Meta
Journal des traducteurs
Translators' Journal
Volume 47, numéro 2, juin 2002 Traduction et terminologie juridiques Sous la direction de Wallace Schwab
Sommaire (13 articles)
-
Art and Juri-Linguistics. Strange Bedfellows or Inseparable Companions?
-
Vocabulaire juridique et schémas d’arguments juridiques
Pierre Lerat
p. 155–162
RésuméFR :
Les principales difficultés de la traduction juridique sont les dénominations, les constructions et les compatibilités sémantiques. Une méthodologie issue de Zellig Harris offre un cadre approprié : les « schémas d’arguments » (expressions prédicatives et classes d’objets), avec des applications aux constructions (le « figement ») et à la dérivation (la « condensation de schémas »). Le dictionnaire juridique français (Laboratoire de linguistique informatique, Paris 13, dir. G. Gross), avec des équivalents en anglais, utilise cette approche.
EN :
The main difficulties in legal translation are names, constructions and semantic compatibilities. A methodology inspired by Zellig Harris offers an appropriate framework: “schemata of arguments” (predicative expressions and classes of objects), with applications to constructions (“frozen phrases”) and to derivation (“condensation of schemata”). The French Legal Dictionary (Laboratoire de linguistique informatique, Paris 13, dir. G. Gross), with equivalents in English, uses this approach.
-
Le plus et le moins-disant culturel du texte juridique. Langue, culture et équivalence
Jean-Claude Gémar
p. 163–176
RésuméFR :
Le texte juridique est sans doute un des plus marqués culturellement. Il reflète la complexité d’une société, dont les institutions et le vocabulaire sont l’expression d’une culture parfois multimillénaire. La common law et le système civiliste n’en présentent pas moins de nombreuses similitudes — équivalences ou quasi-équivalences — qui reposent sur un certain nombre d’universaux communs à tous les systèmes juridiques. Mais ces systèmes présentent aussi de grandes différences qui tiennent à des écarts culturels parfois considérables. On peut parler ici d’intraduisibilité ou de quasi-intraduisibilité de termes porteurs d’une notion étrangère au système et à la culture d’arrivée. La réponse du traducteur variera en conséquence du « plus-disant culturel » (constitution, chartes) au « moins-disant » (contrat). La fonction et la destination du texte en détermineront le mode d’expression.
EN :
Legal texts abound in culturally loaded terms expressing a society’s complex institutions and vocabulary generated by cultures stretching back thousands of years. The common law and civil law systems bear numerous common features that are more or less equivalent and based upon a number of universals common to all legal systems. They also differ in many aspects as they present great cultural gaps that render translation of certain terms hazardous or even impossible since they may convey notions unknown to the target system and culture. The way the translator will address this problem shall vary according to the cultural load borne, in any given system, by the phrases and terms, from the highest (charter, constitution, statute) to the lowest (contract, regulation). The translator’s response to this challenge will be governed by the legal functions of the text and its target readers.
-
What’s so Special about Legal Translation?
Malcolm Harvey
p. 177–185
RésuméEN :
The aim of this paper is to provide an overview of the main difficulties of legal translation and discuss whether they justify claims that it is a category in its own right. It proposes a wide-ranging definition of legal translation, which calls into question some received notions about its inherent difficulties.
FR :
Cette étude vise à passer en revue les principales difficultés de la traduction juridique, en se demandant si elles en font, comme d’aucuns le prétendent, une catégorie à part. Elle propose une définition relativement large de la traduction juridique, ce qui conduit à nuancer ses prétendues spécificités.
-
Le use de la common law : étude terminologique
Gérard Snow
p. 186–197
RésuméFR :
Au cours des vingt dernières années, une terminologie française normalisée de la common law s’est élaborée au Canada dans le cadre du Programme national de l’administration de la justice dans les deux langues officielles (PAJLO). À l’aide d’un dossier sur le terme use, l’auteur vise à donner un aperçu de la méthode employée au cours des travaux terminographiques préalables à la normalisation et des problèmes particuliers que pose la transposition linguistique en droit.
EN :
Twenty years ago, work began on the standardization of a French-language terminology for the common law in Canada under the auspices of the National Program for the Integration of Both Official Languages in the Administration of Justice (POLAJ). Using his research on the term “use,” the author provides an overview of the pre-standardization research and analysis process involved and the problems faced by terminologists in transposing legal concepts from one language to the other.
-
Le discours sur la traduction juridique au Canada1
Judith Lavoie
p. 198–210
RésuméFR :
Le présent article propose une étude de la perception de la traduction législative par la communauté juridique à travers l’analyse des articles parus sur le sujet depuis les trente dernières années. Cette analyse montre que la traduction est souvent perçue comme un processus déformateur, entraînant du même coup une perception négative tant du résultat final (le texte traduit) que de la profession de traducteur. Discréditée d’abord pour les multiples calques qu’on retrouvait dans les lois fédérales traduites, la traduction l’est ensuite pour d’autres raisons : elle vaut moins que l’original (ne parle-t-on pas de simple traduction ?), elle est incomplète, elle fait intervenir la subjectivité du traducteur qui en vient à assumer le rôle du rédacteur-législateur. Les critiques portant sur le caractère servile des traductions des lois canadiennes avaient certes un fondement, toutefois, la mauvaise réputation que s’est faite la traduction ne semble pas avoir changé. De nos jours encore se trouvent des juristes pour qui traduire est un acte simple, qui ne requiert aucune créativité.
