Volume 36, numéro 1-2, 2014 Patrimoine culturel immatériel Intangible Cultural Heritage
Sommaire (33 articles)
Articles
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The Politics and the Practices of Intangible Cultural Heritage / Les politiques et les pratiques du patrimoine culturel immatériel
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A decade of implementation of the Convention for the Safeguarding of the Intangible Cultural Heritage: Challenges and perspectives
Cécile Duvelle
p. 27–46
RésuméEN :
In this article, Cécile Duvelle presents the main points of the evaluation of the Convention for the Safeguarding of Intangible Cultural Heritage undertaken by UNESCO a decade after its adoption in 2003. She discusses the achievements as well as the pitfalls of the Convention. Drawing on a survey involving State Parties as well as many non-state stakeholders including NGOs, representatives of intangible cultural heritage (ICH) bearer organizations, and academics, the authors of the evaluation report consider the 2003 Convention for the Safeguarding of the Intangible Cultural Heritage to be a highly relevant international legal instrument, both in terms of its consistency with national and local priorities and with the needs of the concerned communities, groups and individuals. The Convention has broadened the more traditional view of heritage to include anthropological and sociological points of view. It also introduced a number of important concepts related to ICH, such as the understanding that the community is the real bearer of ICH and that this heritage is defined in terms of the community; the notion that culture is living and evolving as it is transmitted from one generation to another; and the concept of safeguarding as a measure aimed at ensuring the viability of ICH. The Convention introduced new terminology and definitions that have since gained global prominence, supplanting older concepts. The article provides an in-depth discussion of the advantages and disadvantages of the practice of listing ICH elements, of the promises and shortcomings of community participation, of the challenges of intellectual property and cultural diversity to ICH, of the necessary collaboration in the administration of the different UNESCO heritage conventions, and of the ways intangible cultural heritage can contribute to sustainable development, to conflict resolution and to human rights. The author concludes by commenting the recommendations of the evaluation report.
FR :
Dans cet article, Cécile Duvelle expose les principaux points de l’évaluation de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel entreprise par l’UNESCO dix ans après qu’elle ait été adoptée, en 2003. Elle présente les réussites de la Convention et les écueils auxquels elle s’est heurtée. À partir des données d’une enquête auprès des États signataires ainsi que de nombreuses parties prenantes non gouvernementales telles que des OGN, des représentants d’organisations de porteurs du PCI et des universitaires, les auteurs du rapport d’évaluation considèrent que cette Convention de 2003 constitue un outil juridique extrêmement pertinent au niveau international en ce qu’elle concorde avec les priorités nationales et locales et avec les besoins des communautés, des groupes et des individus concernés. La Convention a élargi la conception traditionnelle du patrimoine pour inclure des points de vue anthropologiques et sociologiques. Elle a également introduit un certain nombre d’importants concepts relatifs au PCI, comme le fait que la communauté soit la réelle détentrice du patrimoine et que ce patrimoine se définit dans les termes de la communauté ; que la notion de culture est vivante et évolue en se transmettant d’une génération à l’autre ; et que le concept de sauvegarde constitue une mesure visant à assurer la viabilité du PCI. La Convention a introduit une nouvelle terminologie et de nouvelles définitions qui ont depuis gagné une place de premier plan au niveau mondial et supplanté d’anciens concepts. Cet article discute en profondeur des avantages et des inconvénients de l’inscription d’éléments du PCI sur les listes, des promesses et des insuffisances de la participation communautaire, et des difficultés que posent les questions de propriété intellectuelle et de diversité culturelle dans le domaine du PCI, de la nécessaire collaboration des administrations des différentes conventions sur le patrimoine de l’UNESCO et de la façon dont le patrimoine culturel immatériel peut contribuer au développement durable, à la résolution de conflits et aux droits humains. L’auteur conclut en commentant les recommandations du rapport d’évaluation.
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Intangible Delicacies: Production and Embarrassment in International Settings
Michael Herzfeld
p. 47–62
RésuméEN :
The intention of the author of this article is to worry away at the limits of the concept of intangible culture. In pursuing this line of critique, he wonders how an international organization such as UNESCO, which is not only composed of nation-states but depends on their cooperation to get its work done, can address the status of cultural practices that are central to national self-recognition but that these nation-states do not want to admit to each other. These are the practices that he associates with the concept of “cultural intimacy” – the “dirty laundry” that every nation-state confronts, denies, and yet, for the most part, guiltily enjoys. The space of cultural intimacy includes all those aspects of cultural and social life that are locally recognized but externally suppressed. In virtually every country, there are deeply embedded and widely popular practices that do not seem to conform to a largely Western-inspired and globally dominant canon of respectability. These practices arguably represent the most intractable challenge to formal, state-led representations of culture.
FR :
L’auteur de cet article s’efforce d’outrepasser les limites du concept de patrimoine immatériel et, dans la foulée de cette orientation critique, il se demande comment un organisme international tel que l’UNESCO, qui non seulement se compose d’États nations mais dépend de leur coopération pour réaliser ses objectifs, peut aborder le statut de pratiques culturelles qui sont essentielles à la reconnaissance de soi de ces États nations mais que ces derniers se refusent à admettre devant les autres. Ce sont les pratiques que nous associons au concept « d’intimité culturelle » – le « linge sale » auquel tous les États nations sont confrontés, qu’ils refusent d’admettre mais qui représente pourtant, pour la plupart, un délice coupable. L’espace de l’intimité culturelle comprend tous ces aspects de la vie culturelle et sociale que l’on reconnaît au niveau local, mais que l’on réprime à l’extérieur. Dans quasiment tous les pays, il existe des pratiques populaires profondément inscrites et largement partagées qui ne paraissent pas se conformer aux canons de respectabilité d’inspiration largement occidentale qui prédominent dans le monde. On peut affirmer que ces pratiques constituent, pour les représentations étatiques et formelles de la culture, le problème le plus insoluble.
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The Government of Canada and Intangible Cultural Heritage: An Excursion into Federal Domestic Policies and the UNESCO Intangible Cultural Heritage Convention
Gerald L. Pocius
p. 63–92
RésuméEN :
Over the past twenty years, what constitutes a culture’s heritage has been debated amongst those responsible for governmental policies, as well as the constituents that governments serve. While heritage has often focused on tangible items – architecture and the material world – recent policies have broadened the focus to include the intangible: knowledge, ideas, performances, beliefs handed down for generations. Many national and international agencies – lead by UNESCO – now have policies and programs that deal with intangible cultural heritage (ICH). Within the Canadian context, the federal government has had differing interpretations of the importance of this type of heritage. Most recently, in spite of initial involvement in its drafting, the Department of Canadian Heritage has decided not to support UNESCO’s new international ICH Convention, which went into force in April, 2006, and now includes more than 160 countries that have ratified it. Historically, provincial governments and NGOs across Canada have been more involved with ICH, and it is here that the most recent initiatives are occurring. The changing stance of the Department of Canadian Heritage on this topic may well be related to specific figures involved, unspoken fears of legal repercussions, and the lobbying of special interest heritage groups.
