Volume 37, numéro 2, automne 2012 Le suicide Sous la direction de Yves Lecomte
Sommaire (17 articles)
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37 ans plus tard : une aventure sous le signe d’un combat
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Survol rapide de la première phase de la revue
Éditorial
Dossier : Le suicide
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Épigénétique : un lien entre l’environnement et le génome
Benoit Labonté et Gustavo Turecki
p. 31–44
RésuméFR :
L’adversité au cours du jeune âge est connue pour augmenter le risque de développer des problèmes de santé mentale à l’âge adulte. Récemment, des mécanismes épigénétiques ont été identifiés comme représentant une interface sur laquelle l’environnement agit pour induire des changements comportementaux. Ces changements, qui affectent l’expression de certains gènes, sans modifier la séquence d’ADN, interfèrent avec le fonctionnement des systèmes régulant la réponse au stress. À long terme, l’adversité durant l’enfance, en induisant ces changements épigénétiques, prédispose certains individus à développer des problèmes de santé mentale à l’âge adulte. Ce chapitre traite de l’impact épigénétique de l’adversité au cours du jeune âge et de ses conséquences comportementales sur la santé mentale.
EN :
Adversity during childhood has for long been known to increase the risk of developing mental health problems in adulthood. Yet, it is only recently that epigenetic mechanisms have been identified as representing an interface on which the environment acts upon to induce behavioral changes. These changes affecting the expression of certain genes, without however modifying DNA sequences, particularly interfere with the functioning of systems regulating response to stress. In the long term, adversity during childhood, by inducing these epigenetic changes, predisposes some individuals in developing mental health problems in adulthood. This article examines the epigenetic impact of adversity during childhood and its behavioral consequences on mental health.
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La sociologie du genre : une contribution originale à la compréhension du suicide chez les hommes
Philippe Roy
p. 45–55
RésuméFR :
Il y a un consensus à l’effet que le suicide soit un problème social. Mais quelle est la contribution de la sociologie à la recherche sur le suicide ? Cet article présente un bref survol des bases historiques de la sociologie du suicide et de son évolution à travers l’étude de la déviance et de l’exclusion. Sur le plan de l’application, la sociologie du genre a notamment contribué à mieux comprendre comment certains aspects de la socialisation masculine, comme le rapport rigide aux normes masculines, agissent comme des facteurs de risque suicidaire ou comme des pistes de rétablissement.
EN :
There is a general consensus that suicide is a social problem. But what exactly is the contribution of sociology to research on suicide? This paper proposes a brief overview of the historical bases of the sociology of suicide and its evolution through the study of deviance and exclusion. On the level of application, the sociology of gender contributed to better understand how some aspects of male socialisation, such as the rigid relations with norms of the male role, may act as suicide risk factors or as a path to recovery.
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Ce que la microscopie peut nous apprendre sur le suicide
Naguib Mechawar
p. 57–64
RésuméFR :
La neuroanatomie fine des troubles de l’humeur et du suicide est une discipline relativement récente. En complément à la neuroimagerie, à la biologie moléculaire et à la biochimie, les analyses histologiques post-mortem des circuiteries cérébrales impliquées dans la régulation de l’humeur permettent de mieux comprendre les mécanismes cellulaires et moléculaires qui sous-tendent la dépression majeure et le suicide. Dans cet article, je discute de travaux récents réalisés au sein de mon laboratoire sur la neuroanatomie fine du cortex cingulaire antérieur (CCA). Plus particulièrement, je présente des résultants qui indiquent que les astrocytes fibreux de la matière blanche du CCA sont hypertrophiés chez des dépressifs qui se sont suicidés. Ces données sont interprétées dans le contexte de l’hypothèse neuro-immunitaire de la dépression et du suicide.
EN :
The fine neuroanatomy of mood disorders and suicide is a relatively recent field of investigation. Together with neuroimaging, molecular biology and biochemistry, histological analyses of post-mortem brain regions implicated in mood regulation allow gaining a better understanding of the cellular and molecular mechanisms underlying major depression and suicide. In this article, the author discusses recent studies conducted in his laboratory on the fine neuroanatomy of the anterior cingular cortex (ACC). In particular, he presents data showing that ACC white matter fibrous astrocytes are hypertrophic in depressed suicides compared to matched sudden-death controls. These data are interpreted in the context of the neuroimmune hypothesis of major depression and suicide.
