Volume 38, Number 3, 2014 Vue de l'autre, voix de l'objet : matérialiser l'immatériel dans les musées Other's Views, Artefacts Voices: Materializing the Immaterial in Museums Atisbos del otro, voces de los objetos: Materializar lo inmaterial en los museos Guest-edited by Laurent Jérôme
Table of contents (20 articles)
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Présentation : vues de l’autre, voix de l’objet dans les musées
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Lois autochtones, loi sur la propriété intellectuelle et politiques muséales : des diverses méthodes de protection du patrimoine immatériel autochtone
Catherine E. Bell, Jessica C. Lai and Laura K. Skorodenski
pp. 25–59
AbstractFR:
La question des relations respectueuses et, dans le cadre de ces relations, la question de la conciliation des lois et des valeurs relatives à l’usage et au contrôle du patrimoine immatériel autochtone, sont soulevées dans de nombreux contextes muséaux, entre autres en ce qui concerne : le rapatriement des objets de culture matérielle et des informations associées ; la cogestion des informations et des expressions culturelles qui étaient (ou ont été) considérées comme sensibles ou sacrées par une communauté autochtone ; les données et les résultats des recherches portant sur les Peuples autochtones ou menées sur leurs territoires ; et les images numériques et les procédés multimédias conçus pour améliorer les expositions ou l’accès aux informations, ainsi que la participation des Autochtones à l’interprétation et au contrôle des collections et/ou la participation du grand public par l’intermédiaire des technologies actuelles (par exemple, les « musées virtuels »). Cependant, la nature particulière des normes occidentales de la propriété intellectuelle (dictées dans une large mesure par des contraintes internationales) et la scission entre matériel et immatériel dans le domaine de la propriété occidentale compliquent le tableau. Cet article décrit l’environnement juridique et politique actuel du traitement du patrimoine immatériel dans les expositions et les collections muséales et la façon dont la Loi sur la propriété intellectuelle, en particulier sur les questions des marques de commerce et des droits d’auteur, présente autant d’opportunités que de difficultés pour la mise en oeuvre de politiques acceptables vis-à-vis des lois autochtones et de relations respectueuses avec les Autochtones.
EN:
Issues around defining respectful relationships, and within those relationships, reconciling laws and values concerning use and control of intangible Indigenous heritage, arise in numerous museum contexts including : repatriation of material culture and associated information ; co-management of information or cultural expressions that were (and are or have been) considered sensitive or sacred by an Aboriginal community ; data and products of research derived from Aboriginal peoples or conducted within their territories ; and digital images and multi-media processes designed to enhance exhibits or access to information and participation of Aboriginal peoples in interpretation and control of collections and/or a broader public through use of contemporary technologies (e.g. « virtual museums »). However, the particular nature of western intellectual property norms (largely dictated by international obligations) and the intangible/tangible divide in western property complicate the matter. This article introduces the current legal and policy environment for addressing intangible heritage in museum exhibits and collections and how intellectual property law, in particular trade mark and copyright law, offer opportunities and challenges for policy implementation respectful of Indigenous laws and relationships.
ES:
La cuestión de las relaciones respetuosas y en el marco de dichas relaciones, la cuestión de la conciliación de las leyes y de los valores relacionados con el uso y el control del patrimonio inmaterial autóctono, se plantean numerosos contextos museísticos, entre ellos : el de la repatriación de los objetos de cultura material y de las informaciones asociadas ; la cogestión de las informaciones y de las expresiones culturales que fueron (o han sido) consideradas como sensibles o sagradas por una comunidad autóctona ; los datos y los resultados de las investigaciones sobre los Pueblos Autóctonos o realizadas en sus territorios ; sobre las imágenes numéricas y los procedimientos multimedia concebidos para mejorar las exposiciones o el acceso a las informaciones, así como la participación de los Autóctonos en la interpretación y el control de las colecciones y/o la participación del gran público mediante las tecnologías contemporáneas (por ejemplo, los « museos virtuales »). No obstante, la naturaleza particular de las normas occidentales de la propiedad intelectual (dictadas en gran medida por las obligaciones internacionales) y la escisión entre material e inmaterial en el campo de la propiedad occidental complican el problema. Este artículo describe el entorno jurídico y político contemporáneo del tratamiento del patrimonio inmaterial en las exposiciones y colecciones museísticas y la manera en que la Ley sobre la propiedad intelectual, en particular sobre las cuestiones de marca registrada y de derechos de autor, ofrece tanto dificultades como oportunidades para aplicar políticas respetuosas de las leyes autóctonas y de las relaciones respetuosas con los Autóctonos.
