Volume 43, Number 2, 2019 Services publics : l'État face au commun Public Services: The State en the Face of the Common Servicios públicos: el Estado frente al común Guest-edited by Caroline Hervé and Ghislaine Gallenga
Table of contents (24 articles)
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Présentation : Services publics : l’État face au commun
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Ethnographie d’une mobilisation pour l’eau, bien commun dans les Alpes italiennes : entre ethnicité, tradition et altermondialisme
Melissa Blanchard
pp. 23–46
AbstractFR:
En 2011, un référendum d’initiative populaire contre la privatisation de l’eau s’est tenu en Italie. Sur tout le territoire national, des mouvements sociaux ont été à l’origine d’actions organisées pour sensibiliser la population à l’importance d’inscrire l’eau dans la sphère du commun. À partir d’une recherche ethnographique menée en 2011 sur la mobilisation dans la région alpine du Trentin, cet article se donne deux objectifs. D’une part, il examine la façon dont le discours sur l’eau, bien commun a été élaboré, en conjuguant trois arguments différents : la crise du néolibéralisme, la tradition alpine des biens communs et les luttes sociales des peuples andins. Il informe donc sur les dynamiques de « globalisation de l’ethnicité » dans nos sociétés contemporaines. D’autre part, il analyse comment le discours développé au sein de la mobilisation italienne pour l’eau, bien commun remet en question les transformations récentes du service public et propose une refonte de celui-ci. Le service public devrait dès lors inclure à la fois le bien (commun) qu’il faut gérer, le service qu’il faut octroyer et de nouvelles formes de gouvernance basées sur la participation citoyenne.
EN:
In 2011, a referendum against the privatization of water was held in Italy. Throughout the country, social movements organized actions to raise public awareness on the importance to consider water as a common resource. Based on an ethnographic research I carried out in 2011 on the social mobilization in the Alpine region of Trentine, this article has two aims. The first is to examine how the discourse on water as a common resource has been elaborated, combining three different arguments: the crisis of neoliberalism, the Alpine tradition of the common goods and the social struggles of Andean peoples. It therefore tackles the “globalization of ethnicity” in our contemporary societies. The second is to analyze how the discourse developed within the Italian mobilization for water as a common resource questions the recent transformations of the public service and proposes to rethink it. Public service should therefore include the (common) resource to be managed, the service to be provided and new forms of governance based on citizen participation.
ES:
En 2011 un referéndum de iniciativa popular contra la privatización del agua tuvo lugar en Italia. Por todo el territorio nacional los movimientos sociales provocaron acciones organizadas para sensibilizar a la población de la importancia de incluir el agua en la esfera del bien común. A partir de una investigación etnográfica realizada en 2011 sobre la movilización en la región alpina de Trentino, este artículo se propone dos objetivos. Por una parte analizar la manera en que el discurso sobre el agua en tanto que bien común ha sido elaborado, conjugando tres argumentos diferentes: la crisis del neoliberalismo, la tradición alpina de los bienes comunes y las luchas sociales de los pueblos andinos. Muestra las dinámicas de «globalización de la etnicidad» en nuestras sociedades contemporáneas. Por otra parte, se analiza como el discurso desarrollado en el seno de la movilización italiana por el agua, el bien común cuestiona las transformaciones recientes de los servicios públicos y propone su reformulación. El servicio público deberá de ahora en adelante incluir tanto el bien (común) que es necesario gestionar, el servicio que se debe prestar y las nuevas formas de gobernanza basadas en la participación ciudadana.
