TTR
Traduction, terminologie, rédaction
Volume 29, Number 1, 1er semestre 2016 Traduction et rédaction : un destin lié Translation and Writing: A Linked Destiny Guest-edited by Fayza El Qasem and Freddie Plassard
Table of contents (14 articles)
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Présentation
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Reformuler, réécrire, recréer… : des concepts connexes à la verbalisation en traduction
Jacqueline Henry
pp. 17–31
AbstractFR:
Dans la littérature abordant la phase onomasiologique de la traduction, différents termes sont souvent utilisés de façon assez indifférenciée pour parler de la reverbalisation : « reformulation », « réénonciation », « réécriture », « recréation ». Pourtant, l’analyse de ces termes dans le cadre élargi des sciences du langage, dans une perspective tant intralinguistique qu’interlinguistique, amène à penser qu’ils ne sont pas strictement synonymiques et qu’ils se répartissent diversement sur les axes littéraire/pragmatique, oral/écrit et langage courant/spécialisé. En outre, le préfixe « re- », très productif en français, ne se limite pas à marquer une deuxième occurrence et la modification peut avoir un sémantisme propre, au-delà de celui de la base verbale à laquelle il est accolé.
EN:
In the literature dealing with the onomasiological phase of translation, various terms are often used with no real distinction to refer to rephrasing: “rewording”, “restating”, “rewriting”, “recreating”. However, the analysis of these terms in the wider perspective of language sciences, both from an intra- and interlinguistic point of view, suggests that they are not exactly synonymous and are variously distributed along the literary/pragmatic, oral/written and common/specialized axes. Moreover, it appears that the prefix “re-”, which is very productive in French, does not only denote a new occurrence and change and can have its own meaning, beyond that of the verbal stem to which it is attached.
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Génétique textuelle et écritures mono- et plurilingues
Christophe Leblay
pp. 33–59
AbstractFR:
Le choix méthodologique de ce travail pose la génétique textuelle comme discipline de référence ; celle-ci prend en compte prioritairement une description des phénomènes intrinsèques de scripturalité, bien avant de s’intéresser au seul produit final. Les concepts clés de la génétique textuelle (successivité, immédiateté, linéarité) sont réactualisés et transférables à de nouveaux corpus hétérogènes, collaboratifs, polygraphiques et professionnels. En ajoutant l’appareil conceptuel génétique, il devient possible de suivre et de visualiser le pas-à-pas des transformations : le retour critique sur sa propre écriture s’apprend, se raffine à l’aide de ressources visuelles. À partir de repères élémentaires en génétique textuelle, il s’agit de considérer les différentes manières d’étudier ce que la génétique nomme avant-texte, afin de pouvoir classer les principaux corpus génétiques, depuis les premiers corpus littéraires jusqu’aux plus récents, multimodaux, dont font partie les écritures professionnelles monolingue (rédaction) et plurilingue (traduction).
EN:
In this contribution, we have chosen the methodological approach of textgenetics that systematically focuses on text production processes before considering the final product. The main concepts of textgenetics (succession, immediacy, linearity) are updated and applied to new heterogeneous, collaborative, polygraphic, and professional corpora. By adopting this approach, it becomes possible to calibrate the learning of translators-writers from a procedural point of view. It is also possible to follow and visualize the transformations step by step: One can learn to reflect critically on one’s own writing, and visual resources can refine the process. Using basic textgenetics concepts, we have to consider the different ways of studying what textgenetics calls avant-texte, in order to be able to classify the main genetic corpus, from the first studied literary texts to the most recent multimodal texts, including professional (mono- and plurilingual) writings.
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La lisibilité de la version arabe de la Convention internationale des droits de l’enfant
Sylvie Chraïbi
pp. 61–83
AbstractFR:
Cet article vise à mettre en évidence les causes d’une apparente contradiction entre le fait que la version arabe de la Convention internationale des droits de l’enfant est supposée s’adresser « à tout entendeur » (Cornu, 2005, p. 227-228) et que les contraintes rédactionnelles auxquelles elle a été soumise (De Saint Robert, 2013) en rendent, à notre avis, la lecture malaisée pour un non-spécialiste du jargon onusien. Aussi, bien que la Convention soit considérée comme un instrument juridique international à vocation universelle faisant foi, conformément au principe d’égale authenticité des versions traduites (Sauron, 2009), les conditions d’appropriation du texte par les citoyens arabes semblent insuffisantes. Au niveau formel, on remarque que l’orientation qui a été prise d’une uniformisation phraséologique et terminologique par un processus de superposition du texte traduit aux textes sources anglais et français – l’objectif étant de conserver une neutralité du discours – contribue à créer un style en rupture avec les habitudes langagières et le lexique partagés par les locuteurs natifs. Au niveau du traitement des concepts, on observe un décalage référentiel suscité par certains choix dénominatifs qui, dans le cadre de systèmes et pratiques juridiques propres aux pays arabes, renvoient à des normes et principes de droit parfois très différents.