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« Ces artéfacts ont un langage bien à eux » : collections muséales, propriété et politiques de la différence
Claire Poirier
pp. 61–77
AbstractFR:
Dans cet article, j’examine la relation entre un conservateur de musée et un Cri des Plaines spécialiste des rituels, dans le cadre d’une recherche anthropologique portant sur des objets autochtones sacrés et cérémoniels appartenant à des collections muséales, donc à l’État. J’avance que les relations des Autochtones avec les objets sacrés et cérémoniels se situent nécessairement en-dehors des catégories de la propriété sur lesquelles se fonde l’État, et je démontre que le simple fait de mettre en doute le présupposé voulant qu’il n’y ait qu’un unique cosmos préexistant remet en question ce qui est en jeu dans les revendications de propriété. Plutôt que de se préoccuper de droits de propriété légaux, ces revendications font apparaître que ce qui constitue les relations éthiques entre les musées et les peuples autochtones dépend de la reconnaissance de l’existence de mondes différents.
EN:
In this paper, I consider the relationship between a museum curator and a Plains Cree ceremonialist in reference to anthropological scholarship concerned with state ownership of indigenous sacred and ceremonial materials in museum collections. I argue that indigenous relations with sacred and ceremonial items necessarily sit outside of the categories of ownership on which the state depends, and show that unsettling the assumption that there is a single, pre-existing cosmos draws into question what is at stake in ownership claims. Rather than being concerned with the legal property rights, these claims make apparent that what constitutes ethical relations between museums and indigenous peoples depends on the recognition of different worlds.
ES:
En este artículo examino la relación entre un conservador de museo y un Cri de los Llanos especialista en rituales, en el marco de una investigación antropológica sobre los objetos autóctonos sagrados y ceremoniales pertenecientes a las colecciones museísticas, de decir, al Estado. Afirmo que las relaciones de los Autóctonos con los objetos sagrados y ceremoniales se sitúan necesariamente fuera de las categorías de la propiedad sobre las cuales se funda el Estado, y demuestro que el simple hecho de dudar la presuposición que sólo existe un cosmos pre-existente cuestiona lo que está en juego en las reivindicaciones de propiedad. Más que preocuparse de los derechos legales de propiedad, esas reivindicaciones muestran que lo que constituye las relaciones étnicas entre los muesos y los pueblos autóctonos depende del reconocimiento de la existencia de mundos diferentes.
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Accompagner les Taonga à travers le monde : une exposition māori à Paris et à Québec
Natacha Gagné and Mélanie Roustan
pp. 79–93
AbstractFR:
L’exposition E Tû Ake : Standing Strong (Mâori debout) conçue par le musée national de Nouvelle-Zélande, le Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, fut présentée en 2011-2012 au Musée du quai Branly, à Paris, et en 2012-2013 au Musée de la civilisation, à Québec. Sont discutés ici les résultats préliminaires d’une recherche comparative portant sur la conception et la réception de cette exposition itinérante : ses permanences et transformations au sein des différentes institutions, les effets de la volonté des Mâori de maintenir la dimension rituelle des objets. Il s’agit de réfléchir à l’exposition comme une « vue de l’Autre », au double sens d’un regard porté par les Mâori sur eux-mêmes et leurs objets, et d’un regard porté sur eux à travers leurs objets et leur mise en scène. Le croisement de ces regards permet de saisir l’exposition comme créatrice d’un espace de réflexion sur Soi et sur le rapport à l’altérité, que ce soit au niveau des équipes des musées ou de leurs visiteurs. Ces questionnements prirent des tonalités différentes en fonction des traditions muséales et nationales. Nous explorons ces processus en portant une attention particulière au traitement des objets et aux usages des corps.
EN:
The exhibition E Tû Ake : Standing Strong (Mâori debout) was produced by the Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, a national museum. It was presented in Paris, at the Musée du quai Branly (2011-2012), and in Québec city, at the Musée de la civilisation (2012-2013). In this paper, we discuss the preliminary results of a comparative research on the development and design as well as reception of this exhibition. This research looks at the continuities and transformations of the exhibition in the different institutions, and at the effects of the Mâori affirmation of the ritual dimension of the objects. The point is to think the exhibition as the « other’s point of view », meaning the ways Mâori look at themselves and their objects, but also as « a view on the other » through their objects and their staging. The crisscrossing perspectives show that the exhibition opens a space for reflection on oneself and the other. This emerges from the interviews with the museums’ staff as well as with visitors. The interrogations’ types and contents vary according to the museum and the national traditions. We explore these processes giving due attention to the uses of objects and bodies.
ES:
La exposición E Tû Ake : Standing Strong (Mâori de pie) concebida por el museo nacional de Nueva Zelandia, el Museum of New Zeland Te Papa Tongarewa, se presentó en 2011-2012 en el Musée du quai Branly, en Paris y en 2012-2913 en el Musée de la civilisation de Quebec. Aquí se discuten los resultados preliminares de una investigación comparativa sobre la conservación y la recepción de esta exposición itinerante : sus permanecías y transformaciones al interior de diferentes instituciones, los efectos de la voluntad de los Maorí de preservar la dimensión ritual de los objetos. Se trata de reflexionar sobre la exposición como un « Atisbo del Otro » en el doble sentido de una mirada que los Maorís echan sobre ellos mismos y sus objetos, y un atisbo de los otros sobre ellos a través de sus objetos y su escenificación. El cruce de las miradas permite cerner la exposición como creadora de un espacio de reflexión sobre Si mismo y su relación con la alteridad, ya sea a nivel de los equipos de los museos o de sus visitantes. Esos cuestionamientos adquirieron diversas tonalidades en función de las tradiciones museísticas y nacionales. Exploramos esos procesos otorgando una atención particular al tratamiento de los objetos y al uso de los cuerpos.