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Une présence spectrale : l’insaisissable État d’Ouzbékistan
Jesko Schmoller
pp. 47–66
AbstractFR:
Cet article porte sur l’image de l’État enOuzbékistan, telle qu’elle se dessine dans lesinteractions entre les citoyens ordinaires et les représentantsde l’État et telle qu’elle façonne celles-cien retour. Évoquant le service public, l’auteursuggère que nous pourrions considérerl’Ouzbékistan comme un État insaisissable, dont lecaractère fuyant se laisse percevoir dans le sentiment quel’État s’est éloigné de la populationet se reflète dans le comportement souvent exigeant desfonctionnaires autant que dans l’attitude implorante que prennentles gens qui s’adressent à l’État. Ceux quidécident de faire carrière dans le service public doiventd’abord franchir la distance entre l’État et lasociété, qui est surtout de nature temporelle.Après s’être assimilés à leur nouvelenvironnement, ils peuvent commencer à récolter leursrécompenses par des moyens illégaux.
EN:
This text discusses the image of the state in Uzbekistan, as it emergesfrom and shapes interactions between common citizens andrepresentatives of the state. In regard to the public service, theauthor suggests we best imagine Uzbekistan as an elusive state. Thiselusiveness becomes apparent through a sense of removal of the statefrom the population and is mirrored in the often demanding behaviour ofpublic servants together with the petitioning posture assumed by peoplewho are turning to the state. Those who decide to make a career withinthe state must first overcome the distance between state and society,which is mainly of a temporal nature. Having assimilated to their newenvironment, they can begin to harvest their reward by using illegalmeans.
ES:
Este artículo aborda la imagen del Estado de Uzbekistán,tal y como se presenta en las interacciones entre los ciudadanosordinarios y los representantes del Estado y cómo ella moldea aéste a su vez. Evocando al servicio público, el autorsugiere que considerar el Uzbekistán como un estado inasible,cuyo carácter esquivo se percibe en el sentimiento que el Estadose ha alejado de la población y se refleja en el comportamientocon frecuencia exigente de los funcionarios así como en laactitud implorante que adoptan las gentes que se dirigen al Estado.Quienes deciden de hacer carrera en la función públicadeben primero superar la distancia entre el Estado y la sociedad, quees esencialmente de naturaleza temporal. Después de haberseasimilado al nuevo entorno, pueden comenzar a cosechar susgratificaciones por medios ilegales.
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Perspectives d’acteurs sur le bien commun éducatif : L’État, les lycéens et les pratiques éducatives à Yogyakarta (Indonésie)
Jean-Marc de Grave
pp. 67–90
AbstractFR:
Définir un objectif commun d’éducation du point devue d’un État n’apparaît pas comme unetâche insurmontable dans la mesure où lesénoncés restent larges et approximatifs. Pourtant, ladiachronie indonésienne révèle — au fil dela succession des classes sociales dominantes — qu’àla suite de trois générations seulement, lesdéfinitions du bien commun de l’éducation ontété fortement modifiées. Sur cette base, lesrésultats de l’enquête de terrainprésentés ici donnent la parole aux lycéens, maisaussi aux autres acteurs locaux. Il en ressort l’expressiond’un certain malaise social vis-à-vis du devenir duservice public de l’éducation. Le parcours dulycéen se présente en effet bien plus en termes destratégie qu’en termes d’apprentissage àproprement parler. Les politiques gouvernementales tententd’imposer un système individualisant dans un contextenettement dominé par la cohésion collective,conférant de fait un caractère contradictoire auxinjonctions données aux élèves, suivant lesdifférents systèmes de valeurs auxquels ils sontamenés à se référer. Le processus decompétitivité réciproque dans lequel se trouventimpliqués ces systèmes empêche finalementl’État de pouvoir définir une orientationconsensuelle de l’intérêt général dubien commun de l’éducation.
EN:
To define a common goal for education from the State point of view doesnot seem to be an overwhelming task insofar as the statements remainbroad and approximate. However, Indonesian diachrony reveals—overthe succession of dominant social classes—that after only threegenerations the definitions of educational objectives have been greatlyaltered. On this basis, the results of the field survey presented heregive the floor to high school students, but also to other local actors.This reflects the expression of a certain social malaise with regard tothe future of the public educational service. The uphill battle of thehigh school student appears to be much more in terms of strategic termsthan in terms of learning properly speaking. Government policies try toimpose an individualizing system in a context clearly dominated bycollective cohesion, thus giving a contradictory character to theinjunctions given to students according to the different value systemsto which they are confronted to. The process of reciprocalcompetitiveness involving these systems finally prevents the State frombeing able to define a consensual orientation as to the generalinterest relating to the common of education.
