Wayne A. Williams and Janice Rieger
pp. 15–21
Record
Abstract
Les histoires de l’art et du design ont délaissé, au cours des quatre dernières décennies, l’étude canonique des objets, des artistes/concepteurs et des styles et se sont tournées vers des recherches plus interdisciplinaires. Nous soutenons néanmoins que les historiens et historiennes du design doivent continuer de pousser leur utilisation d’approches puisant dans la culturelle matérielle et la criticalité afin de combler des lacunes dans l’histoire du design et de développer des méthodes et des approches pertinentes pour son étude. Puisant dans notre expérience d’enseignement auprès de la génération des « milléniaux », qui sont portés vers un « design militant », nous offrons des exemples pédagogiques qui ont aidé nos étudiants et étudiantes à assimiler des histoires du design responsables, engagées et réflexives et à comprendre la complexité et la criticalité du design.
Sarah McLean Knapp
pp. 22–26
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Abstract
Dans ce bref article, nous traçons l’histoire de l’enseignement du design au Canada pendant les quarante dernières années et la comparons avec celle au Royaume-Uni, où l’on a assisté à une croissance significative des études du design et des programmes d’histoire du design. Nous soutenons qu’il est impératif de créer de nouveaux programmes d’études du design au Canada afin, d’une part, de renforcer l’éducation pratique en design et, de l’autre, de retenir les jeunes chercheurs et chercheures.
Dustin Valen
pp. 27–41
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Abstract
Engagé en 1949 par l’Université McGill pour donner le cours sur l’histoire de l’architecture moderne, l’architecte natif de Montréal Hazen Edward Sise (1906–1974) prôna à ses étudiants et étudiantes les vertus du modernisme et leur décria le retard de l’architecture canadienne. Formé dans l’atelier de Le Corbusier et engagé dans la guerre d’Espagne, son expérience immédiate du mouvement moderne et ses opinions politiques influèrent grandement sur son enseignement. Faisant écho à une poignée d’historiens modernes novateurs dont la représentation tautologique du passé cherchait à revitaliser l’architecture du XXe siècle, Sise enseigna l’histoire comme une forme d’instruction pratique, ambitionnant ainsi la transformation de l’architecture canadienne au travers de ses futurs praticiens.
Michael Windover
pp. 42–56
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Abstract
Cet article examine une station de transmission de la Société Radio-Canada qui a ouvert ses portes à Watrous, en Saskatchewan, en 1939. Le bâtiment est vite devenu un phare de modernité, correspondant ainsi à la présence visuelle des postes de radio dans les maisons ou publicités. Notre étude met en lumière les différents registres matériels et spatiaux du système de radiocommunication — de l’espace intime de la maison à l’architecture institutionnelle. Notre analyse de la conception du bâtiment révèle ses liens avec le paysage (réel et représenté) ainsi qu’avec les notions complexes de lieu (matériel et immatériel). Nous soutenons que les études de design offrent une façon unique et significative d’aborder l’histoire des médias, dans laquelle ces derniers sont conceptualisés en termes de matérialité et comme éléments constituants de la société.
Margaret Hodges
pp. 57–71
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Abstract
Cet article considère le rôle du design scandinave dans la recherche d’une identité visuelle canadienne au cours des décennies suivant la Deuxième Guerre mondiale. Nous examinons le discours provenant d’instances gouvernementales et institutionnelles, ainsi que des revues professionnelles d’art et d’architecture : le « moderne scandinave » s’est ainsi vu recontextualisé et approprié par des institutions qui cherchaient à améliorer tant le goût du public que les industries du design au Canada, et est devenu un modèle pour un design canadien potentiellement « authentique ». Nous examinons le mobilier conçu par Sigrin Bülow-Hübe, née en Suède et installée au Canada, et le comparons à l’appropriation de styles scandinaves par des concepteurs nés au Canada, afin d’explorer les effets de ces emprunts sur le design canadien.
Martin Racine
pp. 72–85
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Abstract
This article examines a lesser-known dimension of the career and work of Julien Hébert, one of the most influential figures in Quebec and Canadian design from the 1950s to the 1980s. By revisiting Hébert’s archives, it sheds light on significant initiatives he developed in order to use design as a tool for cultural and social change. These are a project for a Montreal-based Institute of Design and another that aimed at tackling unemployment through design practice. These exemplify Hébert’s understanding of design as a discipline that offers more than the creation of beautiful products and functional furniture. For him, it was a means to change society and to improve the wellbeing of its citizens.