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Politique des objets de musée en Afrique de l’Ouest
Julien Bondaz
pp. 95–111
AbstractFR:
Cet article montre comment les objets exposés dans les musées nationaux d’Afrique fonctionnent comme des supports de discours identitaires ou comme des moyens de reconnaissance et de revendications politiques. Le paradigme ethnique hérité de la période coloniale donne lieu à des aménagements et à des actualisations, qui visent à rendre compte à la fois de la diversité culturelle et de l’unité nationale des différents pays concernés. Les relations des visiteurs aux collections muséales sont parfois l’occasion de processus de subjectivation et d’appropriation, dont l’observation permet de décentrer les débats sur les publics des institutions patrimoniales. Sur la base d’exemples concernant les musées nationaux du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Sénégal, il s’agit ainsi de mieux comprendre pourquoi les usages politiques des objets de musée posent non seulement des problèmes muséographiques, mais aussi des questions plus importantes au sujet de la fabrique des communautés en Afrique de l’Ouest.
EN:
This article shows how the objects exhibited in African national museums work either as a basis for a discourse on identity, or as a medium of recognition and political claims. The tribal paradigm inherited from the colonial period gives rise to a range of adjustments and updates, both reporting on the cultural diversity and national unity of these countries. At times, the connection between the visitors and the museum collections produces a process of subjectivization and appropriation, refocusing the debate on the different bodies composing patrimonial institutions. Using examples taken from national museums in Mali, Niger, Burkina Faso and Senegal, this article questions why the political use of these objects engenders museographic issues, leading to broader interrogations about the making of a sense of community in West Africa.
ES:
Este artículo muestra cómo los objetos expuestos en los museos nacionales de África funcionan como soportes de discursos identitarios o como medios de reconocimiento y de reivindicaciones políticas. El paradigma étnico heredado del periodo colonial ha dado lugar a ordenaciones y actualizaciones que tratan de informar al mismo tiempo de la diversidad cultural y de la unidad nacional de los diferentes países concernidos. Las relaciones de los visitantes con las colecciones museísticas a veces dan lugar a procesos de subjetivación y de apropiación, cuya observación permite descentrar los debates sobre los públicos de las instituciones patrimoniales. Basados en ejemplos sobre los museos nacionales de Mali, de Nigeria, de Burkina Faso y de Senegal, se trata de comprender por qué la utilización política de los objetos de museo plantean problemas no solamente museográficos sino asimismo cuestiones más importantes sobre la construcción de las comunidades en África occidental.
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De la conservation à la restitution : l’itinéraire d’un couteau miniature (qalugiujaq) du chamane Qimuksiraaq chez les Inuit du Nunavut
Frédéric B. Laugrand and Jarich G. Oosten
pp. 113–136
AbstractFR:
Cet article traite de l’itinéraire d’un qalugiujaq, un couteau miniature ayant appartenu au célèbre chamane Qimuksiraaq. L’objet a été trouvé dans un fonds d’archives des Soeurs grises de Nicolet, et récemment restitué à un descendant de ce chamane. Les auteurs soulignent l’agencéité de ces objets miniatures capables de créer des connexions dans le temps ou dans l’espace. Ici, le pouvoir transformationnel de la miniature à l’étude demeure visiblement intact en dépit de plusieurs décennies de christianisation. Au-delà de mesures dites d’indigénisation, ce constat devrait conduire les musées à plus d’ouverture et de prudence dans la gestion de leurs collections d’objets miniatures.
EN:
This article discusses the itinerary of a qalugiujaq, a miniature knife that belonged to the famous shaman Qimuksiraaq. The object was found in the archives of the Grey Nuns of Nicolet and recently returned to a descendant of the renowned shaman. The authors discuss miniatures as agencies that have a capacity to make connections in time or space. In this particular case the transformational power of the miniature remained intact despite decades of Christianity. Beyond measures of indigenization, this observation should lead museums to be more open and careful in the management of their collections of miniature objects.
ES:
Este artículo trata del itinerario de un qalugiujaq, un cuchillo miniatura que perteneció al célebre chaman Qimuksiraaq. El objeto fue encontrado en el fondo del archivo de las Hermanas grises de Nicolet, y restituido recientemente a un descendiente de ese chaman. Los autores subrayan la agenceidad de esos objetos miniaturas capaces de crear conexiones en el tiempo y el espacio. Aquí, el poder transformacional de la miniatura estudiada permaneció visiblemente intacto a pesar de varias decenas de cristianización. Más allá de las medidas de la supuesta indigenización, esta constatación deberá llevar a los museos hacia una mayor apertura y prudencia en la gestión de sus colecciones de objetos miniaturas.
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Regards des habitants de Kangiqsujuaq sur leurs albums de photographies de famille (1960-2012) : quelle prise en compte muséographique ?
