Cinémas
Revue d'études cinématographiques
Journal of Film Studies
Volume 6, Number 2-3, Spring 1996 La Critique cinématographique Guest-edited by Michel Larouche and René Prédal
Table of contents (18 articles)
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Présentation
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Les lieux de la critique
René Prédal
pp. 11–28
AbstractFR:
À partir d’un corpus français, l’auteur se propose de réfléchir à la nature et aux fonctions de la critique de cinéma s’exprimant dans les revues spécialisées ainsi que dans la grande presse et à la télévision : rôle d’information, d’expression, d’éducation..., mais pour quel type de communication? Quelle articulation avec théories et idéologies? Quel équilibre entre histoire, analyse et actualité? Hier organes des ciné-clubs et de la cinéphilie, à qui s’adressent aujourd’hui ces publications qui gagnent en légitimité à mesure qu’elles perdent de plus en plus leurs lecteurs? La crise actuelle est-elle due à la réduction de l’espace rédactionnel, à la faible crédibilité des textes, à la perte d’acuité du regard critique...?
EN:
Using French materials, the author offers a reflection on the nature and functions of film criticism in specialized magazines, as well as in mass publications and on television. What are the roles of information, expression, education, and for what type of communication? How is criticism articulated to theories and ideologies? What is the balance between history, analysis, and current issues? Formerly the organs of film clubs and cinephiles, who today is addressed by these publications that have gained legitimacy as they have lost readership? Is the present crisis due to a reduction of editorial space, a low credibility of the texts, or a loss of acuity in the critical gaze?
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Critique/théorie : l’évaluation et la preuve
Alain Bergala
pp. 29–44
AbstractFR:
La spécificité de l’écriture critique, par rapport à celle de la promotion ou de l’analyse, est qu’elle émane de quelqu’un qui s’autorise à « évaluer » et dont une des fonctions est de faite cette évaluation. La morale « scientifique » de l’analyste lui interdit d’évaluer son objet sur le mode critique, conjoncturel. Seul son choix de tel ou tel film laisse supposer — le plus souvent implicitement — une évaluation globale préalable à la décision d’en faite son objet d’étude. L’évaluation — sans laquelle il ne saurait y avoir véritablement d’écriture critique — peut se faite au nom d’un consensus préexistant (autour d’un système de valeurs supposées partagées par les lecteurs de telle revue, tels journal ou hebdomadaire), au nom de la pure subjectivité de son auteur (la critique d’humeur connaît encore de beaux jours) ou en essayant de produire des « preuves » prélevées dans le film pour corroborer la validité des jugements qu’elle émet. Cet article travaille pour l’essentiel ce qui se joue en termes d’évaluation et de preuves, à la frontière (qui a été biographiquement celle de l’auteur) entre la critique et l’analyse.
EN:
What makes criticism distinct from promotional ot analytic writing is that in critical wtiting, the author is someone who assumes the authority to "evaluate," whose functions include doing so. The "scientific" morality of the analyst forbids the evaluation of the object of analysis in a critical, conjunctutal fashion. Only the choice of which film to analyse signals, most often implicitly, an overall evaluation prior to the decision to study a particular film. Evaluation, without which one cannot really speak of criticism, may be done in the name of a pre-existing consensus (around a system of values presumably shared by the readers of such and such magazine, newspaper or weekly), or in the name of the pure subjectivity of the author (mood criticism is still in full flower), ot by extracting "proofs" from the film to support the validity of the judgments made. This article looks in particular at what is involved in evaluation and proof, at the intersection (reflecting the biography of its author) between criticism and analysis.
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De la critique de cinéma à la critique de film : la modernité antonionienne, effet de critique ou démarche d’auteur?
Dominique Nasta
pp. 45–64
AbstractFR:
Cet article essaie de mettre en évidence la dualité constitutive auteur/critique, principal embrayeur de la modernité antonionienne. La critique des films d’Antonioni s’avère difficile, car il s’agit de juger une oeuvre qui véhicule un message imprégné de multiples thèmes socioculturels, tout en rompant avec la tradition classique du récit filmique. Un panorama de critiques sur L’Avventura suivi d’un survol des opinions du cinéaste permettent ici de mieux cerner la problématique visée.
