Volume 45, numéro 2, automne 2013 Villes contemporaines et recompositions sociopolitiques Contemporaries Cities and Socio-political Configurations Sous la direction de Louis Guay et Pierre Hamel
Sommaire (18 articles)
I. Diversité, représentations sociales et culturelles / I. Diversity, Social and Cultural Representations
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Ressorts et ressources d’une sociologie de l’expérience urbaine
Laurent Devisme
p. 21–43
RésuméFR :
La connaissance de l’expérience urbaine, si elle relève principalement d’une microsociologie, comporte des intérêts qui vont bien au-delà, interrogeant notamment la tonalité des espaces publics, les performances des équipements et des dispositifs urbains. Ce texte vise en quelque sorte son exhumation alors que d’une part le contexte académique a eu tendance à segmenter les savoirs urbains et que d’autre part la métropolisation contemporaine a mis à mal la figure (souvent fantasmée) de la ville centrée, délimitée, dense et diverse, expressive.
La première partie du texte revient sur les caractéristiques de la sociologie de l’expérience urbaine ; la deuxième montre l’enjeu de comprendre les équipements qui soutiennent cette expérience à partir des cas du banc public et du belvédère ; la troisième interroge les ressources dont nous pouvons disposer pour comprendre le contexte contemporain de la ville décentrée, sans reprendre les visions homogènes et dépréciatives que les spécialistes tendent souvent à construire à son égard ; enfin, c’est la question du regard sociologique qui est posée et de certaines méthodes que nous pouvons activer pour ne pas délaisser une fonction d’interpellation de la recherche urbaine à l’égard des pratiques de l’aménagement, du design jusqu’au paysage. Si l’enjeu du texte est d’abord théorique, il n’est donc pas sans poser des questions au champ de la production et de la transformation intentionnelles des espaces construits.
EN :
Knowledge of the urban experience, if it is primarily a microsociology, has interests that go well beyond, including the questioning tone of public spaces, the performances of urban facilities and devices. This paper is somehow its unearthing while on the one hand, the academic context has tended to segment the urban knowledge and that of other, contemporary metropolisation has jeopardize the figure (often imagined) of the city centered, bounded and diverse, expressive.
The first part of the text discusses the characteristics of the sociology of the urban experience ; the second shows the challenge to understand the equipments that support this experience from the case of the public bench and belvedere ; the third questions the resources we can have to understand the contemporary context of the decentred city, without taking homogeneous and disparaging visions that experts often tend to build towards about it. Finally, is the question of the sociological perspective that is asked and of some methods that we can use for not to abandon an interpellation of urban research against management practices, from design to landscape. If the challenge of the text is firstly theoretical, it is not without questions in the field of production and of the intentional transformation of the built spaces.
ES :
El conocimiento de la experiencia urbana, si ésta depende principalmente de una microsociología, conlleva intereses que van más allá, que interrogan principalmente la tonalidad de los espacios públicos, el desempeño de los equipamientos y de los dispositivos urbanos. Este texto busca en cierta forma su exhumación, mientras que, por una parte, el contexto académico ha tendido a segmentar los saberes urbanos y, por otra, la metropolización contemporánea ha maltratado la figura (con frecuencia imaginada) de la ciudad centrada, delimitada, densa y diversa, expresiva.
La primera parte del texto retoma las características de la sociología de la experiencia urbana ; la segunda, presenta la importancia de comprender los equipamientos que sostienen esta experiencia a partir del caso del banco público y del mirador ; la tercera nos interroga acerca de los recursos de los que podemos disponer para comprender el contexto contemporáneo de la ciudad descentrada, sin retomar las visiones homogéneas y despreciativas que, con frecuencia, los especialistas tienden a construir al respecto ; finalmente, se trata el tema de la postura sociológica y de ciertos métodos que podemos activar para no abandonar una función de interpelación de la investigación urbana con relación a las prácticas del ordenamiento, del diseño al paisaje. Si el texto es ante todo teórico, no deja de cuestionar el terreno de la producción y la transformación intencionales de los espacios construidos.
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Analyser les villes et le changement dans une ère de mondialisation : deux points de vue divergents
John Hannigan
p. 45–62
RésuméFR :
Dans cet article, j’identifie et je mets en contraste deux approches théoriques et politiques opposées de la ville contemporaine du changement urbain. La première approche, soit un modèle économique de la prospérité, privilégie la productivité économique et la compétitivité, l’urbanité cosmopolite, la consommation culturelle, la gouvernance en partenariat public-privé, ainsi que la créativité et l’innovation comme des moteurs de croissance. En revanche, le modèle éthique et émancipateur favorise plutôt l’économie informelle, les pratiques urbaines quotidiennes, les infrastructures et espaces publics, les droits du citoyen, l’équité sociale et la redistribution, une justice sociale et un espoir démocratique. Ces deux approches ont en commun un souci de tolérance et de diversité. Alors que la première envisage la diversité comme un « leurre » avec lequel attirer les touristes, les investisseurs potentiels et les « personnes créatives », la seconde valorise la différence urbaine à part entière comme un seuil à franchir vers une ville « hospitalière » et équitable. En m’appuyant sur les trois « logiques sociales » d’Iveson et Fincher pour la planification dans la quête du droit à la ville, je conclus en discutant des perspectives de conciliation des deux approches pour un avenir et un changement urbain.