Véronique Antomarchi
pp. 137–154
AbstractFR:
Cet article présente un terrain effectué en juillet 2012 dans un village du Nunavik (Nord Québec) dans le cadre d’un projet sur l’imagibilité inuit. Mené en accord avec la municipalité de Kangiqsujuaq, ce projet a fédéré une dizaine d’habitants qui ont choisi et commenté quelques photos de leurs albums de famille. Les 35 clichés recueillis ont été scannés et déposés à l’Institut culturel inuit Avataq à Montréal en vue d’assurer la protection et la conservation de ce patrimoine photographique « ordinaire ». Ces clichés ont ensuite été agrandis et viennent de faire l’objet d’une exposition dans la communauté afin de permettre la transmission intergénérationnelle autour de la mémoire collective, familiale, individuelle des habitants du village. L’enjeu essentiel de ce projet repose sur la prise en compte du regard des habitants qui permet une représentation plus appropriée du territoire. La question est de savoir dans quelle mesure ce patrimoine photographique pourrait rentrer en ligne de compte dans l’aménagement muséographique des centres de transmission des parcs nationaux, comme ici, en ce qui concerne le parc des Pingualuit, présenté comme l’icône touristique du Nunavik.
EN:
This paper presents fieldwork done in July 2012 in the village of Kangiqsujuaq in Nunavik (North Quebec), in the framework of a research project on Inuit imagibility. The project was carried through in agreement with the municipality of Kangiqsujuaq and involved about ten inhabitants who chose to comment some photos from their family albums. The 35 photos chosen by them were scanned and deposited at the Avataq Cultural Institute in Montreal, with the aim of protecting them and to preserve this « ordinary » photographic heritage. The photos have been enlarged and shown as an exhibition in the village so that they can contribute to the transmission between generations of memories of the group as well as families and individuals. The main objective of the project is to take into account the viewpoint of the inhabitants, which will allow to obtain a more appropriate representation of the territory. It remains to be seen whether this small photographic heritage might be integrated into the museographic setting of interpretation centers, such as the centre, situated in this village, of the Pingualuit Park that is presented as the touristic icon of Nunavik.
ES:
Este artículo presenta una investigación de campo que se llevó a cabo en julio 2102 en un pueblo de Nunavik (Norte de Quebec) en el marco de un proyecto sobre la imageabilidad inuit. Realizado con el acuerdo de la municipalidad de Kangiqsujuaq, este proyecto congregó a una decena de habitantes quienes seleccionaron y comentaron algunas fotos de sus álbumes de familia. Las 35 fotos colectadas fueron escaneadas y depositadas en el Instituto cultural inuit Avataq en Montreal, con el fin de asegurar su protección y la conservación de este patrimonio fotográfico « ordinario ». Después, se agrandaron las fotos y con ellas se realizó una exposición en la comunidad con el fin de promover la transmisión intergeneracional de la memoria colectiva, familia, individual de los habitantes del pueblo. El desafío esencial de este proyecto reside en la integración de la visión de los habitantes lo que posibilita una representación más adecuada del territorio. La cuestión es saber en qué medida ese patrimonio fotográfico podría ser tomado en cuenta en ordenación museográfica de los centros de transmisión de los parques nacionales, como aquí, en el caso del parque Pingualuit, presentado como el icono turístico de Nunavik.
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Dé-voiler les objets : la « normalité » exposée dans les installations muséales de Jimmie Durham
Sophie Moiroux
pp. 155–177
AbstractFR:
À partir des installations muséales de l’artiste contemporain Jimmie Durham et en tenant compte de ses réflexions, cet article propose une analyse des mécanismes mis en oeuvre afin d’exposer la « normalité », ou le regard courant porté sur les objets, que l’artiste a observé chez son public, celui des musées occidentaux. Durham présente des objets banals ou stéréotypés dans des vitrines avec cartels, composant des installations produites spécifiquement pour leur public, lequel est invité à s’engager dans les oeuvres. Il met en évidence la « normalité », en opérant notamment par des décalages humoristiques, et la fait entrer dans les musées en exposant des artéfacts qui ne s’y trouvent pas habituellement. Durham dévoile des implications occultées mais oppressantes de ce regard, en particulier en contexte colonial, et tente, par diverses investigations, de provoquer une réflexivité chez le spectateur dans le but de l’ouvrir à d’autres regards sur soi et sur les autres.
EN:
This article studies contemporary artist Jimmie Durham’s museum-style installations and, examining his reflections, offers an analysis of the mechanisms devised in order to exhibit the « normality », or the common point of view in understanding objects, which the artist has noticed among his public, that of Western museums. Durham presents ordinary objects or stereotypied artefacts in glass cases with labels. These installations are produced specifically for their public, who is invited to engage with the works. He reveals the « normality », in particular through humorous shifts, and makes it enter into the museum by exhibiting artefacts which are not usually found in it. Durham unveils this hidden point of view’s, which has oppressive implications, in colonial contexts in particular, and tries, through investigations, to provoke the beholder’s reflexivity with the aim to open new possibilities to include other points of view on selves and others.