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Suicide et alimentation : approche biopsychosociale
François Desseilles, Gladys Mikolajczak et Martin Desseilles
p. 65–94
RésuméFR :
Cet article propose un éclairage biopsychosocial des liens entre la santé mentale, plus particulièrement le suicide, et l’alimentation. Premièrement, nous développons les liens entre l’alimentation, son rôle social et le suicide. L’acte alimentaire est étudié en tant qu’intégrateur et régulateur social, à la lumière de la théorisation de Durkheim. L’alimentation est également envisagée comme autodestruction, avec le cas particulier du « suicide alimentaire ». La déstructuration des repas et les aliments aliénants sont identifiés comme facteurs contribuant à la déstructuration des « modèles alimentaires ». Ensuite, nous évoquons la place de l’alimentation dans la psychopathologie et enfin, les liens entre les paramètres biologiques reflétant l’alimentation et le risque de suicide. Des pistes de recherche et d’intervention découlant de l’approche biopsychosociale proposée dans cet article sont également proposées.
EN :
This article proposes a new bio-psychosocial perspective on the links between mental health, more specifically suicide, and nutrition. We first discuss the links between nutrition, its social role and suicide. The act of eating is studied as a social integrator and regulator, in the light of Durkheim’s theorization. Nutrition is also examined as self-destruction, with particular cases of “diet-related suicide.” De-structuring of meals and alienating foods are identified as contributing factors to the de-structuring of “nutrition models.” We then discuss the place of food within the psychopathology, and finally, the links between biological parameters reflected in food and suicide risk. Avenues of research and intervention along this bio-psychosocial approach are also proposed.
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L’apport de la recherche en psychologie dans la compréhension complexe de l’étiologie du suicide
Monique Séguin, Mélanie Di Mambro et Annie Desgranges
p. 95–105
RésuméFR :
Si la présence de certains facteurs augmente le risque de conduites suicidaires, la question est de savoir quel peut être le poids différentiel des divers facteurs de risque, pour quels individus, dans quel contexte et à quelle période de leur vie ? Nous avons mis à l’épreuve l’expérimentation d’un modèle expliquant différentes trajectoires de vie qui mènent au suicide. Cette étude permet de dépasser un modèle corrélationnel d’identification de facteurs de risque et de cibler quatre sous-groupes distincts d’individus dont la trajectoire développementale semble bien différente. Il est clair que le suicide est un problème complexe, multidimensionnel, multiniveau. La psychologie, au carrefour de plusieurs disciplines scientifiques, peut intégrer et faire le lien avec d’autres disciplines afin de clarifier les contextes de vie qui affectent différemment les personnes suicidaires, permettant ainsi de mettre en oeuvre des interventions préventives susceptibles d’agir dans cette chaîne causale dont l’issue ultime est le suicide.
EN :
If certain risk factors are known to increase suicidal behaviors, the question is to determine the differential weight of these various risk factors, on which individuals, in which context and in what period of their lives? We have put to test a model that explains different life trajectories leading to suicide. This research allows to surpass a correlation model of identification of risk factors and to target four distinct sub-groups of individuals for whom the developmental history seems quite different. It is clear that suicide is a complex, multidimensional and multilevel issue. Being at the crossroads of many scientific disciplines, psychology may help integrate and connect knowledge with other disciplines in order to clarify the contexts that affect suicidal individuals differently. This knowledge may help in identifying specific prevention interventions that could modify this chain of events leading ultimately to suicide.
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Prédire le suicide ou prédire l’imprévisible dans un monde incertain. Modèle du suicide selon l’apprentissage par renforcement
Martin Desseilles
p. 107–127
RésuméFR :
De manière générale, il apparaît que l’acte suicidaire est hautement imprévisible par les moyens scientifiques actuellement à notre disposition. Dans cet article, nous formulons l’hypothèse que la prédiction du suicide est compliquée parce qu’elle résulte de la prédiction d’un choix, lequel est lui-même imprévisible. Nous proposons un modèle du suicide selon l’apprentissage par renforcement. Dans ce modèle, nous intégrons d’une part les quatre principaux modulateurs ascendants (acétylcholine, noradrénaline, sérotonine, dopamine) avec leurs régions de projections et d’afférences respectives, et d’autre part, différentes observations d’imagerie cérébrales trouvées à ce jour dans le processus suicidaire.
