Volume 16, numéro hors-série, 2016
Sommaire (10 articles)
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Numéro virtuel soulignant les quinze premières années de la revue Diversité urbaine
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Introduction
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Immigration et intégration linguistique : vers un indicateur de réceptivité sociale
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Participation civique et politique des citoyens issus de l’immigration
Carolle Simard et Michel Pagé
RésuméFR :
Dans cet article, nous présentons les conclusions d’une enquête exploratoire réalisée auprès de nouveaux citoyens canadiens originaires de pays non démocratiques. Sont notamment étudiées les variables susceptibles d’expliquer leurs perceptions des systèmes politiques canadien et québécois ainsi que leurs comportements politiques. Plus particulièrement, nous nous intéressons aux interrelations entre ces trois groupes de variables : politiques, psychologiques et sociodémographiques. Notre étude s’appuie sur l’analyse de 30 entretiens semi-directifs complétés auprès de répondants montréalais nés en Haïti, au Liban et au Pérou.
EN :
In this article, we report an exploratory investigation carried amongst new Canadian citizens originating from non-democratic countries. Our study is based on the analysis of 30 interviews with Montrealers from Haiti, Lebanon and Peru. The variables presented here are most likely to explain their perceptions with regard to the Canadian and Québécois political systems and their political behaviors. We are particularly interested in the interrelationships between three groups of variables: political, psychological and socio-demographic.
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Introduction. Nouveaux regards sur la religion et l’intégration
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La cohabitation interethnique dans quatre quartiers de classes moyennes à Montréal : deux petites leçons tirées des discours sur la diversité
Annick Germain, Xavier Leloup et Martha Radice
RésuméFR :
Les sciences sociales manifestent un certain regain d’intérêt pour les classes moyennes, notamment dans les contextes où l’on considère que leur rôle est central dans certaines dynamiques urbaines (la gentrification, les enjeux liés au marché du logement ou encore la croissance des partis politiques de droite). Or, au Québec, et plus largement au Canada, les chercheurs ont négligé les classes moyennes en s’intéressant plutôt aux deux extrémités de la hiérarchie sociale. Cet article montre tout l’intérêt qu’il y a pourtant à se pencher sur celles-ci. Nous présentons ici des résultats d’une étude sur la cohabitation interethnique dans quatre quartiers de classes moyennes dans la région montréalaise. Nous basant sur une enquête de terrain qui a laissé émerger de façon spontanée les avis sur la diversité ethnoculturelle croissante des quartiers, nous montrons que, si les personnes interrogées ne savent pas exactement comment nommer cette diversité, elles entretiennent la plupart du temps des attitudes positives à son égard, bien qu’elles soient parfois accompagnées d’un certain inconfort.
EN :
Social scientists have renewed their interest in the middle class, especially in contexts where it plays a critical role in urban processes (for example, gentrification, housing market dynamics, or the rise of right-wing political parties). However, in Quebec, and in Canada in general, scholars have tended to overlook the middle classes, giving their attention instead to the top and bottom layers of the social hierarchy. This article demonstrates why it is worth taking a serious look at the middle classes. We present the results of a study of interethnic relations in four middle-class neighbourhoods in the Montreal region. Drawing on fieldwork in the neighbourhoods that was designed to let opinions about growing local ethnocultural diversity emerge spontaneously, we show that while people do not always know how exactly to name this diversity, they generally hold positive attitudes towards it, along with a certain discomfort at times.
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Assignation et discrimination racistes : enquêtes dans le monde du travail en France
Véronique De Rudder et François Vourc’h
RésuméFR :
Cet article présente une synthèse de résultats de recherches sociologiques menées sur le racisme dans les entreprises et les organisations syndicales depuis quinze ans. En France, la question des discriminations dites « raciales » comme problème social et la mise en place d’un dispositif public destiné à les réprimer est relativement récente. Cependant, il y existe toujours, bien qu’il y soit généralement dénié ou ignoré, un racisme systémique, notable dans différents domaines, qui désavantage tendanciellement immigrants et descendants d’immigrants en matière d’emploi, de salaire, etc. Au sein des entreprises, les stéréotypes dévalorisants permettant de faire porter à ces derniers la responsabilité de leur situation s’ajoutent aux divers moyens d’intimidation et de réduction au silence des travailleurs minoritaires. Les organisations syndicales dénoncent le racisme patronal, mais éprouvent beaucoup de difficulté à traiter directement du racisme et des discriminations, et ce, pour diverses raisons. Si des luttes contre les traitements discriminatoires ont pu être menées, parfois avec succès, elles ont généralement été non relayées au niveau syndical national.
EN :
This article presents the synthesis of results of sociological research carried out over fifteen years on racism in private enterprises and labour unions. In France, it is only recently that the question of “racial” discriminations has appeared as a social problem, and an institution set up to eradicate it. However, systemic racism exists, whereby direct and indirect discrimination accumulates in various domains, such as education and training, residential segregation, citizenship, etc., though it is generally denied or ignored. Immigrants and descendants of immigrants thus tend to be disadvantaged as regards employment and wages. In companies, demeaning stereotypes make the victims responsible for their situation, and add to various means of intimidation oriented at reducing minority workers to silence. Labour unions denounce employers’ racism, but, for various reasons, meet with a lot of difficulties dealing directly with racism and discrimination. While struggles against discriminatory treatment are waged here or there, sometimes successfully, but they are generally not taken over at the national level.