FR :
Depuis les vingt dernières années, les décideurs politiques au niveau gouvernemental, ainsi que les corps électoraux que servent les gouvernements, ont débattu de ce qui constitue le patrimoine d’une culture. Bien que le patrimoine n’ait souvent été envisagé que sous l’angle du monde matériel – celui de l’architecture et de l’univers des objets – de récentes politiques ont étendu son domaine à l’immatériel : le savoir, les idées, les représentations scéniques, les croyances qui se transmettent au fil des générations. De nombreuses instances nationales et internationales, sous la houlette de l’UNESCO, disposent dorénavant de politiques et de programmes portant sur le patrimoine culturel immatériel (PCI). Au sein du Canada, le gouvernement fédéral a interprété de plusieurs façons parfois divergentes l’importance de ce type de patrimoine. Plus récemment, en dépit de son implication initiale dans la rédaction du projet, le Ministère du Patrimoine canadien s’est résolu à ne plus soutenir la nouvelle Convention internationale pour la sauvegarde du patrimoine immatériel de l’UNESCO qui est entrée en vigueur en avril 2006 et à laquelle adhèrent à présent plus de 160 pays qui l’ont ratifiée. Depuis longtemps, les gouvernements provinciaux et les OGN de tout le pays se soucient de patrimoine immatériel, et c’est sous leur égide qu’ont été réalisées les initiatives les plus récentes. Le revirement du Ministère du Patrimoine canadien à ce sujet pourrait bien tenir à certaines personnalités impliquées, à des craintes tacites de répercussions juridiques et à l’activisme de certains groupes de pression.
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Intangible roles: Theory, policy, practice and intangible cultural heritage
Jo Littler
p. 93–105
RésuméEN :
The emphasis on non-material knowledge and forms of communication in intangible cultural heritage can be related both to the expansion of curatorial interest in “experiential” displays and to the valorisation of what has, more broadly, been termed the “experience economy” in contemporary society. The recent interest in intangible cultural heritage, in other words, might usefully be situated in the context of what has been called “the cultural turn.” Given this context, the author of this article considers how the case of intangible cultural heritage throws two particular issues into stark relief: first, heated contemporary debates over the desirability of academics engaging with the administration of culture – over whether engaging with policy is an abdication of political possibility – and second, the boundaries of cultural policy, or what it is possible to administer. Positioning itself against a narrowly technocratic approach, the paper argues that we need to interrogate the cultural heritage of intangible cultural heritage itself. By doing so, we will be better equipped to consider what capacious, imaginative interactions between theory, policy, process and practice might look like.
FR :
L’intérêt pour le savoir non matériel et les formes de communication dans le domaine du patrimoine culturel immatériel peut être relié à la fois à l’intérêt grandissant des conservateurs de musée pour les expositions « expérientielles » et à la valorisation dans la société contemporaine de ce que l’on qualifie généralement « d’économie expérientielle ». Autrement dit, l’intérêt récent pour le patrimoine culturel immatériel pourrait tout à fait se replacer dans le contexte de ce que l’on a appelé le « virage culturel ». Ce contexte étant donné, l’auteur de cet article examine la façon dont le cas du patrimoine culturel immatériel met vivement en relief deux questions en particulier : premièrement, les controverses contemporaines cherchant à déterminer s’il est souhaitable que des universitaires s’attaquent à l’administration de la culture – à savoir si le fait d’entériner une politique représente une abdication des possibilités politiques – et deuxièmement, la question des limites de la politique culturelle, à savoir ce qu’il est possible d’administrer. Renonçant délibérément à une approche technocratique étroite, cet article soutient qu’il nous faut interroger l’héritage culturel du patrimoine culturel immatériel lui-même. Ce faisant, nous serons mieux outillés pour envisager à quoi pourraient ressembler les interactions imaginatives d’amples proportions entre la théorie, les politiques, les processus et les pratiques.
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Patrimonial Reflections: From Burning Buildings to Bodies of Heritage
Valdimar Tr. Hafstein
p. 107–128
RésuméEN :
The author of this paper argues that the rise of cultural heritage is perhaps the chief example of a newfound valuation of cultural practices and objects in terms of their expediency for economic and political purposes. This is culture as a resource: a novel configuration in which culture is now a central expedient in everything from creating jobs to reducing crime, from changing the face of cities through cultural tourism to managing differences and conflicts within the population. In this context, heritage provides a strong but flexible language for staking claims to culture and making claims based on culture. He suggests that the 2003 Convention for the Safeguarding of the Intangible Cultural Heritage signals a reformation of global heritage policy. Where earlier UNESCO efforts were content to document and archive expressions of folklore and traditional culture, its intangible heritage initiatives aim to assure the transmission and continuity of traditional practices in situ. This requires direct intervention in the communities involved. UNESCO enlists intangible heritage as an instrument for safeguarding community, a social and moral good perceived to be threatened by globalization. Intangible heritage has emerged as an instrument in the production of a strong (but not exclusive) sense of belonging for members of cultural communities within (and sometimes across) states. Population groups objectify their practices and expressions as “intangible heritage” and at the same time they subjectify themselves as “communities”. Government can then act on the social field through communities and by means of, among other things, heritage policies. The author also points out that many heritage practices take the body as their central objects – they turn the body into a site of performance. Indeed, intangible heritage is very much about the ways in which culture is embodied and the ways in which bodies are cultured.
FR :
L’auteur de cet article avance que la montée en puissance du patrimoine culturel représente peut-être l’exemple par excellence d’une réévaluation des pratiques et des objets culturels en fonction de l’opportunité qu’ils présentent pour des objectifs économiques et politiques. Il s’agit de la culture comme matière première : une nouvelle configuration dans laquelle la culture acquiert dorénavant une utilité dans tous les domaines, depuis la création d’emplois jusqu’à la réduction de la criminalité, de l’embellissement des villes grâce au tourisme culturel jusqu’à la résolution des différences et des conflits au sein de la population. Dans ce contexte, le patrimoine procure un langage audible mais flexible pour revendiquer la culture et poser des revendications fondées sur la culture. Il suggère que la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003 constitue l’indice d’une réforme des politiques mondiales en matière de patrimoine. Là où les précédents efforts de l’UNESCO se contentaient de documenter et d’archiver les expressions du folklore et de la culture traditionnelle, ses initiatives en matière de patrimoine immatériel visent à assurer la transmission et la persistance des pratiques traditionnelles in situ. Cela exige une intervention directe dans les communautés concernées. L’UNESCO embrigade le patrimoine immatériel en tant qu’outil de préservation des communautés, celles-ci représentant le bien social et moral que l’on pense menacé par la mondialisation. Le patrimoine immatériel apparaît comme un outil de production d’un sentiment fort (mais non exclusif) d’appartenance pour les membres des communautés culturelles au sein des États (et parfois à travers les États). Des groupes de population réifient leurs pratiques et leurs expressions en tant que « patrimoine immatériel » en même temps qu’ils se font les « sujets » de leurs communautés. Le gouvernement peut alors agir dans le domaine social par l’intermédiaire des communautés et au moyen, entre autres, de leurs politiques patrimoniales. L’auteur signale également que nombre de pratiques patrimoniales ont le corps pour objet central – elles font du corps un site de représentation. De fait, le patrimoine immatériel relève en grande partie de la façon dont s’incarne la culture et de la façon dont les corps deviennent dépositaires de la culture.