EN :
In this paper, I identify and contrast two opposing theoretical and policy approaches to contemporary cities and urban change. The first, the economic and prosperity model and privileges economic productivity and competitiveness, cosmopolitan urbanity, cultural consumption, governance through private-public -corporate collaboration, creativity and innovation as growth-drivers. By contrast, the rights, justice and emancipation model favours the informal economy, everyday urban practices, public infrastructures and spaces, citizenship rights, social equity and redistribution, social justice and democratic hope. In common, both approaches are centrally concerned with diversity and tolerance. While the former treats diversity as a ‘lure’ with which to attract tourists, investors and ‘creative people’, the latter values urban difference in its own right as the portal to a livable and just city. Building on Iveson and Fincher’s three “social logics” for planning in pursuit of rights to the city. I conclude by assessing the prospects for reconciling the two approaches to urban futures and urban change.
ES :
En este artículo identifico y comparo dos enfoques teóricos y políticos opuestos de la ciudad contemporánea y cambio urbano. El primero, el modelo económico de la prosperidad, favorece la productividad económica y la competitividad, la urbanidad cosmopolita, el consumo cultutal, la gobernanza en asociación público-privada, así como la creatividad y la innovación como motores de crecimiento. Por otra parte, el modelo ético y emancipador, favorece principalmente la economía informal, las prácticas urbanas cotidianas, las infraestructuras y los espacios públicos, los derechos ciudadanos, la equidad social y la redistribución, la justicia social y la esperanza democrática. Estos dos enfoques comparten una preocupación por la tolerancia y la diversidad. Mientras el primero considera la diversidad como un “señuelo“ con el cual enganchar turistas, inversionistas potenciales y “personas creativas”, el segundo valoriza la diferencia urbana como pleno derecho, como un umbral hacia una ciudad “hospitalaria” y equitativa. Apoyándome en las tres “lógicas sociales” de Iveson y Fincher para la planificación en la búsqueda del derecho a la ciudad, concluyo con un discusión acerca de las perspectivas de conciliación de los dos enfoques por un futuro y un cambio urbano.
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Les classes moyennes dans l’espace urbain : choix résidentiels et pratiques urbaines
Marie-Hélène Bacqué et Stéphanie Vermeersch
p. 63–85
RésuméFR :
Cet article se propose de revenir sur les comportements urbains des classes moyennes à partir d’un travail empirique conduit dans la métropole parisienne. Essayant de dépasser la dichotomie ente l’ouverture sociale d’un côté et recherche de l’entre-soi de l’autre, il analyse les choix résidentiels et les pratiques de l’espace des ménages à différentes échelles. Si l’espace de résidence garde toute sa valeur sociale et de classement, les classes moyennes ont comme spécificité, tout en évoluant dans un univers de contrainte, de parvenir à utiliser les ressources d’un espace fortement diversifié, à ses différentes échelles, pour se construire un environnement résidentiel adéquat. A contrario, une des dimensions de la ségrégation pour les classes populaires est alors sans doute qu’elles sont beaucoup moins en capacité de jouer avec les échelles et les lieux et de mettre la contrainte à distance.
EN :
This article intends to return to the urban middle-class behaviors from an empirical study conducted in the Parisian metropolis. Trying to overcome the dichotomy between social openness on one side and search for self-segregation on the other, it analyzes the residential choices and practices relative to space of households at different scales. If the area of residence retains its whole social and classification value, the middle classes, while operating in a world of stress, have the particularity to reach using the resources of a highly diversified, at its different scales, for build a suitable residential environment. In contrast, one of the dimensions of segregation for the popular classes is that they are probably much less able to play with scales and locations and to put the stress away.
ES :
Este artículo busca analizar los comportamientos urbanos de las clases medias a partir de un trabajo empírico realizado en la metrópoli parisina. Más allá de la dicotomía entre apertura social, por una parte y, por otra, la búsqueda del ‘entre sí mismo’, se trata de analizar las opciones residenciales y las prácticas espaciales de los hogares a diferentes escalas. Si el espacio residencial conserva todo su valor social y de jerarquización, las clases medias tienen la especificidad — transformándose a la vez en un universo de restricciones — de utilizar los recursos del espacio fuertemente diversificado en sus diferentes escalas para construirse un entorno residencial adecuado. Por el contrario, una de las dimensiones de la segregación de las clases populares es, sin duda, que se encuentran en mucha menor capacidad de jugar con las escalas y los lugares, y mantener a distancia las limitaciones.