ES:
Resumen: Definir un objetivo común para la educacióndesde el punto de vista de un Estado no parece una tarea imposible enla medida en que los enunciados sean amplios y aproximativos. Sinembargo, la Indonesia draconiana muestra -en el curso de lasucesión de las clases dominantes- que después de tresgeneraciones solamente, las definiciones del bien comúneducativo han sido fuertemente modificadas. Sobre esta base, losresultados de una investigación de campo que aquí sepresentan ceden la palabra a los estudiantes de secundaria asi como aotros actores locales. Aparece la expresión de un ciertomalestar frente al futuro del servicio público de laeducación. La trayectoria del estudiante de secundaria sepresenta efectivamente más bien en términos de estrategiaque en términos de aprendizaje propiamente dicho. Laspolíticas gubernamentales tratan de imponer un sistemaindividualisante en un contexto claramente dominado por lacohesión colectiva, confiriendo un caráctercontradictorio a las instrucciones que se dan a los alumnos, de acuerdocon los diferentes valores a los cuales deben referirse. El proceso decompetitividad recíproca en el cual se encuentran implicadosdichos sistemas impide finalmente al Estado de poder definir unaorientación consensuada del interés común ligadoal bien común de la educación.
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Courir après le bien commun : autochtonie et politiques publiques dans le baseball scolaire taïwanais
Jérôme Soldani
pp. 91–109
AbstractFR:
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Parti nationalistechinois (Kuomintang) prend le contrôle de Taïwan avant des’y replier durablement à partir de 1949. Sonadministration se glisse dans les structures établies par legouvernement colonial japonais (1895–1945) et les institutionstelles que l’école s’inscrivent désormaisdans le service public de la République de Chine. Les pratiquessportives sont inscrites dans l’éducation publique et sontenvisagées comme des leviers de l’intégration despopulations locales au dispositif colonial, principalement cellesd’origine austronésienne. Les performances des jeunesathlètes austronésiens, notamment dans les tournoisinternationaux, sont autant de pierres apportées àl’édification d’un État pluriethniquedominé par la majorité chinoise han. Dans cettecontribution, il sera question d’observer et d’analysercomment les Austronésiens formosans, qui disposent depuis 1994du statut d’Autochtones, détournent et seréapproprient les pratiques sportives dans le cadre du servicepublic de l’éducation — sport etéducation étant ici compris comme faisant partie du biencommun — pour négocier leur position au sein del’État taïwanais et faire face aux politiquesassimilatrices du pouvoir central. Comment se sont historiquementstructurés des rapports de force et de domination entre lespopulations austronésiennes de Taïwan et lesautorités centrales, notamment à travers le sport ?En quoi les stéréotypes, moraux et physiques, quicaractérisent négativement les athlètesautochtones sont-ils devenus un levier de leurs revendications ?En quoi la réappropriation des sports par les Autochtonesest-elle une forme d’accession au bien commun et un vecteur de lareproduction des sociétés austronésiennes au seind’un espace public dans lequel elles sontgénéralement marginalisées ?
EN:
In the aftermath of the Second World War, the Chinese Nationalist Party(Kuomintang) took control of Taiwan, before falling back therepermanently from 1949. Its administration slipped into the structuresestablished by the Japanese colonial government (1895–1945) andinstitutions such as schools are now a part of the public service ofthe Republic of China. Sports practices are included in publiceducation and are considered as levers for the integration of the localpopulations in the colonial system, mainly those of Austronesianorigin. The performances of young Austronesian athletes, especially ininternational tournaments, are stones in the construction of amultiethnic state dominated by the Han-Chinese majority. In thiscontribution, it will be a question of observing and analyzing how theAustronesians Formosans, who have the status of Indigenous since 1994,divert and reclaim sports practices within the framework of the publiceducational service—sport and education being understood here aspart of the common good—to negotiate their position in theTaiwanese state and face the assimilative policies of the centralgovernment. How relations of power and domination has been historicallyframed between Austronesian peoples of Taiwan and the centralauthorities, especially through sport? How the moral and physicalstereotypes which have negatively characterized Indigenous athletesbecame a lever for their claims? In what way is the re-appropriation ofsports by Indigenous people a form of access to the common good and avector of the reproduction of Austronesian societies within a publicspace in which they are generally marginalized?