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Ta’zie (Religious Theatre) vs. Noruz (the New Year and its Rituals): The Politics of the Intangible Cultural Heritage of Humanity in Iran
Christian Bromberger
p. 129–140
RésuméEN :
Above and beyond a legitimate concern with preserving intangible cultural “treasures” and “masterpieces,” what are the extra-heritage issues that tend to slip beneath UNESCO’S applications for recognition and listing? Through an examination of recent projects presented by Iran, the author proposes to carry out a modest ethnography that addresses the meaning of these applications, ethnography being in the words of Clifford Geertz (Geertz 1983: 152), “an enterprise […] whose aim is to render obscure matters intelligible by providing them with an informing context.”
FR :
Au-dessus et au-delà du souci légitime de sauvegarder les « trésors » et les « chefs-d’oeuvre » culturels immatériels, qu’en est-il des autres questions patrimoniales qui tendent à échapper aux candidatures présentées à l’UNESCO pour obtenir reconnaissance et inscription sur les listes ? En examinant de récents projets présentés par l’Iran, l’auteur se propose d’entreprendre une modeste ethnographie portant sur la signification de ces candidatures, l’ethnographie étant, comme le dit Clifford Geertz (Geertz 1983 : 152) « une entreprise […] visant à rendre intelligibles des phénomènes obscures en procurant des informations sur leur contexte ».
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Intangible Culture on Inland Seas, from Hudson Bay to Canadian Heritage
Jennifer S.H. Brown
p. 141–159
RésuméEN :
The author of this article examines the ways in which the Convention for the Safeguarding of Intangible Cultural Heritage considers the protection of aboriginal languages and provides a case study of the challenges of the preservation of the Cree language in Canada. For Indigenous people, in Canada as elsewhere, questions arise about who speaks for whom; many of their constituents may not identify with the major political organizations that represent their interests to governments and are recognized by government agencies; and other structural and logistical barriers also arise. The paper takes a look at the richness of Aboriginal history around Hudson Bay as held in language and stories, and then discusses the many challenges that a Hudson Bay Cree storyteller, Louis Bird, and his collaborators faced in pursuing an oral history project funded by a Canadian governmental agency with its own parameters and priorities.
FR :
L’auteur de cet article examine la façon dont la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel envisage la protection des langues autochtones et peut constituer une étude de cas des difficultés que présente la conservation de la langue cri au Canada. Pour les peuples autochtones, au Canada comme ailleurs, se pose la question de savoir qui parle au nom de qui ; nombre de membres de leurs groupes ne se reconnaissent pas toujours dans les principales organisations politiques qui les représentent auprès des gouvernements et qui sont reconnues par les instances gouvernementales ; et l’on voit également se dresser d’autres barrières structurelles et logistiques. Cet article commence par présenter la richesse de l’histoire des Autochtones des environs de la baie d’Hudson telle qu’elle apparaît dans la langue et dans les histoires, avant de discuter des nombreuses difficultés auxquelles ont été confrontés un conteur cri de la baie d’Hudson, Louis Bird, et ses collaborateurs, lorsqu’ils travaillaient à un projet d’histoire orale financé par un organisme gouvernemental canadien qui avait ses propres paramètres et priorités.
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Le développement durable au service du patrimoine culturel : à propos de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
Véronique Guèvremont
p. 161–176
RésuméFR :
S’il est fréquent d’associer la protection de la « culture » au « développement durable » – l’idée de préservation d’un patrimoine au bénéfice des générations présentes et à venir est en effet inhérente aux deux concepts – la définition classique du développement durable et le contenu de cette notion tel que précisé par certains textes fondateurs passent généralement sous silence l’importance de la culture pour le développement des sociétés. Pourtant, des liens juridiques intimes unissent désormais les deux notions, comme en témoignent les récents développements du droit international en ce domaine. Ces évolutions normatives, qui se fondent en grande partie sur une prise de conscience de l’inestimable contribution de la culture au développement durable des sociétés, tendent cependant à passer sous silence l’autre dimension de la relation, soit le potentiel que représente la notion de développement durable pour la protection des cultures. En utilisant l’exemple de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, cette contribution vise à explorer ce potentiel en trois temps : en identifiant d’abord les instruments juridiques internationaux qui ont contribué à la reconnaissance explicite d’un lien entre la culture et le développement durable (I) ; en précisant, ensuite, le contenu conceptuel et juridique de cette notion de développement durable à laquelle sont attachés certains « principes de développement durable » (II) ; en procédant, enfin, à une analyse critique de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel à la lumière de ces principes de développement durable (III).
EN :
While it is common to associate the protection of “culture” with “sustainable development” – the idea of conserving an element of heritage for the benefit of present and future generations is, in fact, inherent to both concepts – the classic definition of sustainable development and the content of this notion, as made explicit through certain foundational texts, generally bypass the importance of culture for the development of societies. However, there are close legal relationships which from now one bring both notions together, as witnessed in the recent developments in this area in international law. These normative aspects of change, which, in large measure, are based on an awareness of the inestimable contribution of culture to sustainable development in societies, have a tendency to bypass the other dimension in the relationship, namely the potential represented by the notion of sustainable development for the protection of cultures. By using the example of the conservation of the intangible cultural heritage, this contribution will explore this potential in three stages: first, by identifying the international legal instruments which have contributed to the explicit recognition of a link between culture and sustainable development (I); next, in specifying the conceptual and legal content of this notion of sustainable development to which are attached certain “principles of sustainable development” (II); and finally, moving to a critical analysis of the Convention for the Safeguarding of the Intangible Cultural Heritage in light of these principles of sustainable development (III).
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Intangible Heritage in France: Between Museographical Renewal and “Project Territory”
Dominique Poulot
p. 177–206
RésuméEN :
In this article, Dominique Poulot provides a historical overview of the notion of intangible cultural heritage and its relationship to museum studies in France. He brings the study up to the present day to examine the current impact of intangible cultural heritage on the museums. Since 2006, when France signed the UNESCO Convention for the Safeguarding of Intangible Cultural Heritage, intangible cultural heritage has emerged as an issue of current concern. In the museum world, various institutional intermediaries are being used in order to educate curators about intangible heritage, by way of ICOM France, for example. At the same time, the Mission du patrimoine ethnologique (Ethnological Heritage Mission, or MPE) has initiated a collective reflection concerning the new categories and new framework of activities for intangible cultural heritage issues only very recently considered “ethnological” in nature. Hence intangible heritage would seem to be on the agenda of various state administration bodies according to a top-down process characteristic of the centralized tradition of French museum and heritage organizations. The situation has apparently become even more propitious in this regard since a certain number of recent events have served to highlight the fact that the opposition between the notion of ever-changing social space dear to anthropologists and the enclosure of objects conserved at the museum dear to tangible-culture specialists has become a thing of the past.
