William W. Fitzhugh
p. 27–60
Notice
Résumé
À la fin des années 1970, deux grands programmes multidisciplinaires devant durer plusieurs années ont été lancés le long des côtes du nord du Labrador et de l’Ungava au nord du Québec. Tous deux envisageaient un nouveau modèle d’archéologie arctique alliant l’archéologie, l’ethnographie, les études environnementales, les sciences de la Terre et l’informatique. Le programme de recherche Tuvaaluk était dirigé par Patrick Plumet de l’Université du Québec à Montréal, et le projet archéologique Torngat, par William Fitzhugh de la Smithsonian Institution et Richard Jordan du Bryn Mawr College. Ces projets ont duré approximativement cinq ans et ont rassemblé des chercheurs et des étudiants de plusieurs institutions. Le projet Tuvaaluk se concentrait sur les cultures thuléennes et paléoesquimaudes, tandis que le projet archéologique Torngat incluait des recherches sur les cultures amérindiennes de l’Archaïque maritime et celles qui ont suivi, en plus des cultures paléoesquimaudes et inuit. Cet article passe en revue les projets Tuvaaluk et Torngat, et compare leurs objectifs, leurs méthodes, leurs résultats, les leçons qui en ont été tirées et l’influence qu’ils ont eue.
William W. Fitzhugh
p. 61–96
Notice
Résumé
À la fin des années 1970, deux grands programmes multidisciplinaires devant durer plusieurs années ont été lancés le long des côtes du nord du Labrador et de l’Ungava au nord du Québec. Tous deux envisageaient un nouveau modèle d’archéologie arctique alliant l’archéologie, l’ethnographie, les études environnementales, les sciences de la Terre et l’informatique. Le programme de recherche Tuvaaluk était dirigé par Patrick Plumet de l’Université du Québec à Montréal, et le projet archéologique Torngat, par William Fitzhugh de la Smithsonian Institution et Richard Jordan du Bryn Mawr College. Ces projets ont duré approximativement cinq ans et ont rassemblé des chercheurs et des étudiants de plusieurs institutions. Le projet Tuvaaluk se concentrait sur les cultures thuléennes et paléoesquimaudes, tandis que le projet archéologique Torngat incluait des recherches sur les cultures amérindiennes de l’Archaïque maritime et celles qui ont suivi, en plus des cultures paléoesquimaudes et inuit. Cet article passe en revue les projets Tuvaaluk et Torngat, et compare leurs objectifs, leurs méthodes, leurs résultats, les leçons qui en ont été tirées et l’influence qu’ils ont eue.
Jean-François Moreau
p. 97–116
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Résumé
De 1975 à 1982, sous l’égide de Patrick Plumet, alors professeur au Département des sciences de la Terre de l’Université du Québec à Montréal, a été réalisé le programme Tuvaaluk à partir d’une subvention substantielle du Conseil des Arts du Canada. Son principal objectif visait à contribuer à mieux connaître la préhistoire de l’Arctique québécois. Plumet préconisa de mettre au point une méthodologie d’analyse archéologique reposant fondamentalement sur le recours à l’informatique. Ce texte rappelle donc les grands enjeux d’une telle méthodologie alors que l’informatique en était principalement à une étape de machines dont la taille imposante ne correspondait ni à la vitesse ni à la capacité mémorielle aujourd’hui disponibles. Les ordinateurs de l’époque, alors gérés par des langages en voie d’élaboration, étaient manifestement peu efficaces. Précisons encore que cette période de réalisation du programme Tuvaaluk précédait les débuts de la commercialisation des micro-ordinateurs au cours des années 1980 qui eux-mêmes reposaient sur des logiciels déjà plus sophistiqués.
Murielle Nagy
p. 117–144
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Résumé
Cet article présente les résultats de 36 nouvelles datations au radiocarbone obtenues pour déterminer si les sites Pita (KcFr-5) et Ohituk (KcFr-3A) d’Ivujivik font partie de la période dite de transition entre le Prédorsétien et le Dorsétien, tel que conclu lors de recherches antérieures, ou représentent des occupations lors des périodes correspondant à ces deux cultures. En considérant ces datations et celles obtenues auparavant, il apparaît que ces sites furent effectivement occupés entre 800 et 400 av. J.-C. Toutefois, le site Pita a surtout été visité pendant la période prédorsétienne et une de ses datations est la plus ancienne obtenue jusqu’ici pour le Nunavik. Quant au site Ohituk, il fut aussi occupé pendant toute la période dorsétienne. Les datations des deux sites couvrant plus de trois millénaires, force est de constater que les vestiges archéologiques proviennent d’un palimpseste d’occupations et ne représentent pas une période de transition.