ES:
Tras la Segunda Guerra mundial, el Partido nacionalista chino(Kuomintang) tomó el control de Taiwán antes de retirarsecompletamente a partir de 1949. Su administración sedeslizó en estructuras establecidas por el gobiernojaponés (1895–1945) y las instituciones como la escuelafueron inscritas en la educación pública y vistas comomecanismos de integración social de las poblaciones locales aldispositivo colonial, principalmente aquellas de origen austronesio.Los resultados de los jóvenes atletas austronesios,principalmente en los torneos internacionales, se convirtieron en lasbases para la edificación de un Estado pluriétnicodominado por la mayoría china Han. En este artículotratamos de observar y analizar cómo los austronesios deFormosa, que poseen un estatus de autóctonos desde 1994,desvían y recuperan las prácticas deportivas en el cuadrodel servicio público educativo -aquí asumimos que deportey educación forman parte del bien común- con el fin denegociar su posición en el seno del Estado taiwanés yhacer frente a las políticas asimiladoras del poder central.¿Cómo se han estructurado históricamente lasrelaciones de fuerza y de dominio entre las poblaciones austronesias deTaiwán y las autoridades centrales, principalmente através del deporte? ¿Qué estereotipos morales yfísicos que caracterizan negativamente a los atletasautóctonos se han convertido en mecanismos dereivindación? ¿Cómo la reapropiación deldeporte por los Autóctonos es una forma de ascenso al biencomún y un vector de la reproducción de las sociedadesaustronesias en el seno del espacio público en el cual seencuentran marginalizadas?
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Invoquer les communs : migrants mayas et quartiers informels de squatteurs au Mexique
Bianet Castellanos
pp. 111–130
AbstractFR:
La Riviera Maya, au Mexique, est devenue le terrain de jeu des riches et des célébrités. Le passage du tourisme de masse aux boutiques haut de gamme et au tourisme élitiste a provoqué un vaste développement le long de cet axe. À côté de ce paradis se trouvent des bidonvilles sans eau courante ni électricité. L’explosion du prix de l’immobilier et l’érosion des communs rendent les choses difficiles pour les travailleurs émigrés, la plupart étant Autochtones et travaillant dans l’industrie touristique pour pouvoir acquérir une terre et un logement. Cet article examine le cas des migrants mayas qui vivent dans une colonia de squatteurs, la Colonia Mario Villanueva. Squatter est, depuis longtemps, une pratique qui permet d’accéder à la terre. Pourtant, les squatteurs sont confrontés à des menaces constantes d’expulsion de la part des propriétaires fonciers et de l’État qui leur refusent l’accès aux services publics de base comme l’eau courante, l’électricité et les routes goudronnées. Malgré les épreuves et le manque de services publics, les migrants mayas considèrent leur lutte pour le logement comme enracinée dans les pratiques foncières communautaires autochtones et comme une forme de résistance contre l’État et le capital mondial. Cette étude de cas illustre la manière dont le concept de « communs » est invoqué dans un milieu urbain où la propriété privée est enchevêtrée avec la diminution du soutien que l’État apporte à un régime foncier communautaire et aux services publics.