EN:
This article explores the constitutive duality of author and critic, the primary impetus behind Antonioni's modernity. Criticizing his films is difficult because it involves judging work that not only carries a message implicated in multiple socio-cultural themes, but which at the same time breaks with the classic tradition of film plot. An overview of criticism of L’Avventura, followed by the filmmaker's own opinions, will permit a better undetstanding of the problematic under study.
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La critique et le public
Yannick Mouren
pp. 65–79
AbstractFR:
Une question hante les agents du champ cinématographique: « Le public a-t-il raison? » Le discours critique évite généralement de se positionner par rapport à cette interrogation. Sa présence, toujours sous-jacente, peut être mise en lumière en analysant diverses recensions du film Les Visiteurs, le plus grand succès français de ces dernières années. On peut expliquer les différentes prises de position sur ce film (du dithyrambe sans réticences au démolissage expéditif) si l’on tient compte de plusieurs variables comme la date de parution de l’article (impliquant ignorance ou connaissance du triomphe du film) et les nombreuses positions critiques adoptées dans le champ.
EN:
One question haunts those who work in the cinematographic field: "Is the public right?" Normally criticism avoids taking a stand on this issue. Its unacknowledged relevance may be illuminated by analyzing various responses to the film Les Visiteurs, the biggest French box-office success of recent years. One can explain the various stands taken regarding the film (from unabashed hymn of praise to hatchet job) by looking at variables like the article's publication date (implying awareness ot ignorance of the triumph of the film), and the critical position taken towards it.
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Le public et la critique. Le difficile récit de la réception
Denis Bachand and Lucie Hotte
pp. 81–99
AbstractFR:
Cette étude comparative des discours de réception critique et spectaroriale vise à évaluer à la fois la représentativité de la critique, son incidence sur la réception spectaroriale et les écarts d’interprétation qui différencient ces deux groupes de spectateurs. Les éléments narratifs, thématiques et figuratifs mentionnés dans chacun des discours sont identifiés afin de dégager une image de chacune des instances de réception. Les auteurs fondent leur étude sur l’accueil réservé en France au film Léolo de Jean-Claude Lauzon (1992).
EN:
This comparative study of film critics and spectators' reception aims to evaluate the representativity of critical writing, its influence on the public and the divergences in interpretation between both groups of spectators. The narrative, thematic and figurative elements which constitute both discourses are identified in order to delineate each type of reception. The authors of this article based their study on the reception of Jean-Claude Lauzon's Léolo (1992) in France.
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Le territoire de la critique
Denis Bellemare
pp. 101–112
AbstractFR:
La critique, c’est aussi de la théorie. Le dualisme que la pratique impose à la critique et à la théorie ne doit pas leur faire oublier leurs exigences communes de connaissance et de jugement. Dans un tel contexte d’écriture, quelles figures la critique du cinéma québécois tente-t-elle d’imprimer au territoire filmique? L’auteur cherche à bien définir une posture de critique d’imitation et d’identification. La critique et le film ne trouvent pas la distance nécessaire à leur propre symbolisation. Toutefois, la fin des années 80 laisse poindre un imaginaire nouveau du cinéma québécois obligeant lentement la critique à se repositionner.
EN:
Criticism is also theory. The dualism that practice imposes on critics and theory should not obscure the common requirements of knowledge and judgment. In this context of writing, what figures does Québécois cinema criticism seek to imprint on this ground? The author addresses this issue through a discussion of the criticism of imitation and identification. Criticism and film don't manage the necessary distance for its own symbolization. Nevertheless the end of the 1980s brought a new imaginary to Québécois cinema which has slowly forced critics to reposition themselves.