ES:
A partir de las instalaciones museísticas del artista contemporáneo Jimmie Durham y tomando en consideración sus reflexiones, el autor propone en este artículo un análisis de los mecanismos empleados con el fin de exponer la « normalidad », o percepción ordinaria de los objetos que el artista ha observado en su público, el de los museos occidentales. Durham presenta objetos banales o estereotipados en las vitrinas con carteles, componiendo las instalaciones realizadas específicamente para su público el cual se le convida a comprometerse con las obras. Evidencia la « normalidad » especialmente gracias a las distancias humorísticas y al hecho de entrar en los museos exponiendo artéfactos que habitualmente no se encuentran en ellos. Durham revela las implicaciones ocultas pero omnipresentes en dicha percepción, en particular en un contexto colonial, y trata, al indagar, provocar una reflexividad en el espectador con el fin de abrir las posibilidades de comprender otras maneras de verse a sí mismo y a los otros.
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« Mise en intrigue » : quelques réflexions sur les expositions muséales de peintures à l’acrylique des Aborigènes du Territoire du Nord (Australie)
Françoise Dussart
pp. 179–206
AbstractFR:
Lorsque les oeuvres artistiques des Aborigènes d’Australie sont exposées dans des musées ou des galeries commerciales, elles sont trop souvent décontextualisées, sans aucune référence explicite au contexte sociohistorique de leur production. J’examine ici les pratiques muséales de deux expositions d’art aborigène australien (1988 et 2012) qui allièrent une collaboration entre musées, artistes autochtones et conservateurs. En analysant les différentes formes d’indexicalité déployées par les conservateurs, les musées et les artistes autochtones impliqués dans des expositions temporaires, j’interroge des façons de repenser les pratiques vers une décolonisation des mises en scène muséales.
EN:
Too often when Aboriginal artworks from Australia are exhibited in museums or commercial galleries, they are decontextualized from the sociopolitical context of their production. I examine the museum practices elaborated during two exhibitions of art by Aboriginal people (1988 and 2012) enabling collaboration amongst knowledge-making institutions such as museums, indigenous artists and curators. Analyzing the different indexical forms deployed by curators, museums, and artists in temporary exhibitions, I ask how to rethink certain practices towards a decolonization of museums’ « mise en scène ».
ES:
Cuando las obras artísticas de los Aborígenes de Australia se exponen en los muesos o en las galerías comerciales, con frecuencia están demasiado descontextualizadas, sin referencia explícita al contexto socio-histórico de su producción. Aquí examino las prácticas museísticas de dos exposiciones de arte autóctono australiano (1988 y 2012) que combinan la colaboración entre museos, artistas autóctonos y conservadores. Al analizar las diferentes formas de indexación utilizados por los conservadores, los museos y los artistas autóctonos implicados en exposiciones temporales, interrogo las maneras de re-pensar las prácticas que buscan la descolonización de los montajes museísticos.
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Yiwarra Kuju, ou comment l’espace a été transformé en lieu au National Museum of Australia
John Carty
pp. 207–230
AbstractFR:
Yiwarra Kuju: The Canning Stock Route est l’exposition qui a remporté le plus de succès dans toute l’histoire du National Museum of Australia (NMA). Structurée autour de peintures du désert réalisées par des Aborigènes contemporains, l’exposition représente la tentative la plus importante du NMA d’honorer les concepts, les valeurs et les voix aborigènes au moyen d’une exposition. En racontant l’histoire coloniale avec une perspective aborigène et en proposant aux visiteurs une expérience culturelle complexe dans le cadre d’une exposition d’art, Yiwarra Kuju… explorait des terrains inconnus de la muséologie. En effet, l’idée même d’« exposition » a été remise en question et transformée par un processus de conservation collaboratif et transculturel. Toutefois, l’acte collaboratif le plus important, préalable à Yiwarra Kuju…, a été de prendre au sérieux les artistes aborigènes ainsi que le défi conceptuel que représentait leur travail, tout en donnant à l’art aborigène l’espace institutionnel nécessaire pour remettre en question les conventions et les présupposés qui sous-tendent les approches muséales envers la culture matérielle et le patrimoine immatériel indigènes. Yiwarra Kuju… a testé différentes frontières dans l’approche muséale de l’art aborigène et de l’histoire australienne. Dans cet article, j’explore les défis conceptuels, politiques et méthodologiques uniques qui ont défini le processus de conservation.
EN:
Yiwarra Kuju: The Canning Stock Route was the most successful exhibition ever shown at the National Museum of Australia (NMA). Anchored around a display of contemporary Aboriginal desert paintings, the show encompassed the NMA’s most important attempt to honour Aboriginal concepts, values and voices in an exhibition. As a colonial history told from Aboriginal perspectives, and complex cultural experience wrapped in a fine art show, the exhibition inhabited unsettled curatorial ground. Indeed, the very idea of an « exhibition » was questioned and transformed through the cross-cultural and collaborative curatorial process. The ultimate collaborative act underpinning Yiwarra Kuju…, however, was in taking the Aboriginal artists and the conceptual challenge of their work seriously; giving Aboriginal art the institutional space to question conventions and assumptions underpinning curatorial approaches to Indigenous material culture and intangible heritage. Yiwarra Kuju… tested several frontiers in the curatorial approach to both Aboriginal art and Australian history. In this paper I explore the unique conceptual, political and methodological issues that defined the curatorial process.