EN:
The Riviera Maya of Mexico has become the playground for the rich and famous. The shift from mass tourism toward boutique and elite tourism has spurred expansive development along this corridor. Alongside paradise, one can find poor shantytowns without running water and electricity. Skyrocketing land prices and the erosion of the commons have made it difficult for migrant workers, many of whom are indigenous and work in the tourism industry, to purchase land or housing. This article examines the case of Maya migrants living in the squatter settlement, Colonia Mario Villanueva. Squatting has long been a practice by which to gain access to land. Yet, squatters face constant threats of eviction by landowners and the state who deny them access to basic public services like running water, electricity, and paved roads. Despite these hardships and lack of public services, Maya migrants perceive their struggle for housing as rooted in communal indigenous land tenure practises and as a form of resistance to the state and global capital. This case study illustrates how the concept of the commons is invoked in an urban setting where private property is entangled with diminishing state support for communal land tenure and public services.
ES:
La Riviera Maya en México, se ha convertido en un terreno de juego para gente rica y célebre. El paso del turismo de masa a las tiendas de lujo y el turismo elitista han provocado un vasto desarrollo a lo largo de este eje. Al lado de este paraíso se encuentran ciudades perdidas sin agua corriente ni electricidad. La explosión del precio de los terrenos y la erosión de los comunes han vuelto las cosas muy difíciles para los trabajadores emigrantes quienes en su mayoría son autóctonos y trabajan en la industria turística con el fin de adquirir un terreno y una vivienda. Este artículo examina el caso de los migrantes mayas que viven en un terreno invadido en la colonia Mario Villanueva. Invadir es, desde hace mucho tiempo, una práctica que permite acceder a la tierra. Los invasores se confrontan con amenazas constantes de expulsión de la parte de los propietarios de los terrenos invadidos y del Estado, quienes les rechazan el acceso a los servicios públicos de base como el agua corriente, la electricidad y las calles pavimentadas. A pesar de las dificultades y la falta de servicios públicos, los migrantes mayas consideran que su lucha por la vivienda está enraizada en las prácticas del régimen de tierras comunitario autóctono y como una forma de resistencia contra el Estado y contra el capital global. Este estudio de caso ilustra la manera en que el concepto de «común» es invocado en un medio urbano en donde la propiedad privada está enredada con la disminución del apoyo del Estado en favor de un régimen de propiedad comunitario y de servicios del Estado.
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Services publics et autonomie chez les Inuit du Nunavik (Arctique québécois) : perspectives ontologiques sur la gouverne des communs sociaux
Caroline Hervé
pp. 131–151
AbstractFR:
Les Inuit du Nunavik (Arctique québécois)réclament aux gouvernements du Québec et du Canada plusd’infrastructures locales et plus de logements sociaux pourenrayer le problème de surpeuplement dans leurs villages. Ilsdemandent plus de services sociaux et de soutien psychologique pour lesaccompagner sur la voie de la guérison individuelle etcollective. Au même moment, ils tentent de sortir de ladépendance par rapport à ces gouvernements et de cheminerjusqu’à l’autonomie politique. Cet article explorecette ambigüité entre services publics et autonomie dans lavie politique du Nunavik. Par le moyen d’une analyse desrelations entre les Inuit et les gouvernements, il propose d’encerner les racines historiques et les manifestations contemporaines. Ils’intéresse enfin à la façon dont le conceptde « commun » s’articule avec le politique.
EN:
The Inuit living in Arctic Quebec ask to the Quebec and Canadiangovernments for more local infrastructures and more social housing tocurb the housing crisis in their villages. They ask for more socialservices and more psychological support to foster individual andcollective healing. At the same time, they try to escape from theirdependency to the governments and build their political autonomy. Thisarticle explores this ambiguity between public services and autonomy inNunavik political life. Through an analysis of the relationshipsbetween Inuit and governments, it proposes to understand its historicalroots and its contemporary expressions. It also focuses on the conceptof “common” and how it is articulated to the politics.