EN :
In general, it appears that the suicidal act is highly unpredictable with the current scientific means available. In this article, the author submits the hypothesis that predicting suicide is complex because it results in predicting a choice, in itself unpredictable. The article proposes a Reinforcement learning model-based analysis. In this model, we integrate on the one hand, four ascending modulatory neurotransmitter systems (acetylcholine, noradrenalin, serotonin, and dopamine) with their regions of respective projections and afferences, and on the other hand, various observations of brain imaging identified until now in the suicidal process.
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Risque suicidaire et préférences musicales : y a-t-il un lien ?
Gladys Mikolajczak et Martin Desseilles
p. 129–150
RésuméFR :
La musique occupe une fonction importante dans la vie des adolescents. Dans cette revue, nous répondrons à deux questions sur les liens entre la musique et le suicide. La première sera de savoir si certaines musiques peuvent favoriser le processus suicidaire (idéations et passage à l’acte) et la deuxième examinera si la musique peut constituer un outil pour diminuer le risque suicidaire. Plusieurs facteurs potentiellement impliqués dans le lien entre les préférences musicales et le processus suicidaire seront développés : l’effet Velten et la procédure musicale d’induction de l’humeur, l’identification et l’apprentissage par imitation, l’influence des médias ainsi que les caractéristiques individuelles. Une approche multifactorielle est nécessaire pour comprendre les liens complexes et bidirectionnels qui unissent les préférences musicales au risque suicidaire.
EN :
Music is an important part of young people’s lives. In this article, we attempt to answer two questions on the links between music et suicide. First, we examine if certain types of music favor suicidal process (ideation and acting out); and, secondly, we examine if music can constitute a tool to reduce the risk of suicide. Several factors possibly involved in links between musical preferences and the suicidal process are developed: the Velten effect and the musical mood induction procedure, the identification and the learning by imitation, the media influence as well as the individual characteristics. A multifactor approach is necessary to understand the complex and birectional links that unite musical preferences and suicide risk.
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Le suicide de la personne âgée : existe-t-il des spécificités liées à l’âge ?
Stéphane Richard-Devantoy et Fabrice Jollant
p. 151–173
RésuméFR :
Le suicide de la personne âgée pose la question de notre relation à la vieillesse et à la mort. Significativement lié à la dépression, il est relativement élevé dans cette tranche d’âge. Les conduites suicidaires de la personne âgée présentent des particularités cliniques : une intentionnalité et une létalité suicidaire élevées, peu d’antécédents personnels de conduites suicidaires et un faible niveau d’impulsivité et d’agressivité. La vulnérabilité suicidaire pourrait reposer sur des mécanismes étiopathogéniques à la fois communs et différents selon l’âge. Par exemple, il y aurait une prépondérance des facteurs développementaux précoces marqués par de l’impulsivité et de l’agressivité chez l’adolescent et le jeune adulte ; chez l’adulte âgé, il y aurait un vieillissement pathologique. Des déficits neurocognitifs similaires conduisent le sujet à ne pas pouvoir répondre adéquatement à son environnement, différent selon l’âge. La comparaison directe des sujets jeunes et âgés est nécessaire pour comprendre la genèse de la vulnérabilité suicidaire. Nous conclurons cet article avec un résumé des principes de reconnaissance et de prise en charge du risque suicidaire.
EN :
Suicide in the elderly raises the question of our relationship with aging and death. Suicide rate is relatively high in this group and is significantly related to depression widely under-diagnosed in the elderly. Suicidal behaviour in the elderly has clinical specificities including high intentionality and lethality, usually little personal history of suicidal behaviour and low levels of impulsivity—aggression. Suicidal vulnerability could rely on etiopathogenic mechanisms both common and different according to age; for example, a preponderance of early developmental factors and impulsivity-aggression in adolescents and young adults vs. pathological aging in older adults, but partly similar neurocognitive deficits leading individuals not to respond adequately to their environment (itself different with age). Direct comparisons between elderly and younger subjects would be required. The article concludes with a summary of the principles of recognition and management of suicide risk.
