experiences (practices, thoughts, missed acts, emotions, etc.), their reprocessing through memories and projections, anticipations, allows us to grasp the construction of a “being there” defined as the synthesis, on one hand, of the qualitative evaluation that the individual makes of his situation at a given moment in relation to his trajectory and, on the other hand, the assessment of his ability to control distances between his location and places and therefore the links that matter to him. This “being there” means, with regard to what an individual is and/or wishes to become, always maintaining a triple dynamic balance between being in the right place and at the right distance, between the active part of “doing with” and its passive part, between a valued, devaluing, assumed or rejected past and a desired or feared future.
Articles hors thème
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Le meurtre du partenaire intime chez les femmes au Canada selon qu’elles sont Autochtones ou non-Autochtones
Mélanie Girard and Simon Laflamme
pp. 217–263
AbstractFR:
Au Canada, en 2015, le taux de femmes accusées d’homicide était 31 fois plus élevé chez les Autochtones que chez les non-Autochtones. Cette statistique se répercute dans le meurtre du partenaire intime. Dans une étude récente, notre échantillon canadien de femmes maricides était composé à 55 % d’Autochtones. Cette surproportion nous a conduits à nous demander si les femmes autochtones, dans leur rapport au meurtre du partenaire intime, se distinguent des non-autochtones. Nos analyses reposent sur des documents décisionnels de la Commission des libérations conditionnelles et sur des transcriptions des audiences de meurtrières devant la Commission. Ces analyses portent sur des données quantitatives et textuelles. Elles montrent que ces femmes, sur plusieurs plans, ne sont pas différenciables en fonction de l’ethnie; elles révèlent que, lorsque l’ethnie entre en jeu comme facteur de dissimilitude, c’est pour mettre en relief la marginalité d’un vécu amérindien, notamment dans le cadre des réserves.
EN:
In 2015, the rate of Canadian women charged with homicide was 31 times higher for Aboriginals than for non-Aboriginals, a number which is reflected in the killing of an intimate partner. In a recent study, our Canadian sample of women who had killed a male partner consisted of 55% Aboriginals. This overrepresentation leads us to question whether Aboriginal women, in their rapport to intimate partner homicide, are different from non-Aboriginal women. Our analyses are based on Parole Board decisional documents and on transcriptions of hearings before the Parole Board. These analyses examine quantitative and qualitative data. They show that, on a number of aspects, these women cannot be differentiated according to ethnicity; they reveal that, when ethnicity does come into play, it does so in that it highlights the marginality of Aboriginal life, especially in the context of Reserves.
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Cette étrange pliure à partir de laquelle rien n’est plus pareil. La question de la contingence en sciences sociales : l’événement
Claude Vautier
pp. 265–291
AbstractFR:
Il est, en sciences humaines et sociales, une catégorie appelée événement qui, chassée comme le fut Candide du château de Thunder-ten-tronckh, fut, comme lui, obligée de faire un long voyage avant de retrouver droit de cité dans des domaines où elle réapparaît peut-être un peu plus circonscrite. Le but de cet article est de cerner au mieux le sens que peut prendre aujourd’hui ce terme afin d’en faire une véritable catégorie analytique susceptible d’aider à la modélisation des sociétés contemporaines. Cette modélisation n’est pas fondée sur le seul événement. Elle est fondée sur le noeud de relations qui lie cet événement, les individus et le système sociétal. L’approche de cette modélisation est donc « relationnelle ». Et l’événement dont il est question ici ne peut être envisagé hors de cette relation généralisée que j’appelle « champ relationnel » et qui suggère qu’aucune des trois catégories analytiques citées ci-dessus n’a de sens ni d’intérêt en elle-même, pour une modélisation, hors de ce champ.
EN:
There exists, in the human and social sciences, a category named event which, chased as was Candide from the castle of Thunder-ten-tronckh, was, like him, obliged to make a long journey before regaining its rights in areas where it reappears, although somewhat more circumscribed. The purpose of this article is to better understand the meaning that this term can embody today in order to make it into a real analytical category likely to help the modeling of contemporary societies. This modeling is not based solely on the event. It is based on the knot of relationships that binds this event, the individuals and the societal system. The approach of this modeling is therefore “relational”. And the event we are discussing here cannot be considered outside of this generalized relation which I call “relational field” and which suggests that none of the three analytic categories mentioned above has any meaning or interest in and of itself, for modeling purposes, outside of this field.
Comptes-rendus de lecture
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Mouvements sociaux des femmes au Sénégal, Ndèye Sokhna Guèye (dir.), Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture, CODESRIA, ONU Femmes, 2015
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Sociologie de la musique. La construction sociale du son des « tribus » au numérique, Lello Savonardo, Paris, Éditions Academia-L’Harmattan, 2015
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Jouer la traduction. Théâtre et hétérolinguisme au Canada Francophone, Nicole Nolette, Ottawa, Presse de l’Université d’Ottawa, 2015