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La sociologie urbaine à l’épreuve de l’immigration et de l’ethnicité : de Chicago à Montréal en passant par Amsterdam
Annick Germain
p. 87–109
RésuméFR :
L’immigration et la ville sont depuis longtemps indissociables, dans la réalité des flux migratoires comme dans celle de la pensée sociologique. Mais aujourd’hui, les transformations des premiers imposent de nouveaux agendas de recherche à la seconde. On se propose donc de faire une lecture synthétique de ces changements en quatre temps, en commençant par rappeler le débat sur les villes paradigmatiques en Études urbaines et la place centrale qu’y occupe l’immigration. Ensuite, on examinera les nouvelles thématiques que mobilisent les chercheurs en sociologie urbaine en fonction des nouveaux paysages urbains de l’immigration. Ces paysages fortement contrastés selon qu’il s’agit de villes américaines, françaises ou néerlandaises, conditionnent en partie les agendas de recherche. Pour dresser celui de nos métropoles, que nous esquisserons en cinq propositions à partir des recherches sur Montréal, nous situerons les particularités des métropoles canadiennes. La fluidité des territoires de l’immigration invite en effet un recentrage de la sociologie urbaine sur les interactions réciproques à l’échelle de la vie quotidienne et sur les lieux où se négocie l’ethnicité.
EN :
Immigration and city have long been inseparable, in the reality of migration flows as in that of sociological thought. But today, the changes of the former set new research agendas to the latter. Therefore, we propose to make a synthetic reading of these changes in four steps, starting by recalling the discussion of paradigmatic cities in Urban Studies and the central place occupied by immigration. Then, the new themes that researchers mobilize in urban sociology according to the new urban landscapes of immigration will be discussed. These highly contrasting landscapes depending on whether American, French, Belgian or Dutch cities, partly determine research agendas. After recalling those of our metropolis, and especially of Montreal, we will examine five areas to think the city today. These five areas are not exhaustive but illustrate that recent research on immigration tell us about how to think about the city. Indeed, the fluidity of the territories of immigration invites urban sociology to focus on mutual interactions at the level of everyday life and on places where ethnicity is negociated.
ES :
Desde hace mucho tiempo, la inmigración y la ciudad son indisociables, tanto en la realidad de los flujos migratorios como en aquella del pensamiento sociológico. Pero, actualmente, las transformaciones de los primeros imponen nuevas agendas de investigación a la segunda. Aquí se propone entonces realizar una lectura sintética de estos cambios en cuatro momentos, comenzando por recordar el debate acerca de las ciudades paradigmáticas en Estudios urbanos y el lugar central que allí ocupa la inmigración. Enseguida se examinarán las nuevas temáticas que convocan a los investigadores en sociología urbana, en función de los nuevos paisajes urbanos de la inmigración. Estos paisajes, fuertemente contrastados, según se trate de ciudades norteamericanas, francesas, belgas o neerlandesas, condicionan en parte las agendas de la investigación. Después de recordar aquellos de nuestras metrópolis y particularmente de Montreal, escogeremos cinco ejes de reflexión acerca de la ciudad actual. Estos cinco ejes no son exhaustivos, pero ilustran lo que las recientes investigaciones en inmigración nos enseñan en cuanto a la manera de reflexionar acerca de la ciudad. La fluidez de los territorios de la inmigración invita, en efecto, a reorientar la sociología urbana en las interacciones recíprocas a escala de la vida cotidiana y los lugares donde se negocia la etnicidad.
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Repenser la centralité : l’exemple d’une ville moyenne française
Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé
p. 111–128
RésuméFR :
L’article entend montrer que le concept de « centralité » développé par Henri Lefebvre ainsi que l’opposition entre centre et périphérie doivent être réinterrogés au regard du processus d’étalement urbain. En effet, celui-ci génère, comme nous l’indiquerons à partir de plusieurs recherches empiriques réalisées au sein d’une ville de taille moyenne de l’est de la France, une multiplication des centralités concrètes qui s’avèrent déterminantes aussi bien sur le plan des modes de vie et des activités quotidiennes que des choix résidentiels.
EN :
The article aims to show that the concept of “centrality” developed by Henri Lefebvre and the opposition between center and periphery must be re-questioned in relation to the process of urban sprawl. Indeed, it generates, as we will demonstrate from several empirical researches conducted in a medium-sized city in eastern France, a multiplication of concrete centralities that are decisive both in terms of lifestyle and daily activities as residential choice.