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"Common People with Common Feelings:" Pauline Kael, James Agee, and the Public Sphere of Popular Film Criticism
Leo Charney
pp. 113–126
AbstractEN:
This essay focuses on the writings of Pauline Kael and James Agee as the leading examples of the rhetoric of American popular film criticism, which the author suggests is chatacterized by three elements: the critic's effort to distance him / herself from both other critics and the entertainment industry; to emphasize the personal and subjective nature of his / her responses; and to use his / her writing as the catalyst for a public sphere of film response.
FR:
Cet article traite des écritures de Pauline Kael et James Agee comme exemples conducteurs de la rhétorique de la critique du film populaire états-unien, caractérisées par trois éléments : l’effort pour se distancier des autres critiques et de l’industrie du spectacle; la volonté de mettre l’accent sur la nature personnelle et subjective de leur perception de chacun des films; et l’utilisation de l’écriture comme catalyseur pour une sphère publique de réaction au film.
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L’écriture de la critique
Michel Larouche and Serge Cardinal
pp. 127–139
AbstractFR:
Cet article traite du travail d’écriture de la critique cinématographique, en le distinguant de celui de la critique d’art en général et de celui de la critique littéraire. Il fait état, dans un premier temps, de la dimension institutionnelle qui caractérise l’écriture de la critique cinématographique, pour ensuite aborder le travail d’interprétation à l’oeuvre, d’« adaptation », étant donné la nécessité du texte critique de transcrire un système signifiant dans un autre. Il traite ensuite de l’aspect « mimétique » de la critique, signe d’un fort degré de créativité, et de l’importance des figures d’altérité auxquelles se voit confronté tout discours critique.
EN:
This article discusses the work of writing film criticism, distinguishing it from art criticism in general and from litetary criticism. It sets forth, first of all the "institutional" dimension of film criticism, and then proceeds to examine the role of interpretation, of "adaptation," which results from the necessity for the critical text to transcribe one signifying system into another. The author then considers the "mimetic" aspect of criticism, sign of a high degree of creativity, and the importance of the figures of alterity with which all critical discourse is confronted.
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La critique et la disparition de son objet
Gilles Thérien
pp. 141–163
AbstractFR:
La critique cinématographique a fort à faire lorsqu’il lui faut parler du cinéma actuel. Au plan de la technique, on ne produit plus de mauvais films et l’objet-film a une tendance à devenir neutre au plan esthétique. Il doit s’adapter à trop de normes, à trop de médias de diffusion. Il ne reste plus que l’histoire, le récit qu’il faut critiquer sans le dévoiler. Les grandes maisons de production accompagnent leur diffusion de dossiers étoffés sur les films qui fournissent à la critique tout ce qu’il faut savoir sur le produit sans avoir à faire de recherche. La critique publique est condamnée à l’inefficacité et elle doit chercher du côté de la critique spécialisée, universitaire ou non, un complément de savoir. Or, même la critique universitaire est obnubilée par les procédés narratifs. Aussi faut-il consentir un effort particulier pour redonner à la critique un rôle, une fonction à l’endroit du cinéma. La question est discutée à travers l’analyse d’un cas particulier, mais exemplaire, Schindler’s List de Steven Spielberg. C’est à travers une forme de variation critique que ce film peut éveiller chez le critique et le spectateur un jugement qui va au-delà de l’histoire racontée. Il y retrouve alors un film inquiétant, étrange malgré les prix et les distinctions dont il a été inondé.
EN:
Film criticism faces a heavy task when it comes to the discussion of current cinema. On the technical level, there are no longer any badly made films, and the filmic object has a tendency to become neutral on the esthetic level. It must now adapt itself to too many norms, to too many forms of diffusion. All that remains is the story, the plot, which must be criticized without being revealed. The big production companies send out thoroughly documented press kits on their films, which supply the critic with everything there is to know about the product so that there is no need for research. Public criticism is condemned to inefficiency and has to look to specialized criticism, academic or otherwise, for additional information. But even academic criticism is clouded by narrative procedures. Should we therefore undertake a special effort to restore to criticism its role, its function with respect to cinema? This issue is discussed in an analysis of one particular, exemplary case, Steven Spielberg's Schindler's List. By means of a form of critical variation, this film succeeds in awakening in both the critic and the spectator a judgment that goes beyond the story it tells. It is thus a disturbing film, alien despite the many prizes and honours with which it was crowned.