EN :
This paper examines the jurists’ perception of legislative translation through an analysis of the literature published over the last thirty years. The analysis shows that translation has long been seen as a process that, resulting in a negative perception of both the final product (the translated text) and distorts the translator’s profession. At first stigmatized because of the numerous calques which appeared in the federal statutes translated into French; translation was then criticized for other reasons: it was considered to be a secondary or derivative activity (the words simple translation are often used to describe the process); it was also said to be incomplete; and it was seen as subjective given that the translator took up the role of the legislator. Criticism concerning the literalist tendency in translation was undoubtedly justified, but translation’s bad reputation persists. Still, today, there are jurists for whom translating is a simple process which requires no creativity.
-
The Right of Abode Issue: Its Implication on Translation
Emily Poon Wai-Yee
p. 211–224
RésuméEN :
This paper explores the limitations on legal translation strategy by looking at the right of abode issue in Hong Kong—the very first case in which the role of interpretation was argued since the return of sovereignty to China in 1997. The different approaches to interpreting the mini-constitution, the Basic Law, by the Court of Final Appeal, the Hong Kong Government and the Central Authorities as well as public opinion on the issue will leave translators with no choice but to translate a text that carries terms with open interpretation as literally as possible so as not to affect the substance of the original text. This paper also discusses the strategy of translating a judgement made by a legal body. Legal bilingualism should enable the general public to understand the law to a greater extent than they previously did. A user-friendly approach to translation will accelerate the assimilation of the common law into the Chinese culture and language.
FR :
Cet article décrit les limites des stratégies de la traduction juridique en explorant la question du droit de résidence à Hong-Kong, le premier cas auquel a été abordé le rôle de l’interprétation depuis la restitution à la souveraineté de la République populaire de Chine en 1997. Les différentes approches à l’interprétation de la mini-constitution, la Loi Fondamentale, par la cour d’Appel, le Gouvernement de Hong Kong et les Autorités Centrales aussi bien que l’opinion publique sur la question laisseront les traducteurs sans autre choix que de traduire un texte qui porte des termes avec une interprétation aussi littérale que possible afin de ne pas changer le sens du texte original.
-
L’interprétation en milieu judiciaire
Gilles Bergeron
p. 225–232
RésuméFR :
Le droit au service d’un interprète dans le cadre de procédures de cour est consacré dans les Chartes des droits canadienne et québécoise et, par conséquent, constitue donc un élément important de l’administration de la justice au Canada. Les tribunaux ont interprété les dispositions de ces chartes et ont développé des normes d’interprétation auxquelles nous sommes confrontés et dont le respect n’est pas sans poser certains problèmes. Bien sûr, ce droit constitutionnel n’a pas le même impact d’une région à l’autre. La région de Montréal, par exemple, présente un portrait multiethnique particulier puisque environ 90 % de la population immigrante du Québec y résident. Cette diversité culturelle qui caractérise la région vient donc nécessairement teinter les services judiciaires qui y sont offerts. La conjugaison évolutive de ces droits, de ces normes et de ces réalités socioculturelles se présente donc, pour une cour comme celle de Montréal, comme un défi constant à relever dans le cadre d’une saine administration de la justice.
EN :
The right to the services of an interpreter within the framework of court procedures is enshrined in both the Canadian and the Quebec Charter of Rights, and therefore, constitutes an important element in the administration of justice in Canada. The courts have interpreted the provisions of these Charters and have developed standards of interpretation with which we are faced and of which application is not without problems. Certainly, this constitutional right does not affect all regions in the same way. For example, the Montreal region has a multiethnic character all its own, as 90% of all immigrants who settle in Quebec live here. This cultural diversity, which characterizes the region, will necessarily affect the judicial services offered. The combined evolution of these rights, norms, and sociocultural realities therefore represent, for a court such as Montreal’s, a constant challenge within the framework of a sound administration of justice.
-
Terminographie juridique et spécificités textuelles
Maria da Graça Krieger
p. 233–243
RésuméFR :
Cet article décrit quelques propositions théorico-méthodologiques adoptées lors de l’élaboration d’un Glossaire multilingue du droit international de l’environnement. Les résultats présentés sont partis du principe selon lequel la prise en compte des spécificités textuelles, discursives et pragmatiques de chaque domaine de connaissance offre des critères pour l’identification de la terminologie étudiée, ainsi que des directives qui permettent de dépasser nombre d’impasses des entreprises terminographiques. On remarque aussi que le progrès de la terminologie est associé à la description du fonctionnement complexe du langage.