FR :
Dans cet article, Dominique Poulot présente un survol historique de la notion de patrimoine culturel immatériel et de sa relation avec les études en muséologie en France. Il ramène cette étude au temps présent pour examiner l’impact actuel du patrimoine culturel immatériel sur les musées. Depuis 2006, lorsque la France a signé la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, le patrimoine culturel immatériel est devenu un sujet actuel de préoccupation. Dans le monde muséal, on a recours à divers intermédiaires institutionnels pour informer les conservateurs sur le patrimoine immatériel, par le biais d’ICOM France par exemple. Dans le même temps, la Mission du patrimoine ethnologique (MPE) a lancé une réflexion collective au sujet des nouvelles catégories et du nouveau cadre d’activités relevant du patrimoine culturel immatériel que l’on ne considère de nature « ethnologique » que depuis peu. Par conséquent, le patrimoine immatériel devrait être au programme de différents corps administratifs officiels suivant le processus vertical qui caractérise la tradition centralisée des organisations patrimoniales et des musées français. La situation est apparemment devenue plus propice de ce point de vue depuis qu’un certain nombre d’évènements récents ont mis en lumière le fait que l’opposition entre l’espace social constamment changeant des anthropologues et l’enfermement des objets conservés dans les musées cher aux spécialistes de la culture matérielle est à présent chose du passé.
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Re-totalizing Culture: Breathing the Intangible into Museum Practice?
Anthony Alan Shelton
p. 207–234
RésuméEN :
With the growth of concern over diminishing cultural diversity, homogenization, and the preservation of tangible patrimony, UNESCO has increasingly assumed a lead position in devising new legislative instruments – programs, proclamations, conventions, and treaties – for the safeguard and regulation of cultural heritage. This cultural policy has been re-directed in the last two decades by a newly emergent and confident cosmopolitan political bloc that has attempted to reverse the organization’s Occidental bias by extending the protection it gives to tangible heritage to include intangible cultural expressions. This new political interest coincides with wider demands for the re-totalization of both aspects of culture aimed at encouraging the institutional use of vernacular interpretations in place of typological and externally imposed classifications. While these movements share a common interest in the decolonization of institutional culture, there is no overarching consensus on the means by which authority over interpretation can be returned to and exercised by originating communities and practitioners. To support its relatively new cultural mandate, UNESCO has revised its definitions of culture. These re-articulations – largely appropriated from specific anthropological discourses – expand the concept of culture to include its tangible and intangible manifestations, and provide a legitimating moral and intellectual authority to promote its wider acceptability. This essay represents a modest attempt to define and trace the influence of part of the rhetoric generated by globalized institutional cultures on museum practice and to raise questions on the current choices museums have been called to make.
FR :
Dans une inquiétude grandissante devant l’amenuisement de la diversité culturelle, l’homogénéisation et la sauvegarde du patrimoine matériel, l’UNESCO a de plus en plus assumé une position directrice dans la conception des nouveaux instruments législatifs – programmes, déclarations, conventions et traités – pour la sauvegarde et la règlementation en matière de patrimoine culturel. Cette politique culturelle a été réorientée au cours des deux dernières décennies par un bloc politique cosmopolite émergent et décidé, qui a tenté d’inverser le biais occidental de cet organisme pour qu’il étende sa protection non seulement au patrimoine matériel, mais également aux expressions culturelles immatérielles. Ce nouvel intérêt politique coïncide avec de nouvelles exigences de considérer comme un tout ces deux aspects de la culture afin d’encourager l’utilisation institutionnelle des interprétations vernaculaires au lieu des classifications typologiques imposées de l’extérieur et d’en haut. Bien que ces mouvements aient un intérêt commun pour la décolonisation de la culture institutionnelle, il n’existe pas de consensus global au sujet des moyens par lesquels l’autorité interprétative pourrait être rendue aux communautés et aux praticiens d’origine et être exercée par ceux-ci. Afin de répondre à ce mandat culturel relativement nouveau, l’UNESCO a révisé ses définitions de la culture. Ces ré-articulations – inspirées en grande partie de discours anthropologiques spécifiques – élargissent le concept de culture pour y inclure ses manifestations matérielles et immatérielles, et procurent une autorité morale et intellectuelle légitime à la promotion d’une plus grande acceptabilité. Cet article représente une modeste tentative de définir et de suivre l’influence d’une partie des discours générés par des cultures institutionnelles mondialisées sur la pratique muséale et de soulever des questions au sujet des choix que les musées sont actuellement amenés à faire.
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Good intentions and the public good: Intangible cultural heritage in a Canadian national museum
Andrea Laforet
p. 235–257
RésuméEN :
For more than one hundred years Canada’s national museum of human history, called, successively, the National Museum of Canada, the National Museum of Man, the Canadian Museum of Civilization, and, most recently, the Canadian Museum of History, has documented and assembled a record of intangible cultural heritage relating to various cultural groups. Originally collected and currently preserved under legislative mandates resting on broad assumptions about the public interest, this material includes a substantial body of narrative, song and information relating to both past and contemporary cultural practice of societies indigenous to Canada. This paper explores the issues for concepts of nationhood, knowledge and the public interest raised by the contractual agreements, legislation on topics ranging from copyright to family law, treaty negotiations between Aboriginal people and the Government of Canada, and consultation concerning different cultural definitions of property and the sacred that affect day-to-day access to and use of Aboriginal intangible heritage in the museum. Finally, the paper explores potential issues for the continuation of this work raised by the museum’s narrowing of focus and mandate as it changes from the Canadian Museum of Civilization to the Canadian Museum of History.
FR :
Depuis plus d’un siècle, le musée national canadien d’histoire humaine, qui s’est appelé successivement le Musée national du Canada, le Musée national de l’Homme, le Musée canadien des civilisations et, depuis peu, le Musée canadien de l’histoire, a documenté et rassemblé des archives de patrimoine culturel immatériel en lien avec différents groupes culturels. À l’origine recueilli puis conservé en fonction de mandats législatifs reposant sur de larges principes relatifs à l’intérêt public, ce matériel comprend un ensemble considérable de récits, de chansons et d’informations liés aux pratiques culturelles, à la fois passées et présentes, des sociétés autochtones du Canada. Cet article envisage les problèmes des concepts de nation, de savoir et d’intérêt public tels qu’ils se posent dans les accords contractuels, la législation sur des sujets allant du droit de propriété intellectuelle au droit de la famille, les négociations de traités entre les Peuples autochtones et le gouvernement du Canada, et la consultation au sujet de différentes définitions culturelles de la propriété et du sacré qui affectent l’accès au patrimoine immatériel autochtone et son usage quotidien au musée. Enfin, cet article envisage les problèmes qui pourraient se poser dans la poursuite de ce travail en raison de la réduction de la portée et du mandat du musée au moment où, de Musée canadien des civilisations, il devient Musée canadien de l’histoire.
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The Selection of the Practice of Ice Canoeing on the St. Lawrence River: Birth of a Nomination
Bernard Genest
p. 259–277
RésuméEN :
The purpose of this article is precisely to outline in what manner and circumstances the Quebec Society of Ethnology came to make the request to the Quebec ministry of Culture for recognition of the practice of ice canoeing. In fact, ice canoeing was the second practice to be listed on the Quebec register on intangible cultural heritage since its institution in 2012. The author points out that the process is not as simple as might be assumed, and it is fortunate that the designation in terms of the Quebec Cultural Heritage Act, adopted in 2012, is not a trivial measure. It involves the minister’s giving status to a part of the intangible heritage of which knowledge, safeguarding, promotion or transferral is in the public interest.