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Conduites suicidaires chez les adolescents et les jeunes adultes avec un trouble envahissant du développement
Pascale Abadie
p. 175–191
RésuméFR :
Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont caractérisés par des manifestations atypiques dans la socialisation et la communication, par des intérêts restreints et des stéréotypies, et par des difficultés affectives et adaptatives. Les conduites suicidaires sont fréquemment évoquées chez les adolescents et adultes avec un TSA, sans déficience intellectuelle (SDI). Mais la recherche clinique dans ce domaine est très limitée et le diagnostic n’est pas envisagé dans les services d’urgence. Parmi les facteurs de risque individuels de suicide chez les patients TSA, on retrouve la dépression, les troubles anxieux et les antécédents familiaux de troubles affectifs. L’intimidation et les difficultés d’intégration socio-professionnelle sont également des facteurs environnementaux rapportés. Des études en lien avec les caractéristiques cognitives permettraient d’explorer plus rigoureusement la phénoménologie du suicide chez les patients TSA.
EN :
The Autistic Spectrum Disorders (ASD) are characterized by an atypical sociability, alterations in communication, restricted interests and stereotypies, with adding affective and adaptative disabilities. The suicidal behaviors are frequently observed in the adolescents and adults with an ASD without intellectual deficience. However, the clinical research on the topic is limited and the diagnosis not assessed in the emergency units. Among the individual risk factors of the suicidal behavior in ASD patients, mood and anxiety disorders are found as well as a familial affective disorder history. The intimidation and the lack of socio-professional integration were also reported as environnemental risk factors. Laters tudies taking into account the cognitive characteristics would permit to investigate the suicidal phenomenology in ASD patients.
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Les interventions infirmières estimées bénéfiques par les adolescents à risque de suicide
Catherine Pugnaire Gros, Sacha Jarvis, Tamsin Mulvogue et David Wright
p. 193–207
RésuméFR :
Cette recherche identifie les interventions infirmières bénéfiques selon la perspective des adolescents à risque pour suicide. Quoique les infirmières du milieu hospitalier aient un niveau de contact direct, élevé et continu auprès du patient, il n’existe aucune recherche sur les interventions thérapeutiques offertes par ces dernières. Cette étude qualitative a pour but d’avancer nos connaissances quant au rôle de l’infirmière dans le rétablissement des adolescents suicidaires lors une hospitalisation psychiatrique. Neuf patients, de 15 à 18 ans, ont participé à des entrevues individuelles semi-structurées. Les résultats réaffirment la valeur thérapeutique d’un accompagnement personnalisé offert lors d’une relation d’aide collaborative et orientée vers les forces et potentiels du jeune et sa famille. Selon les répondants, les interventions bénéfiques sont réalisées pendant des expériences de vie ordinaires (tels que les événements de tous les jours) ainsi que pendant les périodes de crise ou de souffrance La création d’un milieu thérapeutique est soulignée de même que son impact sur la santé et rétablissement du jeune.
EN :
This qualitative study explores “helpful” nursing care from the perspective of adolescents at risk for suicide. While hospital-based nurses have a high level of direct and continuous contact with suicidal teens, little is known about the nursing care offered to this population. The purpose of this research is to explore the perceptions of suicidal adolescents regarding helpful nursing care during hospital treatment on a mental health unit. Nine patients, aged 15-18 years, participated in individualized, semi-structured interviews. Results affirm the importance of personalized, human caring interactions combined with nurse accompaniment across situations of daily living as well as during acute crisis, illness and suffering. The nurse’s role and contribution in creating a therapeutic milieu is described, and the impact of a health-promoting hospital environment on patient care and recovery is highlighted.
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Service social : une longue tradition d’intervention lors d’une crise suicidaire
Gilles Tremblay
p. 209–221
RésuméFR :
Ce texte porte sur la place du service social dans la recherche et l’intervention en matière de suicide. Il se divise en trois sections : le paradoxe du service social par rapport au suicide, les apports de cette profession dans l’intervention et la recherche, et un exemple à partir d’une recherche menée par l’auteur sur la dépression chez les hommes.
EN :
This article examines the place of social work in identifying intervention in suicide. Divided in three parts, the article describes the paradox of social work regarding suicide, the contributions of social work in the field of research and intervention on suicide and finally, presents an example from a study by the author on depression in men.