ES :
Este artículo busca demostrar que el concepto de “centralidad”, desarrollado por Henri Lefebvre, así como la oposición entre centro y periferia, deben ser |cuestionados a la luz del proceso de expansión urbana. En efecto, éste genera, como lo demostraremos a partir de varias investigaciones empíricas realizadas en una ciudad de talla intermedia del este de Francia, una multiplicación de las centralidades concretas que resultan determinantes tanto en el plano de los modos de vida y de las actividades cotidianas, como de las opciones residenciales.
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Un nouveau récit collectif dans le cinéma québécois : la centralité de la banlieue
Andrée Fortin
p. 129–150
RésuméFR :
Entre 1965 et 2010, l’espace de référence dans le cinéma québécois est passé de la ville centre à la banlieue pavillonnaire, ou pour le dire autrement, « l’espace urbain » dans l’imaginaire cinématographique renvoie de moins en moins à la ville proprement dite. L’analyse repose sur un corpus de 250 films de fiction québécois, et comporte deux dimensions. Une analyse synchronique révèle que pendant toute la période, à une représentation dans l’ensemble négative de la ville répond une représentation plutôt positive de la banlieue. Une analyse diachronique révèle pour sa part que se multiplient les films où la banlieue prend toute la place, et qu’elle y apparaît désormais comme un lieu complexe, autosuffisant et support de mémoires individuelles.
EN :
Between 1965 and 2010, the reference area in Quebec cinema has moved from the central city to the suburbia, or in other words, « urban space » in the cinematic imaginary refers less and less to the city itself. The analysis is based on a corpus of 250 films of Quebec fiction, and has two dimensions. Synchronic analysis reveals that during the period, a general negative representation of the city meets a rather positive portrayal of the suburb. For its part, a diachronic analysis reveals that the movies where the suburb takes the whole place multiply, and that it now appears to be a complex, self-sufficient environment that supports individual memories.
ES :
Entre 1965 y 2010, el espacio de referencia en el cine quebequense pasó de la ciudad-centro al suburbio residencial o, para decirlo de otra manera, “el espacio urbano” en el imaginario cinematográfico evoca cada vez menos la ciudad propiamente dicha. El análisis se basa en un corpus de 250 películas quebequenses de ficción, y consta de dos dimensiones. Un análisis sincrónico revela que durante todo este período, a una representación — en su conjunto negativa de la ciudad, responde una representación más bien positiva del suburbio. Por su parte, un análisis diacrónico revela que aquellas cintas donde el suburbio ocupa toda la atención se multiplican, y éste aparece ahora como un lugar complejo, autosuficiente y como soporte de las memorias individuales.
II. Aménagement et projets urbains / II. Urban development and planning
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La rénovation urbaine en France : entre pilotage à distance et fabrique urbaine
David Giband et Corinne Siino
p. 153–176
RésuméFR :
La rénovation urbaine concrétise depuis une dizaine d’années l’ambition de transformer les quartiers d’habitat social avec de nouvelles modalités d’intervention. Elle vise la production de formes architecturales et urbaines moins denses, pour accueillir des ménages aux profils socio professionnels diversifiés et assurer la mixité sociale dans les quartiers concernés. En rupture avec la politique de la ville, les objectifs nationaux fixés par l’État doivent néanmoins tenir compte suivant les villes et les quartiers d’une participation habitante des configurations d’acteurs (élus, société civile, bailleurs de logements) qui interprètent différemment la fabrique de la ville et le sens de la mixité. S’appuyant sur l’exemple de Perpignan, ce texte vise à éclairer, comment le modèle français de l’intervention publique dans les grands ensembles d’habitat social reste confronté à une fabrique urbaine fragile, qui hésite encore les modèles de gouvernance et la participation habitante dans les politiques urbaines.
EN :
For the last ten years, urban renewal embodies the ambition to transform social housing neighborhoods with new means of intervention. It focuses on the production of less dense architectural and urban forms to accommodate households with diverse socio-professional profiles and ensure the social diversity in the concerned neighborhoods. Breaking with the policy of the city, the national targets set by the State must take into account, according to cities and neighborhoods, a resident participation of configurations of actors (politicians, civil society, lessors) who interpret differently the urban fabric and the meaning of diversity. From the example of Perpignan, this article aims to inform how the French model of public intervention in large groups of social housing still faces a fragile urban fabric which hesitates on governance models and resident participation in urban policies.
ES :
La renovación urbana concretiza, desde hace un decenio, la ambición de transformar los barrios de vivienda social por medio de nuevas modalidades de intervención. Con ello se busca la producción de formas arquitectónicas y urbanas menos densas con el fin de acoger hogares de perfiles socioprofesionales diversificados y asegurar el carácter mixto social de los barrios afectados. En ruptura con la política de la ciudad, los objetivos nacionales definidos por el Estado deben, sin embargo, tener en cuenta, según las ciudades y los barrios, la participación de los habitantes según las configuraciones de los actores (representantes elegidos, sociedad civil, proveedores de fondos) que interpretan diferentemente la fábrica de la ciudad y el sentido de la diversidad. Apoyándose en el ejemplo de Perpignan, este texto busca aclarar cómo el modelo francés de la intervención pública en los grandes conjuntos de vivienda social se confronta a una fábrica urbana frágil que aún duda acerca de los modelos de gobernanza y de participación de los habitantes en las políticas urbanas.