EN :
This article describes some theoretical and methodological propositions adopted in the elaboration of a Multilingual Glossary of Environmental Law. The results show that the identification of the terminology in focus and the guidelines to solve terminological problems can be determined by the textual, discursive and pragmatic specificities of each field of knowledge. This study suggests that progress in the field of terminology is linked to the description of how language is used in different areas.
-
La législation bilingue au Manitoba : le rêve d’une version française faite sur mesure pour son auditoire
Guy Jourdain
p. 244–264
RésuméFR :
L’auteur aborde dans un premier temps les faits socio-historiques qui servent de toile de fond, d’une part, à la norme constitutionnelle de bilinguisme législatif au Manitoba et, d’autre part, au besoin d’une réorientation de ses méthodes d’application. Après cette mise en situation, il examine la portée de la norme constitutionnelle en cause et les moyens conventionnels susceptibles d’être employés pour tenter de la mettre en oeuvre. En dernier lieu, il propose un certain nombre de mesures de rattrapage destinées à atténuer les conséquences de 90 ans d’unilinguisme anglais en matière législative et à assurer que, sur le plan de son mode d’expression, la version française de la législation bilingue soit le mieux possible adaptée au public qu’elle vise. À cet effet, il préconise des interventions de trois ordres qui ont respectivement trait à la codification des lois, à la simplification des lois et à la vulgarisation du droit en français. Il conclut en exprimant l’avis que, si une réforme en profondeur n’a pas lieu, l’idéal constitutionnel de bilinguisme législatif pourrait être en péril.
EN :
The author first discusses the social and historical background forming the substance of the constitutional norm of legislative bilingualism in Manitoba, on the one hand, and the need to redirect its application, on the other. He then examines the scope of the constitutional norm in question and the conventional means that may used to implement them. Lastly, he proposes remedial action to counter the effects of 90 years of English legislative unilingualism and ensure that, in its mode of expression, the French version of bilingual legislation is optimally adapted to its target audience. To this end, he proposes three measures, i.e. the codification of laws, the simplification of legislation, and the clarification of the law in French. He concludes by expressing the opinion that, failing in-depth reform, the constitutional ideal of legislative bilingualism may be jeopardized.
-
Peut-on faire de la traduction juridique ? Comment doit-on l’enseigner ?
Michel Sparer
p. 266–278
RésuméFR :
Cet article de 2002 est une occasion de formuler quelques considérations sur la compréhension de ce qu’est ou devrait être la traduction juridique et sur la formation des traducteurs et traductrices. Il s’agit de répondre à bien des questions ou préjugés : peut-on traduire des textes juridiques ? Faut-il être juriste pour le faire ? Les cours de traduction juridique dispensés au premier cycle sont-ils suffisants pour qu’une personne puisse s’engager dans cette activité en tant que professionnel ? Le droit canadien est ici exprimé en deux langues. Mais le Canada et le Québec sont au confluent de deux traditions juridiques ; un contexte où l’on a deux vocabulaires juridiques : un vocabulaire juridique civiliste bilingue et un vocabulaire juridique bilingue de common law. Ce qui fait quatre vocabulaires juridiques. De plus, les langues évoluent : il existe autant de chances d’établir un lien parfait et stable entre deux termes que de passer d’une montgolfière à une autre en marchant sur une corde tendue entre les deux nacelles. Au delà de cette complexité, il est aussi essentiel d’amener les futurs traducteurs ou traductrices à comprendre ce qui se passe dans l’esprit du juriste qui a conçu le texte à traduire, selon la tradition juridique dont il est issu. Faut-il faire une maîtrise orientée en traduction juridique pour pouvoir toucher à ce domaine ? La formation en traduction juridique telle qu’on la connaît actuellement est-elle adéquate ? Malgré les préalables imposés pour l’accès à ce genre de cours, le programme de premier cycle en traduction devrait consacrer plus de temps à la traduction juridique.
EN :
This article in 2002 provides the opportunity to formulate a few considerations regarding the comprehension of what is, or should be, legal translation and how translators are trained to cope with such translation. It is an attempt to address certain issues or biases found in questions such as: Can legal texts be translated? Should one be a trained legal specialist to do such translation? Are undergraduate university courses sufficient for preparing translators in this field? Canadian law is expressed here in two languages. But Canada and Québec are home to two traditions of law, hence a context with two legal vocabularies: a bilingual civil law vocabulary and a bilingual common law vocabulary, in all four specialized vocabularies. Like all things, languages evolve. Finding a perfect and stable equivalence linking two terms in French and English is a daunting task that in the absolute, smacks of the impossible. Besides systemic complexity, legal translators must understand the workings of the legal mind that composes texts to be translated and how this occurs in a specific legal tradition. Would a master’s degree with a speciality in legal translation suffice? Despite the prerequisites for taking such a course, undergraduate translation courses should allot more time to legal translation.
-
A Quebec-Canada Constitutional Law Lexicon (French to English)
-
L’accréditation des interprètes judiciaires au Palais de justice de Montréal