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Portrait du recours aux services de santé mentale avant et après une tentative de suicide qui requiert une hospitalisation
Danielle Routhier, Nicole Leduc, Alain Lesage et Mike Benigeri
p. 223–237
RésuméFR :
Les services de santé ont un rôle important à jouer en matière de prévention du suicide. À partir de données médico-administratives, nous avons analysé les patrons de recours aux services de santé mentale avant et après une hospitalisation pour tentative de suicide, chez les Montréalais qui ont reçu un diagnostic de schizophrénie ou de dépression. Les résultats laissent poindre des avancés en matière de prévention, notamment chez les hommes avec un trouble concomitant d’abus de substances, reconnus comme particulièrement vulnérables. Par contre, d’autres constats inquiètent. L’urgence comme porte d’entrée aux services de santé mentale ne semble pas garante du recours aux services suivant une hospitalisation pour tentative de suicide. Des interventions sont requises en vue de faciliter l’accès et d’améliorer la coordination entre les différents services de santé.
EN :
Health care systems play an important role in suicide prevention. Medical and administrative data allow analysis of patterns of mental health service use before and after hospitalization following a suicide attempt among Montreal residents diagnosed with schizophrenia or depression. Some results tend to show improvement in suicide prevention, especially among men with comorbid substance abuse disorders known to be particularly vulnerable. However, other observations are somewhat worrisome. The emergency room as an introduction to mental health services did not ensure adequate aftercare. Interventions are needed to improve access and coordination between different health care services.
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Perspectives de la santé publique pour la prévention du suicide
Alain Lesage, Danielle St-Laurent, Mathieu Gagné et Gilles Légaré
p. 239–255
RésuméFR :
Le suicide et sa prévention sont considérés comme des enjeux de santé publique. Cette perspective jouxte une compréhension multifactorielle des phénomènes de santé dans nos sociétés, et la mobilisation autour des déterminants pour lesquels des actions peuvent être posées. La santé publique a connu des succès face aux maladies infectieuses puis face à des maladies chroniques comme l’hypertension. Le phénomène est ensuite appréhendé en chiffres, à l’aide de données québécoises, canadiennes et internationales. Les politiques populationnelles de prévention du suicide sont généralement multimodales, elles impliquent souvent des stratégies pour l’amélioration des services de santé mentale. Le succès de ces stratégies repose sur leur application constante et la surveillance de cette application.
EN :
Suicide and suicide prevention represent major public health challenges. The public health perspective juxtaposes a multifactor understanding of society’s health phenomena to a mobilization around determinants on which actions can be taken. Public health has encountered success with infectious diseases as well as chronic diseases such as hypertension. In this article, the phenomenon of suicide is detailed with data drawn from Quebec, Canada and international research. Population-based suicide prevention policies are generally multimodal, and often involve strategies aiming at improving mental health services. The success of these strategies lies in their steady application and in the close surveillance of this application.
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Au nom de l’humain : penser le suicide dans ses sources profondes
Gilles Bibeau
p. 257–273
RésuméFR :
Dans ce texte qui se présente comme un essai anthropologique sur la condition de l’Homme, l’auteur propose quelques réflexions susceptibles de soutenir notre réflexion, qu’elle soit de nature biologique, sociologique ou psychologique, sur la question du suicide. Le cadre ici présenté invite à s’interroger sur ce qui fait la profondeur de l’homme, sur l’ambiguïté qui le marque, sur les contradictions qui le constituent, jeté qu’il est entre vie et mort, entre positivité et négativité, et sur l’idéologie du « tout positif » qui tend à générer une dangereuse intériorisation du « négatif ». Le suicide qui peut prendre les formes les plus diversifiées, de la dépendance aux drogues de toutes sortes à la dépression chronique et à l’auto-destruction, est ainsi pensé sur l’horizon d’une pensée de l’humain qui fait une place à l’ambiguïté profonde qui marque la condition humaine. Les spécialistes cherchant à comprendre les conduites suicidaires sont invités à prendre conscience de notre commune humanité, toujours tragique, qui nous fait tous humains.
EN :
In this article, presented as an anthropological essay on the human condition, the author proposes some thoughts likely to support our reflection on the question of suicide, be it biological, sociological or psychological in nature. The framework suggests an invitation to question ourselves on what is the depth of the human being, the ambiguity that marks us, the inherent contradictions that constitutes us, as we are torn between life and death, between positivity and negativity, and the ideology of the “all positive” that tends to generate a dangerous internalization of the “negative.” Suicide in its most diversified forms, from substance abuse of all kind, to chronic depression and self-destruction, is thus examined within this fundamental ambiguity which is the mark of our human condition. Experts who attempt to comprehend suicidal behavior are invited to acknowledge our common, always tragic humanity that makes us all human beings.