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Sociologie des villes, sociologie du logement : des complémentarités à refonder à la lumière du processus de gentrification
Yankel Fijalkow
p. 177–194
RésuméFR :
L’étude théorique des liens entre la sociologie urbaine et la sociologie du logement ne renvoie pas seulement à des échelles différentes d’investigation scientifique. En sociologie urbaine, la manière dont le logement est pris en compte dans l’étude du changement le réduit trop souvent à un élément de l’économie urbaine ou le dissout dans l’observation des territoires. Ainsi, les deux modèles explicatifs les plus classiques du changement urbain opposent d’une part un paradigme de causalité structurelle et d’autre part un modèle d’analyse territoriale s’appuyant sur des matériaux descriptifs des pratiques des groupes sociaux locaux. Après avoir montré l’importance et les limites des deux modèles, cet article montre comment pour l’étude de la gentrification d’un quartier parisien, la Goutte d’Or, l’histoire du peuplement du parc de logement s’avère un paramètre indispensable pour mieux comprendre les mutations sociales de la ville et leurs conséquences.
EN :
The theoretical study of the links between urban sociology and the sociology of housing does not only refer to different levels of scientific investigation. In urban sociology, how housing is taken into account in the study of the change too often reduced it to a part of the urban economy or dissolved it in the observation territories. Thus, the two more traditional explanatory models of urban change oppose on the one hand a paradigm of structural causality and the other a model of territorial analysis based on descriptive material of the local social groups practices. After showing the importance and limitations of both models, this article shows how the study of gentrification of a Parisian neighborhood, the Goutte d’Or, the history of settlement of the housing stock is an indispensable parameter to better understand the social changes of the city and its consequences.
ES :
El estudio teórico de las relaciones entre la sociología urbana y la sociología de la vivienda nos remite no solamente a diferentes escalas de investigación científica. En sociología urbana, la manera como la vivienda es tenida en cuenta en el estudio del cambio, la reduce con demasiada frecuencia a un elemento de la economía urbana o la disuelve en la observación del territorio. De esta manera, los dos modelos explicativos más clásicos del cambio urbano oponen, por una parte, un paradigma de causalidad estructural y, por otra, un modelo de análisis territorial apoyado en materiales descriptivos de las prácticas de los grupos sociales locales. Después de haber presentado la importancia y los límites de los dos modelos, este artículo presenta cómo para el estudio de la gentrificación del barrio parisino la Gota de oro (la Goutte d’Or), la historia de la urbanización del parque de vivienda revela un parámetro indispensable para comprender mejor las mutaciones sociales de la ciudad y sus consecuencias.
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Les projets urbains : des négociations aux transactions : l’exemple des projets de tramway en France
Philippe Hamman
p. 195–219
RésuméFR :
L’article analyse l’articulation entre les concepts de négociation et de transaction sociale à partir de l’exemple des projets de tramway en France, à Strasbourg et Montpellier. Il examine les interactions entre une diversité d’acteurs dans ces « grands projets » urbains. Laissent-ils place à la négociation ? Sont-ils même seulement négociables ? Cette problématique repose sur une double grille de lecture : d’abord, l’outillage de la négociation — dans la gouvernance du projet et de la démocratie participative —, puis, pour rendre raison de ce qui n’est pas négocié, celui des transactions sociales — entre élus et techniciens, et aussi avec les habitants et les associations. Ceci amène à spécifier les deux approches, à travers les critères du formel et du dicible, mais aussi l’enjeu de la reconnaissance de l’altérité dans l’échange et, finalement, en distinguant des transactions de premier et de deuxième rang, sur un triple plan organisationnel, territorial et séquentiel.
EN :
This article aims to investigate from a relational point of view the debates concerning the place of both concepts of negotiation and social transactions in the implementation of French urban policies. It deals with the example of tramway projects developed in two metropolitan areas (Strasbourg and Montpellier). Are those “major” urban projects negotiable, regarding project governance, between elected representatives and technicians, as well as participatory democracy, in relation to citizens individually and associations collectively? We take into account the formal vs. informal dimension of the problematic and the multiple rationalities linked with the recognition of the otherness in the relations between the different social actors, and propose to introduce a distinction between first and second rank transactions in order to reinforce this paradigm at a triple organizational, territorial and sequential level.