Articles divers
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Descriptive and Normative Norms in Film Adaptation: The Hays Office and the American Film Noir
Patrick Cattrysse
pp. 167–188
AbstractEN:
The study of the normative and descriptive rules of adaptation in the American film noir replaces the usual textual analysis with an intersystemic analysis of the process of adaptation. Avoiding in this way an evaluation of the accuracy of the film with respect to the novel makes it possible to examine how certain social norms and certain narrative models will determine the passage from the written text to the screen.
FR:
Cette étude sur les règles normatives et descriptives de l’adaptation dans le film noir américain échange l’habituelle analyse textuelle pour une analyse intersystémique du processus d’adaptation. Évitant ainsi d’aboutir à l’évaluation du niveau de fidélité du film à l’égard du roman, il devient possible d’examiner en quoi certaines normes sociales et certains modèles narratifs vont déterminer le passage de l’écrit à l’écran.
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D’une psychanalyse de la musique au cinéma
Jeanne Deslandes
pp. 189–197
AbstractFR:
S’inspirant de nouvelles théories psychanalytiques mettant en évidence un processus identificatoire antérieur à la phase du miroir, l’auteure développe la notion d’identification par l’intermédiaire de la musique. Les concepts de miroir sonore et de « Moi-peau » sont mis à profit, ils contribuent à développer une nouvelle avenue pour l’analyse psychanalytique du cinéma.
EN:
Inspired by psychoanalytic theories setting forth an identification process that precedes the mirror stage, the author develops the notion of identification through the medium of music. The concepts of sound mirror and "Self-skin" are exploited, contributing to the development of a new avenue for the psychoanalytic analysis of cinema.
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Pragmatique et esthétique du film de mémoire. L’exemple de Strass Café
Diane Turcotte
pp. 199–214
AbstractFR:
À partir de l’exemple de Strass Café (Léa Pool, Québec, 1980), cet article étudie l’organisation structurelle d’un film de mémoire eu égard à l’instance de réception. Cette approche insiste sut le rôle joué par le spectateur dans la compréhension et l’interprétation du film et les manières dont le texte prévoit une telle participation. Deux aspects sont ainsi privilégiés : la dimension esthétique, par l’analyse des figures mémorielles, et la dimension pragmatique, par l’étude des différents modes de collaboration du spectateur. L’analyse de Strass Café nous permet de mettre de l’avant le concept de « dérive spectatorielle », qui explique la façon singulière dont le film de mémoire interpelle l’actant-lecteur.
EN:
Taking as an example Strass Café (Léa Pool, Quebec, 1980), this article studies the structural organization of a film of memory in relation to its reception. This approach foregrounds the role of the spectator in the understanding and interpretation of the film, and the ways the text anticipates such participation. Two aspects are thus highlighted: the esthetic dimension, through the analysis of memory figures, and the pragmatic dimension, through the study of the different modes of collaboration by the spectator The analysis of Strass Café enables us to advance the concept of "spectatorial drift" which explains the singular manner in which the film of memory interpellates the actant-reader.
Comptes rendus
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FALSETTO, Mario. Stanley Kubrick. A Narrative and Stylistic Analysis. Westport / London : Praeger, 1994, 217 p.
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ODIN, Roger (sous la direction de). Le Film de famille. Usage privé, Usage public. Paris : Méridiens Klincksieck, 1995, 235 p.
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BLACKBURN, Maurice. Filmusique, filmopéra (2 disques, un livret de 84 pages). Montréal : Étiquette Analekta / Phonothèque québécoise-Musée du son / ONF, 1996.