ES:
Yiwarra Kuju: The Canning Stock Route es la exposición que ha tenido más éxito en toda la historia del National Museum de Austalia (NMA). Estructurada alrededor de pinturas del desierto realizadas por los Aborígenes contemporáneos, la exposición representa la tentativa más importante del NMA de rendir honor a los conceptos, los valores y las voces de los aborígenes a través de una exposición. Al narrar la historia colonial desde una perspectiva aborigen y al proponer a los visitantes una experiencia cultural complexa en el marco de una exposición de arte, Yiwarra Kuju, se situaba en campos de conservación inexplorados. En efecto, la idea misma de « exposición » fue cuestionada y transformada gracias a un proceso de conservación colaborativo y transcultural. No obstante, el acto colaborativo más importante previo a Yiwarra Kuju fue tomar seriamente en consideración a los artistas aborígenes y el reto conceptual que representaba su trabajo, así como otorgar al arte aborigen el espacio institucional deseable para cuestionar las convenciones y las presuposiciones que sostienen las perspectivas museísticas hacia la cultura material y el patrimonio inmaterial indígena. Yiwarra Kuju, ha sometido a la prueba diferentes límites de la perspectiva museística del arte aborigen y de la historia australiana. En este artículo, exploro las cuestiones conceptuales, políticas y metodológicas específicas que definieron nuestro proceso de conservación.
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Représentations de soi et décolonisation dans les musées : quelles voix pour les objets de l’exposition C’est notre histoire. Premières Nations et Inuit du XXIe siècle (Québec) ?
Laurent Jérôme and Élisabeth Kaine
pp. 231–252
AbstractFR:
À partir d’une expérience de muséologie participative menée avec des représentants autochtones pour la réalisation de la nouvelle exposition de référence des Musées de la civilisation de Québec, cet article propose une réflexion sur les enjeux, les défis et les limites des stratégies de représentations de Soi et des processus de décolonisation en muséologie. L’étape du développement des contenus – plus précisément celle du choix des objets à exposer –, de l’élaboration du discours les accompagnant et de la création des dispositifs de présentation servira de point d’ancrage à cette réflexion. Si les objets sont des éléments fondateurs du discours en muséologie, qui doit parler à travers eux dans le cadre d’une démarche visant la décolonisation des pratiques muséales et favorisant la représentation de Soi par les Autochtones ? En quoi l’objet et les réflexions liées à sa mise en scène dans une exposition peuvent-ils devenir les vecteurs d’un processus de décolonisation de la muséologie ?
EN:
This article concerns a participative museological project conducted with Indigenous representatives for the conception of the new exhibition of reference at the Museums of Civilization (Québec). It addresses some issues, challenges and limits in the strategies elaborated for developing the representations of Self and reinforcing the current decolonization process in museology. This reflection is based on the content development steps, and specifically documents the way the objects to be exposed have been chosen, the development of the speech accompanying them and the creation of the presentations devices. If the objects organize the speech in museology, who are the ones to speak through the objects in the decolonization process of the Museum practices and the valorization of the representation of Self by Indigenous Peoples ? How can the objects and reflections related to their staging in an exhibition become vectors of the museology decolonization process ?
ES:
A partir de una experiencia de museología participativa con representantes autóctonos en la realización de la nueva exposición de referencia de los Museos de la civilización de Quebec, este artículo propone una reflexión sobre las contingencias, los desafíos y los límites de las estrategias de representación de Sí mismo y del proceso de descolonización en museología. La etapa del desarrollo de los contenidos y de la creación de los dispositivos de presentación, servirá como punto de arraigamiento de esta reflexión. Si los objetos constituyen los elementos en donde se funda el discurso de la museología, ¿ quién debe hablar a través de ellos en el marco de un proceso cuya finalidad es la descolonización de las prácticas museísticas y que busca favorecer la representación del Sí mismo de los autóctonos ? ¿ Cómo los objetos y las reflexiones ligadas con el montaje de una exposición pueden convertirse en vectores de un proceso de descolonización de la museología ?
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« Se sentir chez soi » au musée : tentatives de fusion des sensoria dans les musées de société
Marie-Josée Blanchard and David Howes
pp. 253–270
AbstractFR:
Comment présenter la complexité sensorielle et symbolique d’une culture à l’intérieur d’un espace muséal qui possède lui-même un régime sensoriel souvent limité à la perception visuelle ? Cet article cherche à comprendre le rôle des perceptions sensorielles dans l’espace muséal à travers l’analyse de la nouvelle exposition permanente C’est notre histoire. Premières Nations et Inuit du XXIe siècle du Musée de la civilisation à Québec. En comparant les réalités sensorielles autochtones en Amérique du Nord et la présentation qui en est faite au Musée à travers trois exemples, nous démontrerons comment les stratégies de présentation d’objets faisant appel aux sens permettent au visiteur de se plonger dans les environnements autochtones et d’en saisir plus adéquatement la symbolique et l’importance culturelle. Malgré les efforts apportés lors de la phase préparatoire, où plusieurs représentants et communautés autochtones ont été consultés sur le contenu et le design de l’exposition, les objets exposés ne correspondent pas adéquatement aux idées que voulaient y traduire les Premières Nations et Inuit. Ces derniers ont clairement exprimé vouloir se « sentir chez eux » dans cet espace muséal, mais n’ont pas réussi à pleinement s’y identifier étant donné le fossé creusé entre le sensorium muséal et les sensoria autochtones.