ES :
Este artículo analiza la articulación entre los conceptos de negociación y de transacción social a partir del ejemplo de los proyectos de tranvía en Estrasburgo y Montpellier, en Francia. Aquí se analizan las interacciones entre la diversidad de actores de estos “grandes proyectos” urbanos. ¿Permiten éstos la negociación ? ¿Son éstos realmente negociables ? Esta problemática parte de una doble lectura de análisis : primero, las herramientas de la negociación — en la gobernanza del proyecto y de la democracia participativa — luego, con el fin de dar cuenta de aquello que no es negociado : las transacciones sociales — entre representantes electos y técnicos, e igualmente con los habitantes y las asociaciones. Esto lleva a especificar los dos enfoques a través de criterios de lo formal y lo decible, pero igualmente lo crucial del reconocimiento de la alteridad en el intercambio y, finalmente, distinguiendo transacciones de primer y segundo rango, en un triple plan organizacional, territorial y secuencial.
III. Métropolisation et gouvernance / III. Metropolitanization and Governance
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Gouverner les métropoles : l’improbable gouvernement métropolitain
Christian Lefèvre
p. 223–242
RésuméFR :
Cet article traite du gouvernement des métropoles. Après avoir dans une première partie clarifié les notions de gouvernement, gouvernance, gouverner et gouvernabilité ainsi que celle de métropole, l’auteur s’intéresse aux très nombreuses tentatives de création d’un gouvernement métropolitain au cours des dernières décennies. Il dresse ainsi un bilan sévère mais réaliste des échecs et des demi-succès des réformes institutionnelles engagées dans la plupart des pays démocratiques mais aussi des initiatives plus récentes qu’il renferme sous la notion de gouvernance (planification stratégique, « new regionalism », coopérations entre acteurs, régimes politiques urbains, etc.). Dans un second temps, il explique ce bilan plutôt négatif par la permanence d’obstacles non résolus comme le rôle ambigu des États, la réticence, voire l’opposition des collectivités locales et des villes centre et enfin le refus des populations au travers des instruments de la démocratie locale. Une dernière partie met l’accent sur l’importance de l’action politique et sur les deux chantiers principaux qu’elle doit mettre en oeuvre pour faire des métropoles des territoires politiques : la construction d’une identité métropolitaine et celle d’un leadership territorial, faute de quoi le gouvernement métropolitain demeurera improbable.
EN :
This article discusses the government of cities. After clarifying the concepts of government, governance, governing and governability as well as the metropolis in a first part, the author focuses on the so many attempts to create a metropolitan government in recent decades. He thus provides a tough but realistic assessment of failures and partial success of institutional reforms engaged in the most democratic countries, but also more recent initiatives presented under the concept of governance (strategic planning, “new regionalism” cooperation between actors, urban political regimes, etc..). In a second step, he explains the rather negative assessment because of the permanence of unresolved obstacles as the ambiguous role of the states, the reluctance and even the opposition from local communities and city centers and finally, the refusal of the populations through the instruments of local democracy. The last part focuses on the importance of political action and the two main projects that must be implemented to make metropolis of political territories : the construction of a metropolitan identity and that of a territorial leadership otherwise, the metropolitan government will remain unlikely.
ES :
Este artículo trata acerca del gobierno de las metrópolis. Después de haber aclarado en una primera parte las nociones de gobierno, gobernanza, gobernar y gobernabilidad, así como la noción de metrópolis, el autor se interesa en las numerosas tentativas de creación de un gobierno metropolitano en el transcurso de los últimos decenios. De esta manera, realiza un balance grave pero realista de los fracasos y éxitos a medias de las reformas institucionales emprendidas en la mayor parte de países democráticos, e igualmente de algunas iniciativas más recientes que el autor engloba en la noción de gobernanza (planificación estratégica, “nuevo regionalismo”, cooperación entre actores, regímenes políticos urbanos, etc.). Posteriormente, el autor explica este balance, más bien negativo, a través de la permanencia de obstáculos no resueltos, como el papel ambiguo de los Estados, la reticencia, e incluso la oposición de las colectividades locales y de las ciudades centro y, por último, el rechazo de las poblaciones a través de los instrumentos de la democracia local. En la última parte, el autor hace énfasis acerca de la importancia de la acción política, así como en los dos principales construcciones que ésta debe poner en marcha para hacer de las metrópolis territorios políticos : la construcción de una identidad metropolitana y de un liderazgo territorial, a falta de lo cual el gobierno metropolitano continuará siendo improbable.
