EN :
At which level of analysis (descriptivist, empirical, epistemological), and along which perspective (sociological, linguistical, communicative), should we locate the distinctive criteria for the definition of translation? In other words, what are the necessary and sufficient conditions which constitute the object « translation,» exclusively this object and not any other object? This is the general question of this article. It will be developped in two steps. First, we shall try to demonstrate that the perspective adopted by translatology, in defining translation by its semantical and fonctional equivalence relation with a source text, is congenetically determined by the discursive exclusion of the theorisation of that which is the very condition of possibility of each translation: the disrupture and distancing by which humans structure their social relation. Consequently, it is by the critique of communication theory, where a large part of translatology has drawn its scientific foundations, that we can deliver sound arguments for the assessing of translation in the structure of social relations. A second step consists in the formulation of a working hypothesis: if translation may be caused by the social dialectics of distancing and negociation of meaning, it is not sufficiently specified by this logic. It could be hypothesized that translation finds its specificity in the hybridity of the linguistic referential relation it instaures with the mute universe to be conceptualized on the one hand, and with the source text to be reformulated on the other.
FR :
À quel niveau de l'analyse (descriptiviste, empirique, épistémologique) et selon quelle perspective (sociologique, communicationnelle, linguistique) faut-il situer les critères qui permettent de dégager la traduction comme un objet scientifiquement délimité ?Autrement dit, quelles sont les conditions nécessaires et suffisantes pour que se constitue l'objet « traduction », cet objet-là seulement et pas un autre? Telle est la question générale que pose cet article, et cela en deux temps. Il s'agira d'abord de démontrer que la voie suivie par la traductologie, qui définit la traduction par son rapport d'équivalence sémantique ou fonctionnelle à un texte de départ, a pour corrollaire idéologique et institutionnel l'exclusion discursive de la théorisation de ce qui est la condition de possibilité initiale de toute traduction : la rupture et la mise à distance par lesquelles l'humain structure sa relation sociale. C'est par la critique des théories de la communication, dans lesquelles la traductologie a cherché ses assises scientifiques, qu'un fondement épistémologique de la traduction dans la structure de la relation sociale devient possible. Dans un deuxième temps, on essaiera d'argumenter que la traduction, tout en étant structurée par une dialectique sociale, n'est pas suffisamment définie par cette dialectique qui dé- passe le seul domaine de la traduction interlinguale. Celle-ci reçoit son critère de spécificité par la nature hybride des relations référentielles qu'elle établit tant avec le monde à dire qu'avec le texte de départ à reformuler.