FR :
Cet article a pour finalité de décrire précisément de quelle façon et en quelles circonstances la Société d’ethnologie du Québec en est venue à demander au Ministère de la Culture de la province de reconnaître la pratique du canot à glace. En fait, cette pratique figurait en seconde position sur la liste du registre du patrimoine culturel immatériel du Québec depuis sa création en 2012. L’auteur insiste sur le fait que ce processus n’est pas aussi simple qu’on pourrait le penser, et qu’il est fort heureux que la façon dont le formule la Loi sur le patrimoine culturel du Québec, votée en 2012, ne soit pas anodine. Elle implique que si le Ministère confère un statut à un élément du patrimoine immatériel, pour en valoriser la connaissance, la protection, la mise en valeur et la transmission, cela doit se faire dans l’intérêt public.
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The Celebration of Cultural Diversity and the Politics of Difference in Safeguarding Intangible Cultural Heritage
Antonio A. Arantes
p. 279–296
RésuméEN :
The global turn of cultural production gave new significance to objects and ideas that convey senses of localization and/or cultural singularity, raising public interest and institutional concern with inventorying and protecting cultural diversity. The implications of this shift not only concern the so-called creative industries, as this issue was the object of the Convention for the Protection of the Diversity of Cultural Contents and Artistic Expressions approved by UNESCO in its 33rd General Conference (Paris, November 2005). Traditional know-how and forms of expression, as well as exotic landscapes, are used as effective cornerstones for the implementation and promotion of humanitarian as well as social and economic development programs in the poorer regions of the globe. From an intellectual perspective, this renewed awareness of all things local stimulates critical reflection about some epistemological and legal issues related to identification, documentation and promotion of cultural heritage. Among these, intellectual authority associated with the production of inventories, the social consequences of introducing new ingredients in local level politics and cultural production, as well as juridical matters concerning rights of collective intellectual property are some of the concerns of the current debate among scholars and heritage experts on those issues. The present paper aims at contributing to the debate on the questions outlined above, by focusing on the emergent policies of safeguarding intangible cultural heritage. Since cultural heritage is not mechanical and neutral transmission of information from one generation to another, but a social construction, the understanding of its meanings and consequences depends on taking into account its historical context. This being the case, in order to provide concrete background to this discussion, the author refers to the Brazilian case suggesting, however, that it has wider implications.
FR :
Au niveau mondial, le changement d’attitude au sujet de la production culturelle a conféré une nouvelle signification aux objets et aux idées qui véhiculent un sens du lieu et/ou de la singularité culturelle, en même temps qu’il a éveillé l’intérêt public et le souci des institutions d’en faire l’inventaire et de protéger la diversité culturelle. Les implications de ce revirement ne concernent pas uniquement ce que l’on appelle les industries créatives, car cette question faisait l’objet de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles entérinée par l’UNESCO lors de sa 33e conférence générale (Paris, novembre 2005). Le savoir-faire et les formes d’expressions traditionnelles, ainsi que les paysages exotiques, ont efficacement joué le rôle de pierres de touche dans la mise en oeuvre et la valorisation de programmes de développement humain, autant que social et économique, dans les régions les plus pauvres de la planète. D’un point de vue intellectuel, cet intérêt renouvelé pour tout ce qui est local incite à la réflexion critique au sujet de certaines questions épistémologiques et juridiques en lien avec l’identification, la documentation et la valorisation du patrimoine culturel. Parmi celles-ci, l’autorité intellectuelle associée à la production d’inventaires, les conséquences sociales de l’introduction de nouveaux éléments dans les politiques de niveau local et la production culturelle, ainsi que les problèmes juridiques relatifs aux droits collectifs de propriété intellectuelle, constituent quelques-uns des axes du débat actuel entre chercheurs et experts du patrimoine. Cet article apporte sa contribution à ce débat sur les questions énumérées ci-dessus, en se concentrant sur les politiques émergentes de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Le patrimoine culturel n’étant pas une transmission mécanique et neutre d’informations d’une génération à l’autre, mais une construction sociale, comprendre ses significations et ses conséquences implique de prendre en compte son contexte historique. Ceci étant, afin de procurer une base concrète à cette discussion, l’auteur évoque le cas brésilien, celui-ci suggérant toutefois que les implications pourraient être de plus grande ampleur.
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Cultural rights and “Masterpieces” of Local and Translocal Actors: A Study of Italian and Spanish cases
Hélène Giguère
p. 297–324
RésuméEN :
This paper deals with European experiences of inscription of traditional cultural practices on UNESCO’s Representative List of Intangible Cultural Heritage (ICH). It will first establish the institutional context of the UNESCO’s listing within the framework of reflections on cultural rights. Then, the author briefly presents four European masterpieces in the Mediterranean area. A comparative analysis follows which specifically focuses on the multiplication of practitioners and on translocality; on the overlapping between institutions and artisans; on the use of intangible cultural heritage as a driver for local development via cultural tourism; and on the multimedia “museification” of the intangible. The comparative study of the listing of these intangible cultural heritage traditions also questions the value of customary law versus freedom of expression and creation. It reveals the tensions between the “purity” and “impurity” of cultural practices and social agents, as well as exclusions related to ethnicity, sex or territory. These tensions create new social divisions and remodel the link people have with cultural practices. An examination of gender sheds light on the marginality of women in public space.
FR :
Cet article porte sur les expériences européennes d’inscriptions de pratiques culturelles traditionnelles sur les Listes du patrimoine culturel immatériel représentatif de l’UNESCO. Il commence par définir le contexte institutionnel dans lequel s’élaborent les listes de l’UNESCO dans le cadre des réflexions sur les droits culturels. L’auteur présente ensuite brièvement quatre éléments européens du patrimoine culturel immatériel de la région méditerranéenne inscrits sur la Liste représentative de l’UNESCO. Il s’ensuit une analyse comparative qui se penche plus particulièrement sur la multiplication des praticiens et sur le niveau translocal ; sur l’imbrication des institutions et des artisans ; sur l’utilisation du patrimoine culturel immatériel comme moteur du développement local par l’intermédiaire du tourisme culturel ; et sur la « muséification » de l’immatériel au moyen des outils multimédia. L’étude comparative des inscriptions sur les listes de ces traditions culturelles immatérielles interroge également la valeur de la loi coutumière par opposition à la liberté d’expression et de création. Elle dévoile les tensions entre la « pureté » et « l’impureté » des pratiques culturelles et des agents sociaux, ainsi que des formes d’exclusion qui tiennent à l’ethnicité, au genre ou au territoire. Ces tensions créent de nouvelles divisions sociales et reconfigurent les liens qu’entretiennent les gens avec les pratiques culturelles. L’examen du genre met en lumière la marginalisation des femmes dans l’espace public.