ES:
Los Inuit de Nunavik (Ártico quebequense) reclaman al gobiernode Quebec y de Canadá más de infraestructuras locales ymás de vivienda social para resolver el problema desobrepoblación de sus pueblos. Demandes más serviciossociales, de apoyo sicológico para acompañar en lavía de la curación individual y colectiva. Al mismotiempo tratan de salir de la dependencia de dichos gobiernos yencaminarse hacia la autonomía política. Esteartículo explora esta ambigüedad entre serviciospúblicos y autonomía en la vida política deNunavik. A través de un análisis de las relaciones entreInuit y los gobiernos, nos proponemos identificar las raíceshistóricas y las manifestaciones contemporáneas. Nosinteresamos a la manera en que el concepto de«común» se articula con lo político.
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Le commun contre l’État-nation ? Démocratie sociale et institution du politique
Stéphane Vibert and Éric Martin
pp. 153–170
AbstractFR:
La proposition d’un « commun » multidimensionnel, qui comprend à la fois des pratiques collectives, des décisions politiques et des réflexions théoriques, souhaite dégager une « troisième voie », à distance tant du marché que de l’État, qui, dans la perspective de ses promoteurs, permettrait de restaurer une démocratie radicale, synonyme d’autogouvernement et d’extension des droits d’usage collectif. Cette contribution vise à remettre en question les soubassements théoriques et la viabilité pratique de cette « sociopolitique du commun » (proposée notamment dans l’ouvrage de Dardot et Laval, Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle), qui érige l’auto-institution en dispositif universel de la praxis associative afin de contourner les difficultés à assurer un « service public » sans recourir aux mécanismes institutionnels d’un État perçu comme vecteur de domination centralisée. À trop insister sur le « faire société » pragmatique au détriment de tout « être institué » considéré essentialiste, cette anthropologie philosophique encourt le risque de manquer le « bien commun » imaginaire et symbolique inhérent à toute communauté concrète.
EN:
The idea of a multidimensional “common,” which includes collective practices, political decisions and theoretical reflections, seeks to establish a “third way,” distinct from both the market and the State; according to its promoters, it would restore a radical democracy, synonymous with self-government and the extension of collective rights of use. This contribution aims to examine the theoretical underpinnings and practical viability of this “sociopolitics of the common” (proposed in particular in the work of Dardot and Laval, Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle), which establishes the self-institution as a universal device of associative praxis, in order to circumvent the difficulties of ensuring a “public service” without recourse to the institutional mechanisms of the State, perceived as a vector of centralized domination. Excessive insistence on the pragmatic construction of collectives misses the importance of “instituted” forms, which are considered essentialist. This philosophical anthropology then runs the risk of missing the imaginary and symbolic “common good” inherent to any concrete community.
ES:
La proposición de un «común» multidimensional que comprenda tanto a las prácticas colectivas, las decisiones políticas y las reflexiones teóricas, busca identificar un « tercer camino » distante tanto del mercado que del Estado y que, desde la perspectiva de sus promotores, permitiría restaurar una democracia radical, sinónimo de autogobierno y de extensión de los derechos de utilización colectiva. Esta contribución busca cuestionar las bases teóricas y la viabilidad práctica de esta « sociopolítica del común » (principalmente propuesta en la obra de Dardot y Laval, Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle), que erige la auto-institución como dispositivo universal de la praxis asociativa, con la finalidad de superar las dificultades que conlleva asegurar un « servicio público » sin recurrir a los mecanismos institucionales de un Estado percibido como vector de dominación centralizada. Insistir demasiado en « construir una sociedad » pragmática en detrimento de todo lo « instituido » considerado esencialista, esta antropología filosófica corre pues el riesgo de pasar por alto el « bien común » imaginario y simbólico inherente a toda comunidad concreta.
Entretien / Interview / Entrevista
Hors thème / Off Theme / Al margen
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« À la douche ! » : représentations de la propreté et prise en charge des sans-logis
Yann Benoist
pp. 181–199
AbstractFR:
À partir de recherches ethnographiques réalisées en région parisienne, cet article interroge les relations entre les sans-logis et les personnes qui les prennent en charge. Ces dernières ont tendance à classer les sans-logis en fonction de critères hygiénistes. Plus elles les perçoivent comme « sales », plus elles les définissent comme « clochards » et moins elles estiment qu’ils ont de chances d’être « guéris » ou « réinsérés ». Mais ces conceptions ne renvoient pas qu’au souci du respect des normes sanitaires. Les jugements portés sur la saleté vont au-delà des considérations hygiénistes et sont liés au symbolisme du pur et de l’impur. L’objectif de cet article est de montrer que l’incapacité à trouver une place aux sans-logis dans nos systèmes classificatoires nous conduit à les considérer comme impurs et à ne les voir que comme une figure de l’altérité.