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Un modèle macroscopique du développement psycholangagier en contexte intergroupe minoritaire
Rodrigue Landry, Réal Allard et Kenneth Deveau
RésuméFR :
L’article présente un modèle macroscopique du développement psycholangagier en contexte intergroupe minoritaire. Ce modèle comprend quatre niveaux d’analyse et décrit un rapport de force entre un endogroupe minoritaire et un exogroupe majoritaire, montrant comment le développement psycholangagier des membres du groupe minoritaire peut être à la fois le produit d’un déterminisme social et le fruit d’une autodétermination de l’individu et du groupe. Les relations entre différents types de socialisation ethnolangagière et plusieurs variables psycholangagières sont décrites par l’entremise d’un modèle vérifiable à l’aide de la modélisation par équations structurelles. Ces deux modèles montrent que certains aspects du développement psycholangagier sont fortement associés à la vitalité ethnolinguistique du groupe alors que d’autres peuvent être davantage pris en charge par l’individu et le groupe. Le concept d’autonomie culturelle permet de faire une synthèse des divers facteurs reliés à la revitalisation d’une communauté ethnolinguistique minoritaire.
EN :
This article analyzes the ethnolinguistic development of linguistic minority group members through the use of a macroscopic intergroup model which focuses on four different levels of analysis. The model shows how macrosocial factors influence microsocial factors that can be measured and analyzed at the individual level. The relationships between three types of ethnolinguistic socialization (enculturation, personal autonomization, conscientization) and various psycholinguistic variables are discussed and illustrated via a structural equation model that can be tested empirically. These models take into consideration factors that are related to social determinism and others that favour self-determination at the group and individual levels. Examples of research done with Francophone minority group members in Canada are presented. In conclusion, we introduce the concept of cultural autonomy which identifies factors related to language community revitalization in a minority context.
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Identités plurielles : couples mixtes et transmission du judaïsme
Séverine Mathieu
RésuméFR :
Quand on sait qu’aujourd’hui en France la moitié des mariages contractés par des personnes juives sont des mariages mixtes, la question « qu’est-ce qu’être juif? » revêt toute son importance. Que transmet-on lorsque l’on se sent juif, que l’on n’est pas pratiquant, que l’on partage sa vie et que l’on élève des enfants avec un conjoint non juif? L’enquête sociologique menée par l’auteure montre que les deux conjoints souhaitent transmettre un judaïsme qui ne soit pas uniquement religieux (voire non religieux), souvent qualifié de « culturel ». Il s’agit de réinventer des espaces, symboliques ou réels, pour donner corps à une identité plurielle et transmettre un judaïsme sécularisé. Ce désir de revendiquer une identité juive est intimement lié, on s’en doute, à la Shoah.
EN :
Given that at present, more than half of the marriages contracted by Jew in France are mixed, the question “what does it mean to be Jewish?” is of particular importance. When individuals define themselves as Jewish but do not practice, and share their lives with a non-Jew, what do they transmit? My study shows that both partners, Jewish and non Jewish, want to transmit a Judaism that they often call a “cultural Judaism”. They seek to reinvent spaces, symbolic and real, that render their plural identity coherent and allow them to transmit a secularized Judaism to their children. ftis wish to claim a Jewish identity is often linked to the Shoah.
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Les jeunes et la marginalisation à Montréal : la culture hip-hop francophone et les enjeux de l’intégration
Marie-Nathalie LeBlanc, Alexandrine Boudreault-Fournier et Gabriella Djerrahian
RésuméFR :
La culture hip-hop est apparue au Québec dans les années 1980. À Montréal en particulier, différents groupes ethniques et culturels se sont approprié le rap et l’emploient comme un mode d’expression de leurs réalités quotidiennes, le transformant ainsi en un référent identitaire. Nous proposons que la culture hip-hop offre un espace d’intégration et d’adaptation à des jeunes de diverses origines ethniques et culturelles, souvent marginalisés au sein de la culture québécoise dominante. Loin d’être un instrument de résistance et de contestation mondialisé, adapté et manipulé sur le plan local, le rap québécois nous apparaît comme une stratégie d’intégration mise en place par de jeunes artistes qui visent ainsi à rendre leur culture davantage visible au sein de la société majoritaire, tant au niveau public que médiatique.
EN :
Hip hop culture appeared and flourished in Quebec during the 1980’s. A variety of ethnic and cultural groups in Montreal have appropriated rap music as a vehicle for expressing the realities of their daily lives, and as such, hip hop has become a central reference point in the construction of identity. In this article we explain how hip hop culture offers a space where youth of diverse ethnic and cultural backgrounds, who are often marginalized from the dominant Québécois culture, can integrate and adapt to their environment. Rather than analyzing hip hop as a form of global contestation and resistance customized to a local setting, we interpret Québécois rap as a strategy for integration whereby young artists work to make their culture more visible in the public sphere and within the framework of media institutions of the larger society.