Claire Houmard
p. 145–172
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Résumé
Tayara est l’un des sites paléoesquimaux les plus renommés de l’Arctique de l’Est canadien. Suite aux fouilles de William E. Taylor Jr. en 1958, il a servi de référence pour définir le faciès Dorsétien ancien. L’étude de Taylor était basée sur la typologie des têtes de harpon, ainsi que sur les figurines humaines et animales découvertes, notamment le fameux petit masque. Fait assez exceptionnel pour l’Arctique de l’Est, le site de Tayara a livré plusieurs niveaux d’occupation superposés, parfois sur un mètre. Même si Taylor utilise Tayara comme référence pour le Dorsétien ancien, ce positionnement chronologique a toutefois fait l’objet de controverses au début du XXe siècle, incitant l’Institut culturel Avataq à entreprendre de nouvelles fouilles dans la partie centrale du site, près des tranchées 1, 2 et 3 de Taylor. Le présent article propose une étude typologique et technologique de l’industrie osseuse (ivoire, os et bois) issue des fouilles menées par Taylor (164 objets) et par l’Institut culturel Avataq (1090 pièces). Les niveaux II et III des fouilles récentes étant malheureusement des palimpsestes s’étalant sur 600 ans d’occupations, Tayara ne peut donc plus être considéré comme un site uniquement dorsétien ancien. Les niveaux 2 et 3 de Taylor semblent généralement comparables au niveau III et donc probablement datés du Prédorsétien récent alors que le niveau 1 et la couche appelée buried culture semblent plutôt associés au niveau II, donc au Dorsétien moyen. Les nouvelles datations par le radiocarbone confortent cette hypothèse.
Marie-Michelle Dionne
p. 173–203
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Résumé
La compréhension de la fonction réelle des outils retrouvés en contexte archéologique offre un accès privilégié aux modes de vie et aux organisations socioéconomiques du passé. La fonction peut être retracée grâce à l’analyse des dynamiques d’usure et des combinaisons diagnostiques de traces d’utilisation (tracéologie). La notion de fonction ne réfère pas seulement à ce à quoi un objet a servi, mais également au rôle qu’il a pu jouer au sein d’une organisation socioéconomique donnée, constituée de chaînes opératoires techniques. La fonction qu’occupe un outil au sein d’une chaîne opératoire est représentative de choix techniques appliqués dans le cadre d’un ensemble culturel, évoluant dans un contexte physique spécifique. La quête de la fonction exige non seulement la constitution d’une base de données des dynamiques d’usure réalisée en milieu contrôlé mais également des expérimentations ethnoarchéologiques. L’étude de la représentation matérielle de la chaîne opératoire de traitement des peaux sur trois sites paléoesquimaux du Nunavik, Pita (KcFr-5), Tivi Paningayak (KcFr-8A) et Tayara (KbFk-7), a permis d’interpréter et de comprendre la fonction réelle des catégories d’outils sélectionnées, pour finalement identifier des activités féminines dans la société dorsétienne et son économie.
Yves Labrèche
p. 205–231
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Résumé
Patrick Plumet et des archéologues de sa génération se sont intéressés au problème des relations interethniques entre les derniers Dorsétiens et les premiers Thuléens qui ont peuplé l’Arctique et le Labrador. Par la suite, quelques chercheurs ont mis en doute la contemporanéité des vestiges attribués à ces deux groupes, découverts dans les mêmes sites ou dans des localités voisines, croyant ainsi éliminer la possibilité qu’ils se soient côtoyés ou influencés. Plus récemment fut mise en doute l’existence même d’une présence thuléenne au Labrador avant l’arrivée des premiers Européens. En se basant principalement sur des sources écrites, l’auteur propose une relecture critique des interprétations relatives aux complexités interculturelles de la préhistoire récente du Nunavik et du Nunatsiavut.
Andréanne Couture, Najat Bhiry, James Woollett et Yves Monette
p. 233–258
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Résumé
Afin de documenter davantage la configuration interne de maisons multifamiliales inuit du Labrador et l’impact anthropique de leur occupation sur la matrice sédimentaire, une combinaison d’analyses micromorphologiques et géochimiques a été mise en oeuvre dans l’étude de trois habitations multifamiliales situées sur les sites archéologiques d’Oakes Bay-1 et d’Uivak Point 1. À l’issue des analyses, plusieurs indicateurs anthropiques associés à l’occupation inuit de ces maisons ont été identifiés. Notamment, la présence d’ossements et de matière organique carbonisés, ainsi que l’enrichissement en sodium, en phosphore organique et en baryum, suggèrent la concentration de résidus animaux et organiques pouvant avoir résulté d’activités de cuisine. La dispersion de plusieurs indicateurs anthropiques dans toutes les aires de la maison pourrait avoir été causée par des évènements de nettoyage ou des processus naturels postérieurs aux dépôts. Cette tendance à la dispersion a rendu impossible la détermination d’aires d’activités spécifiques dans les maisons multifamiliales étudiées, à l’exception du cas de la Maison 1 d’Oakes Bay-1. Toutefois, nos données confirment que l’occupation inuit d’Oakes Bay-1 et Uivak Point 1, malgré son caractère saisonnier et sporadique, a assurément eu un impact sur la matrice sédimentaire de ces deux sites archéologiques.
Pierre M. Desrosiers et Jrène Rahm
p. 259–283
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Résumé
Depuis 30 ans, le département d’archéologie de l’Institut culturel Avataq organise des écoles de fouilles suivant le mandat en éducation que lui ont confié les aînés du Nunavik. La vocation des écoles de fouilles a évolué, de sorte que l’expérience vécue par les jeunes est devenue un outil pour encourager leur scolarisation. Des activités connexes ont été progressivement utilisées pour améliorer le suivi avec les jeunes. Avec le projet Sivunitsatinnut ilinniapunga (« Pour notre futur, je vais à l’école »), nous avons tenté d’aller encore plus loin. Cet article présente les étapes de ce projet et analyse son impact en replaçant cette expérience dans la perspective de l’évolution des écoles de fouille au Nunavik. Cet exercice nous amène à discuter de la manière dont nous pouvons évaluer les résultats de cette initiative et améliorer son impact sur les jeunes en vue de développer une archéologie inuit et l’éducation dans le Nord.