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L’état des métropoles : évaluation du changement dans les villes mondiales
Hank V. Savitch et Daniel Weinstein
p. 243–268
RésuméFR :
De quelle façon les grandes métropoles se sont-elles transformées au cours des vingt dernières années ? Leur population et leur économie se sont-elles améliorées, détériorées ou sont-elles demeurées stables ? Ces sociétés se sont-elles centralisées ou décentralisées ? Ont-elles obtenu un statut d’instance de gouvernance ou sont-elles demeurées des entités politiquement incomplètes ? Nous tentons de répondre à ces questions en examinant plus de 120 villes et en présentant des tendances de base. Les métropoles abondent en Amérique du Nord, en Europe occidentale et orientale, au Japon, en Amérique latine et en Afrique subsaharienne. Nous examinons également la « hiérarchie mondiale » des métropoles en évaluant les changements de catégories nominales des villes mondiales. Ces changements sont aussi comparés à l’évolution du développement humain sur le plan national. D’une certaine façon, une telle étude sonde les liens possibles entre la mondialisation et ses conséquences sur le développement des villes mondiales. Nous constatons que les villes de toutes les régions du monde développé sont passées d’un statut politico-socio-économique à un autre, d’où le choix du titre de notre article.
EN :
How have major metropolises changed in the last 20 years ? Have their populations and economies gained, lost or remained stable ? Have theses societies centralized or decentralized ? Have metropolises gained status as governing entities or do they continue to remain as politically inchoate entities ? In answering these questions we survey over 120 metropolises in and lay out basic trends. The metropolises cover North America, Western and Eastern Europe, Japan and Latin America, and sub-Saharan Africa. We also examine the “global pecking order” of metropolises ; we do this by assessing change in the nominal Global-and-World-Cities ranking schema ; these changes are also compared to national level of human development. In some ways a study of this kind probes possible linkages between the onset of globalization and its consequences for the development of global and world cities. As we see it, metropolises around the advanced world have moved from various politico-socio-economic states to another — hence, our title.
ES :
¿De qué manera se han transformado las grandes metrópolis en el transcurso de los últimos veinte años ? ¿Han mejorado, se han deteriorado o se han mantenido estables su población y su economía ? ¿Se han centralizado o descentralizado estas sociedades ? ¿Han obtenido éstas un estatus de instancia de gobernanza o han permanecido como entidades políticamente incompletas ? Intentamos responder a estas preguntas por medio de un análisis de más de 120 ciudades, del cual presentamos las principales tendencias. Las metrópolis abundan en América del Norte, en Europa del Oeste y del Este, en Japón, en América Latina y en África subsahariana. Igualmente, examinamos la “jerarquía mundial” de las metrópolis, evaluando los cambios de categorías nominales de las ciudades mundiales. Estos cambios son igualmente comparados con la evolución del desarrollo humano en el plano nacional. De cierta manera, este estudio explora los vínculos posibles entre la mundialización y sus consecuencias en el desarrollo de las ciudades mundiales. Constatamos que las ciudades de todas las regiones del mundo moderno han pasado de un estatus político-socio-económico a otro, de allí el título de nuestro artículo.
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La solidarité métropolitaine à l’épreuve des politiques : une double comparaison franco-espagnole
Emmanuel Négrier et Mariona Tomàs
p. 269–292
RésuméFR :
Dans cet article, notre propos est de cerner l’influence de la variable politique dans la production d’une solidarité métropolitaine. Nous l’abordons selon une double comparaison entre la France et l’Espagne qui ont connu des phases de centralisation et de décentralisation de la question métropolitaine. Une première comparaison nationale nous fait cerner les ambivalences politiques de l’État sur la question métropolitaine. Une deuxième comparaison, entre deux récits métropolitains distincts (Montpellier et Barcelone), nous permet d’identifier le poids de cette variable politique lorsqu’on observe, dans le temps et dans la pluralité des échelles de pouvoir, les conditions de la solidarité métropolitaine. Si la variable politique ne doit pas être surestimée — au sens où tout serait politique dans les métropoles, et où l’économie en serait le simple jouet —, elle ne doit pas non plus être sous-évaluée. Nous proposons, en quelque sorte, de remettre la politique à sa place.
EN :
In this paper, our purpose is to identify the influence of politics for building a metropolitan solidarity. Our purpose is based on a double comparison between France and Spain, two countries that have experienced phases of centralization and decentralization of metropolitan issue. The first national comparison makes us identify ambivalences state policy on the metropolitan debate. A second comparison between two separate metropolitan narratives (Montpellier and Barcelona), allows us to identify the weight of the political variable when observed - over time and the plurality of levels of power - the conditions for metropolitan solidarity. If politics should not be overstated — in the sense that everything could be summarized on politics in the cities, and the economy would be its simple joystick — it should not be underestimated. We propose somehow to put politics back into its place.
