FR :
Parmi les modifications corporelles existantes, les pratiques transcapacitaires, qui se définissent par le besoin, chez des personnes en situation de non-handicap, de transformer leur corps en vue d’acquérir un déficit physique/handicap (cécité, amputation, etc.), demeurent méconnues et controversées. Cet article se penche sur les pratiques des femmes transcapacitaires et les réactions négatives qu’elles suscitent, fondées sur des structures capacitistes, sexistes, hétéronormatives et classistes. À partir d’une approche intersectionnelle, nous soutenons que les catégories de sexe/genre, de sexualité et de classes se fondent sur un capacitisme, car leur construction est liée à certains codes (manière de bouger, de parler, etc.) présupposant des corps non handicapés. Sous cet angle, il est possible de penser que les réalités transcapacitaires suscitent des résistances puisqu’elles mettent au défi les normes capacitistes, mais également parce que ces transformations représentent une transgression des normes de sexe/genre, de sexualité et de classes dominantes. En se positionnant dans une situation de handicap, les femmes transcapacitaires et leurs pratiques « extrêmes » risquent davantage d’être dégenrées, désexualisées et marginalisées économiquement et socialement. Ces critiques des systèmes d’oppression sont l’occasion de (re)penser les solidarités entre les études et les mouvements féministes, queers, anticapacitistes et anticlassistes, tout en formulant une réponse respectueuse envers les revendications transcapacitaires.
EN :
Among existing forms of body modification, transabled practices, defined as the need of a non-disabled person to transform his/her body to acquire a physical impairment/disability (blindness, amputation, etc.), remain controversial and little known. This article examines the practices of transabled women and the negative reactions founded on ableist, sexist, heteronormative, and classist structures they elicit. From an intersectional approach, we argue that the categories of sex/gender, sexuality, and class are grounded in ableism because their construction is linked to certain codes (ways of moving, speaking, etc.) that assume a non-disabled body. From this perspective, it is possible that transabled realities elicit resistance not only because they challenge ableist norms, but because these transformations represent transgressions of sex/gender, sexuality, and dominant class norms as well. Through the « extreme » transformation of becoming disabled, transabled women run a greater risk of being degendered, desexualized, and economically and socially marginalized. Analysis of these oppressive systems is an opportunity to (re)think solidarities among feminist, queer, anti-ableist, and anti-classist studies and movements while formulating a respectful response to transabled claims.