EN:
Based on ethnographic work conducted in the Paris area, this paper takes a look at the relationship between homeless people and those who take care of them. There is a tendency by the latter to label homeless people according to hygiene criteria. The more they see them as “dirty,” the more they label them as “bums” and the less they think they stand chances to be “cured” or “rehabilitaded.” But such conceptions do not only call back to sanitary norms. The value judgments regarding dirt go beyond matters of hygiene and are linked to symbols of purity and impurity. The aim of this paper is to show that the inability to find a place for homeless people in our classificatory systems leads us to see them as impure and to only see them as a figure of otherness.
ES:
A partir de etnografías realizadas en la región parisina, este artículo interroga las relaciones entre los indigentes y las personas que les brindan atención. Estas últimas tienen la tendencia a clasificar a los indigentes en función de ciertas normas higienistas. Entre más son percibidos como «sucios» más son definidos como «vagabundos» y piensan que tienen menos oportunidades de ser «curados» o «rehabilitados». Estas concepciones no solamente nos remiten a una preocupación por el respeto de las normas sanitarias. Los juicios sobre la suciedad van más allá de las consideraciones higienistas y están ligados a un simbolismo de lo puro y de lo impuro. El objetivo de este artículo es mostrar que la incapacidad a darle un lugar a las personas sin hogar en nuestros sistemas clasificatorios nos lleva a considerarlos como impuros y a no verlos sino como una figura de la alteridad.
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Politiques publiques et intimité face à la maladie grave : situer le rôle des proches aidants en Suisse
Yannis Papadaniel and Marc-Antoine Berthod
pp. 201–219
AbstractFR:
Ce texte traite de l’emprise que peuvent avoir — ou non — les politiques publiques sur l’engagement des proches auprès de membres de la famille gravement malades, tout particulièrement les conjoints. Lors d’une enquête anthropologique menée en Suisse romande (francophone) entre 2012 et 2016, nous avons cherché à comprendre comment ces derniers parvenaient à articuler travail, famille et accompagnement et, par conséquent, à endosser le rôle de proche aidant promu par les services de santé publique. Sur la base des trente-neuf situations d’aide informelle en fin de vie que nous avons documentées, nous montrons — en nous appuyant concrètement, ici, sur cinq d’entre elles — que les individus situés en première ligne se retrouvent affectés à un espace intime où le partage est parfois difficile, voire impossible. Ce repli dans l’intimité ne participe pas nécessairement à une quelconque construction de soi ni à un renforcement positif des liens affectifs. Il amplifie au contraire les doutes et incertitudes sur l’évolution de la maladie et l’avenir des relations ; ce repli confine les proches aidants dans un espace où les questionnements ne trouvent pas de réponse. Dans cette perspective, les différences de trajectoire et de destin entre le malade et les proches se révèlent dans ce qui peut être partagé et ce qui doit être tu. La sphère intime peut dès lors s’apparenter à une zone d’inconfort susceptible de mettre ces proches en porte-à-faux avec les programmes de politiques publiques qui cherchent à mieux les soutenir et, simultanément, à les mobiliser pour répondre aux défis du vieillissement de la population et à la chronicisation des maladies.
