FR :
Partir d’un double constat : 1) la musique est une pratique du lieu qui pourtant 2) s’en échappe dès que possible par la trivialité de l’excuse, au sens de mise hors de cause – grosso modo la situation ne serait jamais appropriée. Partant, comment rester ici quand tous les moyens sont bons pour s’en sortir ? De là, questionner la différence entre composition et improvisation à l’aune de cette accusation de fuir les circonstances à tout bout de champ, en construisant l’analogie hypothétique suivante : l’improvisation est à la composition ce que la science-fiction ou l’anticipation est à l’utopie. Et aboutir finalement à ceci que moins l’excuse est possible plus la musique a lieu. Ou encore, rendre une musique possible peut revenir à se frayer une ligne entre les excuses. Ces méditations sont d’abord issues du grand nombre de discussions que j’ai pu avoir avant, pendant, ou après tel ou tel concert ; ce texte en garde la forme dialoguée tout en pariant qu’un impersonnel s’en dégage.
EN :
We begin with a twofold observation: (1) music is a practice of place that nevertheless (2) escapes whenever possible through the triviality of the excuse, in the sense of exoneration—roughly speaking, the situation is never appropriate. So, how can we stay here when all means are good to get out? Let us question the difference between composition and improvisation in light of this accusation of fleeing circumstances at every turn, by constructing the following hypothetical analogy: improvisation is to composition as science-fiction or anticipation is to utopia. Finally, we conclude that the fewer excuses there are, the more music takes place. Or, perhaps, creating the possibility for music is like walking a line between excuses. These meditations stem from the many discussions I’ve had before, during, and after various concerts; the text retains a conversational style in the hope that something impersonal will emerge.