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U.S. Consideration of the Intangible Cultural Heritage Convention
Richard Kurin
p. 325–358
RésuméEN :
UNESCO, the United Nations Educational, Scientific, and Cultural Organization, voted overwhelmingly at the biennial meeting of its General Conference in Paris on October 17, 2003 to adopt a new international Convention for the Safeguarding of Intangible Cultural Heritage. That Convention became international law on April 30, 2006. By the end of 2006 it had been ratified or accepted by 68 countries; today, that number is approaching universal acceptance with more than 160 nations having acceded to the convention. At the 2003 session, some 120 nation-members voted for the convention; more registered their support subsequently. No one voted against it; only a handful of nations abstained – Australia, Canada, the United Kingdom, and the United States among them. Within some of those nations, debate over whether to ratify the treaty continues. In this paper, the author considers the convention and unofficially examines the U.S. government position with regard to why support for it was withheld in 2003, how deliberations have proceeded since then, and whether or not the U.S. might ultimately accept the treaty.
FR :
L’UNESCO, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, a voté à une majorité écrasante, lors de la réunion biennale de sa Conférence générale à Paris, le 17 octobre 2003, en faveur de l’adoption de la nouvelle Convention internationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Cette Convention est devenue une loi internationale le 30 avril 2006. À la fin de l’année 2006, elle avait été ratifiée ou acceptée par 68 pays ; aujourd’hui elle est quasiment universellement acceptée, plus de 160 nations ayant ratifiéé la Convention. Lors de la session de 2003, quelque 120 nations-membres avaient voté en faveur de la Convention ; d’autres y ont souscrit par la suite. Personne n’a voté contre ; seuls quelques rares pays se sont abstenus – dont l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis. Au sein de ces pays, on discute encore de savoir s’il faut ou non ratifier ce traité. Dans cet article, à titre officieux, l’auteur examine la Convention et la position du gouvernement américain à son sujet, exposant les raisons du retrait de son soutien à celle-ci en 2003, relatant la façon dont les délibérations se sont déroulées depuis, et cherchant à déterminer si oui ou non les États-Unis finiront par accepter ce traité.
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La captation patrimoniale des savoir-faire horlogers au risque de leur transmission
Hervé Munz
p. 359–382
RésuméFR :
À partir d’une ethnographie de la transmission du métier d’horloger réalisée dans diverses écoles professionnelles de l’Arc jurassien suisse, cet article entend critiquer le paradigme de « patrimoine culturel immatériel » et l’ambition de sauvegarde des « savoir-faire traditionnels » qu’exprime la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2003) de l’UNESCO. La description de caractéristiques propres à la didactique professionnelle et à la manière dont les acteurs qui la mettent en oeuvre qualifient ce qu’est une compétence en horlogerie permet tout d’abord de montrer que la Convention ne peut pas constituer un opérateur de transmission du savoir horloger. En deuxième lieu, il convient de relever que la figure de la transmission que la Convention met en exergue est anthropocentrée et que les dynamiques d’apprentissage du métier dans le cadre scolaire l’invalident. Elles font en effet des objets d’importants opérateurs de transmission de la gestualité et des techniques horlogères. Enfin, l’auteur fait voir que la distinction entre paradigme pédagogique (basé sur un impératif de transparence) et paradigme initiatique (qui fait la part belle aux secrets) ne permet pas de caractériser l’apprentissage dans le cadre des écoles d’horlogerie. La transmission horlogère s’opère également dans des pratiques de voilement/dévoilement sans que l’explicitation des savoirs en soit toujours une condition, ce qui contrarie fortement le principe de sauvegarde qu’incarne la Convention.
EN :
Beginning with an ethnography of the transmission of the watch making trade carried on in various vocational schools in Switzerland’s Jura Arc, this article involves a critical review of the “intangible cultural heritage” paradigm and the ambition to conserve “traditional know-how” such as outlined in the UNESCO Convention for the Safeguarding of the Intangible Cultural Heritage (2003). The description of characteristics belonging to vocational training and the way in which actors who practise it qualify what is a watch making skill makes it possible first to show that the Convention cannot constitute an operant of transfer in terms of watch making expertise. Secondly, It is appropriate to mention that the image of transfer which the Convention highlights is anthropocentric and that the learning dynamics of the trade invalidate it in the educational context. In fact, they make gestuality and watch making techniques into important transfer operants. Finally, the author shows that the distinction between the teaching paradigm (based on the necessity of transparency) and the initiatory paradigm (honouring the secrets) does not enable the classifying of the training in watch making schools. The passing on of skills in watch making is also at work in the practices of concealing/revealing without the necessity of always making the knowledge explicit. This strongly contradicts the principle of conservation embodied in the Convention.
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Heritage Conservation, UNESCO and Intangible Cultural Heritage in Eastern Canada
Richard MacKinnon
p. 383–403
RésuméEN :
Since Canada has signed the UNESCO Convention concerning the Protection of the World Cultural and Natural Heritage of 1972, it has had some eighteen cultural and natural sites selected for the World Heritage List that represent internationally significant nature reserves and natural wonders, significant Canadian architectural history, important sites representing Canadian aboriginal culture and geological treasures of world-wide importance. These internationally significant sites have put Canada on the world stage in both the heritage conservation field and in the national and international tourism sector. What Canada has decided to inscribe on this list has had a major impact at the local, regional, national and international arenas. The author of this paper reflects on some of the ancillary guiding charters and conventions since the World Heritage Convention was implemented that have led to where we are today in the field of heritage conservation in Canada. He goes on to predict some areas where heritage conservation will be going in Canada in the near future. He argues that Canada could likewise have its rich intangible culture play a similarly significant role if the Canadian government signed the UNESCO Convention for the Safeguarding of Intangible Cultural Heritage of 2003. Last, he discusses some of the recent developments in eastern Canada in intangible cultural heritage, conservation and the sustaining of traditions.
FR :
Depuis que le Canada a signé la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel de l’UNESCO en 1972, dix-huit sites d’intérêt culturel et naturel du pays ont été sélectionnés pour être inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, ces sites représentant des réserves et des merveilles naturelles importantes, des éléments architecturaux significatifs pour l’histoire canadienne, des sites représentant la culture autochtone canadienne et des trésors archéologiques de renommée mondiale. Ces sites d’envergure internationale ont conféré au Canada une visibilité sur la scène mondiale, à la fois dans le domaine de la conservation du patrimoine et dans le domaine du tourisme national et international. Les éléments que le Canada a décidé d’inscrire sur cette liste ont eu un impact majeur au niveau local, régional, national et international. L’auteur de cet article discute de quelques-unes des chartes et conventions secondaires qui ont imposé des directives depuis la mise en oeuvre de la Convention sur le patrimoine mondial qui nous ont amenés là où nous en sommes aujourd’hui dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine au Canada. Il émet quelques prédictions au sujet des directions que prendra la sauvegarde du patrimoine dans le pays dans un avenir proche, et il avance que le Canada pourrait de la même façon voir sa riche culture immatérielle jouer un rôle de premier plan si le gouvernement canadien signait la Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003. En dernier lieu, il expose quelques-uns des développements récents en matière de patrimoine culturel immatériel, de conservation et de maintien des traditions dans l’Est du Canada.