Carmela Cucuzzella
pp. 86–100
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Abstract
Bien que la durabilité soit aujourd’hui devenue un impératif et un concept clef motivant les réorientations que connaissent les pratiques et théories de la conception, peu de recherches se consacrent à la compréhension de son impact sur le « design thinking » et sur la culture. Cet article enquête sur le design durable entendu comme culture visuelle émergente en architecture. Nous explorons la façon dont les concepteurs vont au-delà des normes environnementales afin de conserver dans leurs projets un équilibre créatif entre forme et contenu, entre éthique et esthétique. Nous analysons un corpus de concours organisés récemment dans les champs de l’architecture, du paysage et de l’urbanisme et avançons que les concours sont à la fois des « laboratoires » pour les concepteurs et des dispositifs épistémologiques pour les chercheurs, à même de révéler les transformations majeures des pratiques et valeurs de design.
Laureline Chiapello
pp. 101–114
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Abstract
At a time when the video game industry is booming in Canada and game studies departments begin to emerge in universities, this article assesses the evolution of video game design theories. These can be considered as the combination of two worlds, design theories and video game studies, a union that seems largely under-examined. Using a theoretical model drawn from design theory, namely “the eclipse of the object,” this article reveals similarities between design and video game design theories. It argues that the parallels that can be drawn between these theories constitute the basis for a shared theoretical outlook. Building on this commonality, this paper concludes with some suggestions concerning research, pedagogy, and the video gaming industry that aim at unifying these two domains.
Jaleen Grove
pp. 115–129
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Abstract
Cette historiographie critique documente la réception des illustrateurs canadiens anglophones par l’histoire de l’art, la cultural theory, la politique culturelle et les collections institutionnelles, de la fin du dix-neuvième siècle au présent. Nous montrons que la préservation de la culture visuelle canadienne a été biaisée en faveur d’un agenda culturel nationaliste qui a mis à l’écart la majorité de la culture visuelle populaire illustrée et qui, par ailleurs, a négligé l’héritage culturel états-unien en faveur des liens avec la Grande-Bretagne. En outre, à cause du manque d’espace pour des archives et des expositions, d’importantes collections d’illustration attendent urgemment un foyer, et les archives existantes sont incapables de gérer les fonds existants. Avec une méthodologie guidée par la pratique, nous proposons un centre de recherche idéal pour l’histoire graphique canadienne qui serait opéré sur un modèle d’affaires autarcique.
Cheryl Dipede
pp. 130–145
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Abstract
Cet article explore le développement d’une communauté professionnelle de design au Canada pendant les années 1950 et 1960 en examinant deux collaborations entre graphistes : les expositions canadiennes Typography (1958–1964) et l’exposition internationale Typomundus 20 (1963–1966). Celles-ci contribuèrent à la publicisation d’un nouveau discours qui permit aux typographes et aux concepteurs de la communication canadiens de se penser comme faisant partie d’une communauté unifiée et distincte de « graphistes ». Elles encouragèrent cette cohésion professionnelle notamment en avançant des normes professionnelles, en lançant une réflexion sur le statut et le rôle du graphisme par rapport au « grand » art, à la communication de masse et à la société en général, et en facilitant l’échange d’idées entre les professionnels canadiens et la communauté internationale de graphistes.
Brian Donnelly
pp. 146–160
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Abstract
Si la nouveauté et l’originalité sont au centre de l’autodéfinition de la modernité et des discussions sur son avant-garde critique, nous examinons l’idée de la criticalité pour voir comment, dans le graphisme, c’est au contraire la reproduction, la mimesis, et même la copie fidèle qui ont donné lieu à des pratiques et à des transformations critiques percutantes. Notre discussion d’une nouvelle criticalité (malgré la perte d’originalité) repose entre autres sur la théorie cybernétique, sur la philosophie poststructuraliste et sur des exemples tirés de la première histoire du design : l’origine de l’alphabet abstrait occidental et la production européenne de masse de lettres et d’imprimerie. Concluant avec une lecture de la théorie critique, notamment autour de problématiques posées par Adorno, nous suggérons que la mimesis du design professionnel donne lieu à une transformation sociale critique malgré sa position en dehors de l’avant-garde autonome et grâce à ses racines dans le besoin quotidien.