FR:
« Mais ils ont si peu de besoins »
Les Inuit de la baie d'Ungava et la traite à Fort Chimo (1830-1843)
À l'aide de données d'archives fragmentaires et de sources publiées, nous décrivons et analysons l'avènement, l'établissement et le développement des relations de traite entre les Inuit de la baie d'Ungava et la Compagnie de la Baie d'Hudson au comptoir de Fort Chimo, de 1830 à 1843, en tentant principalement de découvrir les modalités et les effets de la participation des Inuit à la traite. Cet épisode se situe dans le prolongement de relations de traite avec les établissements moraves de la côte septentrionale du Labrador, auxquelles cependant il ne met pas fin. Il fait appel à la participation d'engagés, de domiciliés et de visiteurs saisonniers (environ 250), originaires essentiellement de la rive occidentale de la baie d'Ungava. Il donne lieu à l'échange irrégulier d'une quantité et d'une variété limitées de produits, surtout par des intermédiaires inuit. Il entraîne une série d'effets : spécialisation d'un groupe et de certains individus dans la traite, modification partielle des rapports interethniques, épidémies, famines, déplacements de population, etc. Dans ce processus, la plupart des Inuit gardent intact leur mode de production et restent indépendants des Européens.
EN:
" But Their Needs are so Few "
The Inuit of Ungava Bay and Trade at Fort Chimo (1830-1843)
Using archivai and published sources, this paper examines the advent and the development of trade between the Inuit of Ungava Bay and the Hudson's Bay Company at Fort Chimo, from 1830 to 1843. It shows that a) the trade at Fort Chimo was an extension of former trading relationships with the Moravian stations of Labrador, which were carried on after 1830 ; b) it involved the participation of servants, homeguards and seasonal visitors (250 approxi-mately), who originated mainly from the West Coast of Ungava Bay ; c) it led to the irregular exchange of a limited variety and quantity of products, mainly through middlemen ; d) it had a séries of conséquences such as group and individual specialization in trade, partial modification of interethnic relationships, épidémies, starvation, population movements, etc. In this process, most Inuit kept their mode of production intact and remained independent of the Europeans.