EN:
This text explores the role public policies play—or not—in the commitment relatives show to supporting their severely ill family members, especially spouses. During an anthropological study conducted in the French-speaking part of Switzerland between 2012 and 2016, we aimed to understand how the former dealt with the interconnection of work, family and care; and, consequently, take on the role of “family caregiver” that is promoted by public health systems. Based on thirty-nine end-of-life situations that we documented, where informal care was provided, we show—referring concretely here to five of them—that the individuals on the frontline are assigned to an intimate space where sharing is challenging, at times even impossible. This withdrawal into intimacy does not contribute to any construction of the self nor to any positive reinforcement of affective bonds. On the contrary, it amplifies doubts and uncertainties regarding the development of the illness and the future of the relations; this withdrawal confines these “family caregivers” to a space where questioning finds no answers. From this point of view, the differences of trajectories and destinies between the sick person and the relatives are to be seen in the interstices of what can be shared and what has to be silenced. The intimate sphere appears then as a zone of discomfort, that can place these relatives at odds with public health programs that strive to better support them and, simultaneously, to mobilize them to face the challenges posed by an aging population and the chronicization of illnesses.
ES:
Este artículo aborda la influencia que pueden tener -o no- las políticas públicas sobre el compromiso de los familiares ante los miembros de la familia gravemente enfermos, en particular los cónyuges. Durante una encuesta antropológica realiza en Suiza romanda (francófona) entre 2012 y 2016, tratamos de comprender cómo estos últimos lograban articular trabajo, familia y acompañamiento y, consecuentemente, asumir el rol de «cuidador familiar» promovido por los dispositivos de salud pública. Sobre la base de treinta y nueve situaciones de ayuda informal durante la agonía que documentamos, mostramos -apoyándonos concretamente en cinco casos- que los individuos situados en primera línea se hayan asignados a un espacio íntimo en donde compartir es a veces difícil y muchas veces imposible. Este repliegue en la intimidad no forma parte necesariamente de alguna construcción de sí-mismo ni a de un refuerzo positivo de las relaciones afectivas. Por lo contrario, amplifica las dudas y las incertitudes sobre la evolución de la enfermedad y el futuro de las relaciones: este repliegue los confina en un espacio en donde los cuestionamientos no encuentran respuestas. Desde esa perspectiva, las diferencias de las trayectorias y los destinos entre el enfermo y sus familiares se revelan en los intersticios entre lo que puede ser compartido y lo que se debe callar. La esfera de lo íntimo puede, así pues, semejarse a una zona de incomodidad susceptible de situar a los familiares en un saledizo con los programas de políticas públicas que buscan sostenerlos más adecuadamente y, simultáneamente, movilizarlos para responder a los retos que conlleva el envejecimiento de la población y las enfermedades crónicas.
Comptes rendus / Book Reviews / Reseñas
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Hervé Caroline, 2015, Le pouvoir vient d’ailleurs. Leadership et coopération chez les Inuits du Nunavik. Québec, Les Presses de l’Université Laval, coll. Mondes autochtones, 458 p., illustr., bibliogr.
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Harvey Penny et Hannah Knox, 2015, Roads. An Anthropology of Infrastructure and Expertise. Ithaca (New York), Cornell University Press, 264 p., illustr., cartes, tabl., bibliogr., index.
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Pellegrin Nicole, 2017, Voiles. Une histoire du Moyen Âge à Vatican II. Paris, CNRS Éditions, 416 p., illustr., bibliogr.
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Bonhomme Julien et Julien Bondaz, 2017, L’offrande de la mort. Une rumeur au Sénégal. Paris, CNRS Éditions, 286 p., bibliogr.
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Labrecque Marie France, 2016, La migration saisonnière des Mayas du Yucatán au Canada. La dialectique de la mobilité. Québec, Les Presses de l’Université Laval, coll. Nord-Sud, 458 p., cartes, bibliogr., ann.
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Brooks James F., 2018, Awat’ovi. L’histoire et les fantômes du passé en pays hopi, traduit de l’anglais par F. Olivié. Toulouse, Éditions Anacharsis, coll. Essais, série Histoire, 304 p., bibliogr., illustr., carte, relevés.
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Gnaba Abdu, 2016, Bricole-moi un mouton. Le voyage d’un anthropologue au pays des bricoleurs. Paris, L’Harmattan, coll. Horizons anthropologiques, 266 p., bibliogr.
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