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« Passions ordinaires » ou nouveaux objets patrimoniaux ? Réflexions sur les liens entre sport et patrimoine culturel immatériel
Mathilde Lamothe
p. 405–431
RésuméFR :
Le thème du sport est longtemps resté un champ d’études inexploré – voire même une « sous-culture » – en raison de son caractère peu « scientifique », sa connotation populaire ou associée à la vie quotidienne. Pourtant le sport et la culture restent liés de manière intrinsèque puisqu’il révèle des facettes particulières de la société qui le façonne et permet d’analyse des fondements et des évolutions de notre culture. L’étude du patrimoine sportif et de la patrimonialisation de pratiques sportives apparait comme un nouvel objet d’étude, apportant un éclairage sur les processus de transmission de ces expressions culturelles dans le temps et dans l’espace. Ces jeux ou sports traditionnels s’ancrent dans la modernité en évoluant techniquement, institutionnellement et structurellement; tout en exprimant les valeurs reconnues par l’UNESCO en tant que patrimoine culturel immatériel.
EN :
The theme of sport has long remained an unexplored field of study – even, in fact, a “sub-culture” – due to its minimally “scientific” nature, its grassroots connotation and association with everyday life. However, sport and culture remain intrinsically linked because the former reveals specific facets of a society which fashions it and enables one to analyze the foundations and the evolution of our society. The study of sport heritage and the framing as heritage of sporting practices appears as new object for study, shedding light on the process whereby these cultural expressions are transmitted in time and space. These games or traditional sports become rooted in modernity through their development technically, institutionally and structurally, while, at the same time, expressing the values recognized by UNESCO in terms of the intangible cultural heritage.
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Changing Visions of Heritage Value: What Role Should the Experts Play?
Neil Silberman
p. 433–445
RésuméEN :
The author of this paper questions the role of the experts in heritage policies and practices. Is the voice of the heritage expert now guided by the vox populi? The current evidence for these trends, long considered anathema to heritage purists, suggests that an epoch-making change in heritage practice is now underway. The announcement of a Memorandum of Understanding between the World Bank and UNESCO to provide “very positive input for the improvement of aid effectiveness, and make the most of culture as a motor for social development and poverty alleviation, through employment and job creation” and the theme of the 17th ICOMOS General Assembly, “Heritage, a Driver of Development” are both clear indications of a pressing new concern: that heritage contribute to the economic – not only cultural – well-being of contemporary society. No less significant is the emphasis on public rights and responsibilities in the formulation of heritage policy, once the exclusive prerogative of antiquarians and professional conservators. This turn to the public as full-fledged heritage stakeholders is expressed clearly by the Council of Europe’s Framework Convention on the Value of Cultural Heritage for Society (2005) and the efforts of UNESCO to promote the active participation – and economic advancement – of traditional practitioners of intangible cultural heritage.
FR :
L’auteur de cet article interroge le rôle des experts des politiques et pratiques patrimoniales. La voix de l’expert est-elle désormais celle de la vox populi ? Les indices actuels de cette tendance, longtemps considérée comme un anathème par les puristes du patrimoine, indiquent qu’un changement quasiment historique est à l’oeuvre dans la pratique patrimoniale. L’annonce d’un « Mémorandum d’accord » entre la Banque mondiale et l’UNESCO pour procurer « des contributions très positives pour améliorer l’efficacité de l’aide et faire de l’ensemble de la culture un moteur du développement social et de l’allègement de la pauvreté au moyen de la création d’emplois », ainsi que le thème de la 17e Assemblée générale de l’ICOMOS, « Le patrimoine, moteur de développement », constituent deux claires indications d’une nouvelle et pressante préoccupation, à savoir que le patrimoine doit contribuer au bien-être économique, et non plus seulement culturel, de la société contemporaine. L’insistance sur les droits et responsabilités du public dans l’élaboration de la politique patrimoniale est également significative, celle-ci ayant toujours été la prérogative exclusive des professionnels du domaine. L’intégration du public en tant que partie prenante à part entière du patrimoine est clairement exprimée par la Convention-cadre du Conseil de l’Europe sur la valeur du patrimoine culturel pour la société (2005) et par les efforts de l’UNESCO de promouvoir la participation active – et le progrès économique – des praticiens traditionnels du patrimoine culturel immatériel.
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From Global Decisions and Local Changes: The ceremonial dance of the Voladores becomes UNESCO intangible cultural heritage
Svenja Schöneich
p. 447–466
RésuméEN :
This paper analyses the transforming effects the “UNESCO intangible cultural heritage” label has on a cultural practice. It uses as a case study the ritual ceremony of the Voladores, an indigenous ritual dance practiced in different areas of Mexico since pre-colonial times. In 2009, it was declared the second of seven UNESCO intangible cultural heritages in Mexico. The following study examines ways in which perceptions and performance of the dance have changed after the declaration from an actor’s perspective. After the declaration the national and international interest of tourist and institutions increased. As a consequence, dancers were able to earn a significant amount of money and gain social recognition through public presentations of the dance, which transformed the ritual into an economic and social resource. On the one hand, the new function changed the ceremony in ways to make it more attractive to tourists. On the other hand, a tendency towards revitalizing and preserving traditional elements came to play as well. This was partly initiated through the UNESCO Safeguarding guidelines and pushed by many dancers afraid of a potential “sell-out of their culture to tourists”. These two aspects seem to be mutually exclusive at first but this paper will show that a binary model of “culture vs. commerce” does not provide an adequate conceptual framework to fully understand the complexities of culture.
FR :
Cet article analyse le pouvoir de transformation que peut exercer l’inscription d’une pratique culturelle sur les listes du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Il prend pour étude de cas la cérémonie rituelle des Voladores, une danse rituelle pratiquée dans plusieurs régions du Mexique depuis l’époque précoloniale. En 2009, elle a été déclarée deuxième des sept pratiques culturelles immatérielles listées par l’UNESCO au Mexique. Cet article examine, à partir du point de vue des acteurs, en quoi les perceptions et l’exécution de cette danse se sont modifiées après cette déclaration. L’intérêt des touristes et des institutions s’est accru au niveau national et international ; par conséquent, les danseurs ont pu gagner des sommes d’argent importantes et obtenir une reconnaissance sociale par le biais des représentations publiques de cette danse, qui ont fait du rituel une ressource économique et sociale. D’un côté, cette nouvelle fonction a fait changer la cérémonie de manière à la rendre plus attractive pour les touristes ; de l’autre côté, une tendance à la revitalisation et à la préservation d’éléments traditionnels est également entrée en jeu. Cela s’est en partie déroulé par l’intermédiaire des Directives de sauvegarde de l’UNESCO, mises de l’avant également par de nombreux danseurs qui redoutaient de « voir leur culture bradée aux touristes ». À première vue, ces deux aspects pourraient sembler mutuellement exclusifs, mais cet article montrera que le modèle binaire de « culture contre commerce » ne peut pas procurer de cadre conceptuel adéquat pour bien saisir les complexités du fonctionnement culturel.