EN:
How can the sensorial and symbolic complexity of a culture be presented within a museum space that already has its own sensorial regime, one that is often limited to the sense of vision ? This article explores the role of sense perception in museum space through an analysis of the new permanent exhibition This Is Our Story : First Nations and Inuit in the 21st Century at the Musée de la civilisation in Québec City. Through a comparison of autochthonous sensory realities and the presentation that is made of them in the case of three key examples from the exhibition, we show how sensory display strategies have the potential to enable visitors to immerse themselves in autochthonous environments and to make better sense of their symbolic and cultural importance. However, despite all the effort spent consulting source communities in the preparatory stage of the exhibition, and designing the exhibition itself, the eventual way in which the objects were displayed did not correspond to the ideas that the communities wanted to see expressed by means of the objects. The communities had clearly expressed the wish to « feel at home » in the museum space, but never succeeded at identifying fully with it given the gap between the museum sensorium and the autochthonous sensoria.
ES:
¿ Cómo presentar la complejidad sensorial y simbólica de una cultura al interior de un espacio museístico que posee en sí un régimen sensorial que con frecuencia se limita a la percepción visual ? Este artículo trata de comprender el rol de las percepciones sensoriales en el espacio museístico a través del análisis de la nueva exposición C’est notre histoire. Primeras Naciones e Inuit del siglo XXI del Museo de la civilización en Quebec. Al comparar las realidades sensoriales autóctonas en América del norte y la presentación que se hace en el Museo mediante tres ejemplos, demostraremos cómo las estrategias de presentación de los objetos interpelan los sentidos del visitante, le permiten sumergirse en los entornos autóctonos y cerner más adecuadamente lo simbólico y la importancia cultural. A pesar de los esfuerzos realizados durante la fase preparatoria, durante la cual fueron consultados sobre el contenido y el diseño de la exposición varios representantes y comunidades autóctonas, los objetos expuestos no corresponden adecuadamente a las ideas que las Primeras Naciones y los Inuit deseaban traducir. Estos últimos expresaron claramente el deseo de « sentirse como en casa » en dicho espacio museístico, pero no lograron identificarse plenamente dado abismo entre el sensorium museístico y los sensoria autóctonos.
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Un Wendat nomade sur la piste des musées : pour des archives vivantes
Guy Sioui Durand
pp. 271–288
AbstractFR:
Au regard des Amérindiens, le musée est-il à éviter ? Pour répondre à cette question, l’auteur avance une mutation du paradigme de « l’Indien inventorié », largement hérité des visions colonialistes du monde, et y oppose la notion de fait total d’Américité comme point d’ancrage amérindien. S’ensuit un survol des avancées muséologiques tant de la part des grands musées urbains que des communautés sur les terres de réserve. Une hypothèse d’exposition comme archive vivante mettant à profit le recours à l’art autochtone contemporain sert de conclusion.
EN:
Through the lens of a Wendat sociologist, this essay discusses the new mutations in museology in relation to aboriginal cultures. Introducing the aboriginal notion of « Americity’s global phenomenon » ( fait total d’Américité ) from the perspective of living archive and exhibition, the author overviews and analyses many exhibitions, both within international urban museums and local native communities. In conclusion, he proposes an artistic approach as living archive for the future.
ES:
Con respecto a los amerindios ¿ deben evitar el museo ? Con el fin de responder a esta pregunta, el autor afirma una mutación del paradigma de « el indio inventariado » heredado de las visiones del mundo colonialistas y opuesta a la noción de la constitución total de Americanidad en tanto que punto de enraizamiento amerindio. Se procede a un sobre-vuelo de los avances museológicos tanto de la parte de los grandes museos urbanos como de los realizados en las comunidades en las reservas. Una hipótesis de una exposición en tanto archivo vivo que recurre con provecho al arte autóctono contemporáneo sirve de conclusión
Entrevue / Interview / Entrevista
Essai bibliographique / Bibliographical Essay / Ensayo bibliográfico
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Musées et anthropologie : chronique d’une séparation / De L’Estoile B., 2007, Le goût des Autres. De l’exposition coloniale aux arts premiers. Paris, Éditions Flammarion. / Mazé C., F. Poulard et C. Ventura (dir.), 2013, Les musées d’ethnologie. Culture, politique et changement institutionnel. Paris, Éditions du CTHS.
