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Liée à notre espèce fabulatrice, la transmission des histoires de toujours qui innervent le présent, initialement assurée par l’oralité puis, en Occident, par l’écrit et ses interprètes autorisés à l’adresse de ses héritiers, se libère aujourd’hui des coteries pour investir les médias de la modernité en tirant parti de leurs potentialités, avec l’énergie vitale qui la conduisit jadis vers l’écrit où elle fut sanctuarisée.
Cette troisième ère de la culture se déploie en un espace-temps ouvert, le cyberespace, qui englobe jusqu’au public des déshérités à qui elle fait découvrir le plaisir de la lecture comme jeu, jusque-là réservé au seul Lecteur. Le patrimoine, lui-même bousculé par les pratiques de la transfictionnalité, se régénère dans des oeuvres multimodales qui repoussent les frontières de la légitimité culturelle.
La narration transmodale est-elle la forme esthétique d’une ère nouvelle de culture partagée ou bien, compte tenu des enjeux financiers, s’agit-il d’une usurpation, d’une « commercialisation » de l’enfance ? Dans un contexte où les valeurs et les références académiques sont, sinon contestées, au moins passablement chahutées, comment enseigner cette nouvelle littératie sans renoncer à la littérature ou s’enfermer dans de nouveaux académismes ?