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Food Heritage and the Construction of Territory: Home-grown products in Québec
Laurier Turgeon
p. 467–483
RésuméEN :
In the Western academic tradition, tangible cultural heritage (monuments, buildings, sites and material objects) has generally been considered as a privileged means of constructing places and territory, whereas intangible cultural heritage (oral traditions, arts, crafts, feasts, rituals, song, music, dance) have been associated with the identification of ethnic groups. This article aims to demonstrate that intangible cultural heritage can also be a powerful means of the construction of place, through a case study that shows how the consumption of home-grown agricultural products in Quebec transforms territories into places of heritage. This transformative process is accomplished, first, by the symbolic production and consumption of place. By clearly identifying the place of origin of the product on the label, in writing as well as in image, the act of eating homegrown products entails a displacement of territory from their place of production to their place of incorporation. The distant and the faraway are brought home and made familiar. To further reinforce the domestication of place, the consumer is invited to come and purchase the homegrown product at the place of production and to bring it back home with him. Second, these places are heritagitized through the social production and consumption of time. Homegrown products are expressions of the continuity of place through the material conservation of food (dehydration, salting, freezing, etc.), the process of ageing itself and, more importantly, the transmission of their intangible qualities (traditional knowledge, transmission of receipts, preservation of taste). These practices become specific to a place to the point that they give the product a distinctive taste that is passed on from generation to generation. It is through taste that the memory of people and place is reactivated. The author of the article further suggests that it is these intangible elements which most efficiently and forcefully express the heritage of place.
FR :
Dans la tradition scientifique occidentale, le patrimoine matériel (les bâtiments, les sites et les collections d’objets) a généralement été considéré comme un moyen privilégié de construire un sentiment d’appartenance à un lieu géographique et à des territoires, alors que le patrimoine culturel immatériel (traditions orales, festivals, rituels, pratiques artisanales, chanson, musique, danse) est associé à l’identification des groupes ethniques. Ce texte vise à montrer que le patrimoine culturel immatériel peut lui aussi être un puissant moyen de construction des territoires, par une étude de cas portant sur les pratiques de conservation et de consommation de produits du terroir au Québec. Plus précisément, il démontre comment celles-ci transforment des espaces en territoires patrimonialisés. D’une part, l’acte de manger met en scène l’intégration du monde extérieur au corps et l’appropriation du territoire de l’aliment. En effet, la consommation alimentaire renvoie à un déplacement du lieu d’origine au lieu de transformation et d’incorporation du produit et, par extension, à une trajectoire de domestication qui conduit du lointain au proche, de l’étranger au familier. D’autre part, manger des produits du terroir exprime une production et une consommation du temps, par la conservation matérielle du produit, par son vieillissement volontaire et, plus encore, par la transmission de ses éléments immatériels (savoir-faire, recettes, conservation du même goût). Ces pratiques deviennent spécifiques à un territoire au point où elles permettent de donner au produit un goût distinctif qui est transmis de génération en génération. Le produit du terroir produit du patrimoine et des territoires, avec d’autant plus d’efficacité et de force qu’il est immatériel.
Articles hors-thème / Open Topic Articles
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Du bon usage des « vestiges » : gestion des traces du passé et prise de parole politique amérindienne en Guyane
Gérard Collomb
p. 485–509
RésuméFR :
Au cours des deux dernières décennies, on a pu observer en Guyane française la montée en puissance d’une expression politique amérindienne construite sur l’affirmation de « l’autochtonie », et un développement notable des connaissances archéologiques et historiques relatives au monde amérindien, largement médiatisées dans l’espace régional. Mais, alors qu’en Guyane aujourd’hui le rapport au passé et l’inscription dans une histoire représentent un élément majeur des stratégies de définition de soi, il n’y a eu que peu ou pas de connexion entre ces deux processus. Le mouvement politique amérindien, dans sa composante majoritaire kali’na, ne s’est pas emparé de ces matériaux pour appuyer ses revendications dans l’espace régional et n’a pas cherché non plus à instituer les sites que l’archéologie mettait au jour en « monuments » opposables aux autres monuments que mettent en avant les autres cultures en présence. Cette situation s’explique par la manière dont le groupe pense son rapport au passé et construit sa mémoire, et par la difficulté à former un « patrimoine » commun dans une société qui s’organise sur une base familiale et qui se reproduit dans une logique factionnaliste, mais aussi par la volonté des jeunes leaders d’inscrire leur histoire dans d’autres « monuments » pour affirmer une présence dans une histoire guyanaise qui se constitue désormais comme commune.
EN :
Over the past two decades, it has been possible to observe, in French Guyana, the increasing power of Amerindian political expression founded on an affirmation of “indigeneity” and a notable development in archeological and historical knowledge in relation to the Amerindian world, with significant press coverage in regional areas. Yet, while in Guyana today the relationship to the past and the record thereof into history represent a major element in the strategies of self-definition, there has been little or no connection between the two processes. The Amerindian political movement, in its main component kali’na, has not taken hold of these materials to support its claims in the regional area; neither has it sought to establish the sites uncovered by archeology as “monuments” as opposed to other monuments highlighted by other neighbouring cultures. This situation can be explained by the way in which the group perceives its link to the past and build its memory, and by the difficulty in forming a common “heritage” in a society organized on a family basis, one which finds itself reproduced according to a factionalist logic, but also through the will of its young leaders to record their history in other “monuments” to affirm their presence in Guyanese history, thus resulting in its being common.
Comptes rendus / Reviews
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Anne Marie Lane Jonah and Chantal Véchambre. French Taste in Atlantic Canada 1604 -1758: A Gastronomic History. (Sydney, NS: 2012, Cape Breton University Press. Pp. vii +251, ISBN 978-1-897009-77-2.)
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Anna Kearney Guigné. Maud Karpeles (1885-1976): A Retrospective of Her Newfoundland Fieldwork 1929, 1930. (St. John’s, NL: 2012, Research Centre for Music Media and Place, Memorial University in association with the International Council for Traditional Music. Pp. 18. http://www.mun.ca/mmap/publications/karpeles/)
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W. F. H Nicolaisen and James Moreira, eds. The Ballad and the Folklorist: The Collected Papers of David Buchan. (St. John’s, NL: 2013, Memorial University of Newfoundland Folklore and Language Publications. Pp. 474, ISBN 978-0-88901-433-6.)
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Eveline MacLeod and Daniel MacInnes. Celtic Threads: A Journey in Cape Breton. (Sydney, NS: 2014, Cape Breton University Press. Pp. 120. ISBN 978-1897009796).
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Sharon Bohn Gmelch and George Gmelch. Irish Travellers: The Unsettled Life. (Bloomington, IN: 2014, Indiana University Press. Pp. 220, ISBN 978-0-253-01453-5.)
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Lisa Gabbert. Winter Carnival in a Western Town: Identity, Change, and the Good of the Community. (Logan, UT: 2011, Utah State University. Pp. xiv + 257, index, ISBN 978-0874218-29-9.)
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June Skinner Sawyers. Bearing the People Away. (Sydney, NS: 2013, Cape Breton University Press. Pg 317. ISBN:978-1-927492-59-8)
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Pauline Greenhill and Diane Tye (eds.). Unsettling Assumptions: Tradition, Gender, Drag. (Boulder, CO: 2014, University Press of Colorado and Utah State University Press. Pg. 260. ISBN: 978-0-87421-897-8)
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Matériaux filmiques pour l’étude des expositions. Notes sur une séance de la rétrospective Shirley Clarke (Paris, 21/09/2013)
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Michelle Landry. L’Acadie politique. Histoire sociopolitique de l’Acadie du Nouveau-Brunswick. (Québec, Presses de l’Université Laval, 2015, Pp. 170. Coll. « Langues officielles et sociétés ». ISBN 978-2-7637-2340-2)