ES :
En este artículo, nuestro propósito es analizar la influencia de la variable política en la producción de una solidaridad metropolitana, por medio de una doble comparación entre Francia y España, países donde han tenido lugar fases de centralización y descentralización de la cuestión metropolitana. Una primera comparación nacional nos permite analizar las ambivalencias políticas del Estado acerca de la cuestión metropolitana. Una segunda comparación, entre dos discursos metropolitanos distintos (Montpellier y Barcelona), nos permite identificar el peso de esta variable política cuando se observa, en el tiempo y en la pluralidad de las escalas de poder, las condiciones de la solidaridad metropolitana. Si la variable política no debe ser sobreestimada — en el sentido que en las metrópolis todo sería político y la economía sería un simple juego suyo —, tampoco debe ser subestimada. Aquí proponemos, de alguna manera, poner la política en el lugar que le corresponde.
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Représentation et atrophie politiques des métropoles : le cas du Brésil
Nelson Rojas de Carvalho et Luiz Cesar de Queiroz Ribeiro
p. 293–319
RésuméFR :
De récentes réflexions sur les enjeux liés à la construction identitaire de la gouvernance métropolitaine ont surtout mis l’accent sur l’analyse des effets politico-institutionnels d’un processus double : celui de la mondialisation et du néolibéralisme. Associé à une dynamique de répartition du pouvoir vers le haut et vers le bas, le processus de mondialisation des économies métropolitaines se traduit par un renforcement et une autonomisation des acteurs politiques locaux et supranationaux ainsi que par un affaiblissement des autorités intermédiaires, c’est-à-dire l’État national et le gouvernement métropolitain. Quant à lui, le processus de libéralisation implique une désactivation des mécanismes de réglementation des conflits liés à la distribution et des externalités du marché actuelles. Il a également un effet dissuasif quant à la mise en oeuvre des mécanismes de réglementation des nouveaux conflits et externalités inhérents à la politique métropolitaine. La combinaison des deux processus impliquerait une reconfiguration des métropoles, lesquelles comportent des lacunes en matière de gouvernance, au sens strict, et en matière de politique, au sens large. Si les effets pervers de ce double processus sur l’établissement de la gouvernance métropolitaine semblent incontestables, dans le présent article, nous adoptons un point de vue analytique complémentaire en mettant l’accent sur le processus de métropolisation brésilien. Nous tentons de vérifier dans quelle mesure les variables internes de la dynamique métropolitaine brésilienne sont également génératrices de blocages politico-institutionnels dans la mise en place de la gouvernance métropolitaine.
EN :
Recent reflection about the challenges faced by the construction of entities of metropolitan governance has been centred on analysis of the politico-institutional effects of a double process : those of globalisation and neoliberalisation. Associated to a dynamic of power resource allocation upwards and downwards, the globalisation process of the metropolitan economies has been translated into the strengthening and autonomisation of local and supranational political actors, with weakening of intermediate instances of power — locus of the national state and metropolitan government. The neoliberalisation process, in turn, implies not only the deactivation of instances of regulation of already known distributive conflicts and market externalities, but equally the disincentive to activation of regulatory mechanisms for new externalities and conflicts, inherent in the metropolitan dynamic. The two processes combined would imply configuration of the metropolises as zones with deficits of governance, in the strict sense, and of politics, in the broad sense. If the perverse effects of this double process with regard to the construction of metropolitan governance seem unquestionable, in this paper we follow a complementary analytical path, focused on the brazilian metropolisation process : we try to verify to what extent internal variables of the metropolitan dynamic in Brazil are equally generators of politico-institutional blockages to the construction of metropolitan governance.
ES :
Recientes reflexiones acerca de los elementos en juego asociados a la construcción identitaria de la gobernanza metropolitana, han hecho un énfasis particular en el análisis de los efectos político-institucionales de un doble proceso : la mundialización y la neoliberalización. Asociado a una dinámica de repartición del poder hacia arriba y hacia abajo, el proceso de mundialización de las economías metropolitanas se manifiesta en el fortalecimiento y la autonomización de los actores políticos locales y supranacionales, así como en un debilitamiento de las autoridades intermedias, es decir, el Estado Nacional y el gobierno metropolitano. En cuanto al proceso de neoliberalización, éste implica una desactivación de los mecanismos de reglamentación de los conflictos asociados a la distribución y a las externalidades actuales del mercado. Éste tiene igualmente un efecto disuasivo en cuanto a la puesta en marcha de los mecanismos de reglamentación de los nuevos conflictos y externalidades inherentes a la política metropolitana. La combinación de los dos procesos implicaría una reconfiguración de las metrópolis, las cuales conllevan lagunas en materia de gobernanza, en el sentido estricto, y en materia de política, en un sentido amplio. Si los efectos perversos de este doble proceso acerca del establecimiento de la gobernanza metropolitana parecen indiscutibles, en el presente artículo nosotros adoptamos un punto de vista analítico complementario, haciendo énfasis en el proceso de metropolización en Brasil. Intentamos verificar en qué medida las variables internas de la dinámica metropolitana brasileña son igualmente generadoras de bloqueos político-institucionales en la puesta en marcha de la gobernanza metropolitana.