Fabienne Boursiquot
pp. 309–323
AbstractFR:
C’est pour une bonne part dans les musées qu’émerge la discipline anthropologique au XIXe siècle. L’anthropologie se donne alors pour tâche d’étudier l’ensemble des manifestations matérielles de l’humanité. Deux ouvrages – Le goût des Autres, de Benoît de L’Estoile (2007), et Les Musées d’ethnologie, de Camille Mazé, Frédéric Poulard et Christelle Ventura (2013) – nous permettent de revenir sur les moments forts de la relation entre musées et anthropologie, et surtout de comprendre leur séparation au cours du XXe siècle.
EN:
To a large extent, Anthropology emerged out of the institutional cadre of the museum. The discipline’s main task was conceived at the time to be the study of material productions of mankind. Two recent publications – Le goût des Autres, by Benoît de L’Estoile (2007), and Les Musées d’ethnologie, by Camille Mazé, Frédéric Poulard and Christelle Ventura (2013) – help us explore some of the key moments in the long relationship between museums and anthropology. In doing so, they offer an understanding as to how these two scientific institutions were separated from each other in the 20th Century.
ES:
Es en buena medida que de los muesos emerge la disciplina antropológica en el siglo XIX. La antropología adopta como tarea estudiar el conjunto de manifestaciones materiales de la humanidad. Dos obras – Le goût des Autres, de Benoît de l’Estoile (2007) y Les Musées d’ethnologie, de Camille Mazé, Frédéric Poulard y Cristelle Ventura (2013) – nos permiten regresar a los momentos fuertes de la relación entre museos y antropología, y sobre todo comprender su separación durante el siglo XX.
Hors-thème / Off Theme / Al margen
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Speed-dating à Bruxelles : ouvrir le choix du conjoint à l’aléatoire et à l’inconnu ? (note de recherche)
Pierre-Yves Wauthier
pp. 325–347
AbstractFR:
Le speed-dating est un dispositif destiné à produire de la rencontre hétérosexuelle à connotation sentimentale. Il s’organise en tournantes de rencontre de quelques minutes entre inconnus du sexe opposé. Il s’adresse a priori à des célibataires urbains à la recherche d’un partenaire. Il témoigne de changements sociaux affectant la conjugalité. Lorsque la relation significative antérieure est rompue et lorsque le réseau social semble vide de partenaire envisageable, le speed-dating apparaît comme un moyen sécurisé de rencontrer des inconnus afin de résoudre l’injonction moderne du « libre choix du conjoint », dans un contexte contradictoire qui valorise à la fois la famille nucléaire et le mode désirant. L’article discute la parenté en tant qu’objet anthropologique. Il discute également de l’apport du sociologue Jean-Claude Kaufmann sur l’inversion sexe/amour.
EN:
Speed dating is a mating system aiming to produce romantically connoted heterosexual encounters. It is meant for urban singles looking for a partner. It sets rounds of short dates with several opposite sex participants, each date lasting a few minutes. It shows social changes affecting conjugality. Brussels speed daters recall a normative frame made of soft and hard social injunctions that drives them to look for « the one who is going to stay, this time ». While the significant previous relationship is over and while the social network seems empty in terms of conceivable partner, the speed dating appears to be a safe mean to approach unknown people, in order to solve the modern injunction of the free choice of the spouse within a contradictory context that values both the nuclear family and the desiring mode. The article suggests a new vision on kinship as an anthropological issue. It also discusses Jean-Claude Kaufmann’s sociological input on the sex/love inversion.
ES:
El speed-dating es un dispositivo destinado a la producción de un encuentro heterosexual de connotación sentimental. Se organiza turnos de encuentros de algunos minutos entre desconocidos de sexo opuesto. Está destinado prioritariamente a solteros urbanos que buscan una pareja. Es un testimonio de los cambios sociales que afectan la conyugalidad. Cuando una relación significativa anterior se rompe y en la red social no parece haber una pareja potencial, el speed-dating aparece como un medio seguro para encontrar desconocidos con el fin de resolver la conminación moderna de la « libre elección del conyugue », en un contexto contradictorio que valora tanto a la familia nuclear como la moda del deseo. El artículo discute el parentesco en tanto que objeto antropológico. Discute así mimo el aporte del sociologo Jean-Claude Kaufmann sobre la inversión sexo/amor.
Comptes rendus thématiques / Thematical Book Reviews / Reseñas temáticas
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Bondaz Julien, 2014, L’exposition postcoloniale. Musées et zoos en Afrique de l’Ouest (Niger, Mali, Burkina Faso). Paris, L’Harmattan, coll. Connaissance des hommes, 352 p.
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Kaine Élisabeth et Élise Dubuc, 2010, Passages migratoires. Valoriser et transmettre les cultures autochtones. Design et culture matérielle/Migratory Passages. Promoting and Transmitting Native Cultures. Design and Material Culture. Québec, Les Presses de l’Université Laval, coll. Intercultures, 162 p., index, illustr.
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Robitaille Marie-Paule et al., 2014, Voyage au coeur des collections des Premiers Peuples. Québec, Les Éditions du Septentrion, Musées de la civilisation, 276 p., illustr., index