EN:
This article aims to highlight the contradiction between the fact that the Convention on the Rights of the Child is supposed to be addressed to all those able to understand it (“à tout entendeur”; Cornu, 2005, p. 227-228) and yet the editorial constraints to which the text was submitted (De Saint Robert, 2013), make it difficult to interpret for the reader who is not a specialist of Onusian speak. This is why Arab citizens find the Convention difficult to appropriate, even though the translation is considered an authentic international juridical instrument with a universal vocation, in accordance with the principle of equal authenticity of the translated text (Sauron, 2009). At a formal level, we note that the tendency to standardize the phraseology and the terminology by a process of superposition of the translated versions with the original texts written in English and French—in order to respect the neutrality of a UN discourse—contributes to creating a style that marks a stark contrast with language habits and lexicon of native speakers. At a conceptual level, we note a referential shift caused by some denominative options which, in the field of juridical systems and practices specific to the Arab world, refer to standards and principles of law which could be very different from international law.
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D’une langue à l’autre : les transformations du texte de deux nouvelles d’Honoré de Balzac dans des versions anglaises, espagnoles et chinoises
Marie-Christine Aubin
pp. 85–114
AbstractFR:
Balzac le suggère dans sa Physiologie du mariage, « [l]ire, c’est créer peut-être à deux » (1976, t. XI, p. 1019). Ce qui est vrai de l’amateur de livres l’est encore plus du traducteur, lecteur primordial chargé de réécrire le texte en langue étrangère. Dans le présent article, nous observons deux nouvelles de Balzac, Le Réquisitionnaire (1831) et L’Élixir de longue vie (1830), traduites en anglais, espagnol et chinois. Cette observation s’inscrit dans le prolongement des théories de la réception, notamment des plus récentes qui intègrent la dimension culturelle à l’activité de traduction, mais nous nous fondons surtout sur le modèle macro- et transtextuel que propose O’Neill (2005). Il s’agit d’un système multilingue complexe, composé de l’ensemble des textes, en langues étrangères et originale, qui englobe l’auteur du texte original, ses traducteurs et tous les prolongements et toutes les transformations – heureuses ou malheureuses – réalisées à partir du texte initial. Cette approche macrotextuelle nous permettra non seulement d’observer l’impact de Balzac dans le monde, mais aussi d’élucider quelques-unes des stratégies employées par les traducteurs pour mener à bien leur entreprise : stratégies de nature stylistique pour rendre les aspects perçus du style de Balzac, mais aussi stratégies d’acculturation ou de dépaysement comme elles ont pu être discutées par Schleiermacher, Venuti ou Berman. Quelles que soient ces stratégies, il apparaît très nettement qu’une fois publiée, l’oeuvre n’appartient plus à son auteur (Chan, 2010, p. 3). Celle-ci a donc une vie et des prolongements que l’auteur ne saurait soupçonner et dont les résultats lui échappent complètement. Pour illustrer ces prolongements, nous suivrons ces deux nouvelles dans quelques pays et dans quelques systèmes linguistiques et tâcherons de mesurer les transformations du texte, tant pour la forme que pour le fond.
EN:
As Balzac suggests in The Physiology of Marriage: “To read is to join with the writer in a creative act” (2016c, n. p.). What is true of any reader may be even truer of translators, as primordial readers entrusted with rewriting a text for a foreign audience. This paper will consider two of Balzac’s short stories, Le Réquisitionnaire (1831) and L’Élixir de longue vie (1830), in English, Spanish and Chinese translation. Our observations draw on reception theories, especially the most recent ones that integrate a cultural dimension to translating, but they are essentially informed by O’Neill’s macro- and transtextual model (2005). This model is a complex multilingual system that includes the author and translators, as well as all the texts, the original as well as the translations, with all their consonances, dissonances, and transformations, whether of form or content. This macrotextual approach will not only help understand Balzac’s impact in the world, but also highlight some of the strategies the translators adopted in performing their task: stylistic choices to transfer what they perceived to be Balzac’s style, but also domesticating or foreignizing strategies as discussed by Schleiermacher, Venuti or Berman. Whatever the strategies used, however, it becomes clear that once a piece is published, it no longer belongs to its author, but has a life of its own in the target context that the author could not foresee and can do nothing about (Chan, 2010, p. 3). To illustrate and measure some of these transformations, be they of form or content, we follow these two short stories in a few countries and linguistic systems.
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D’une culture à l’autre. Le défi de traduire les marqueurs régionaux
Stephanie Schwerter
pp. 115–138
AbstractFR:
Cet article se veut une réflexion sur les difficultés de traduction de discours issus d’une situation politique particulière. Celles-ci seront analysées à la lumière de la Théorie interprétative de Danica Seleskovich et Marianne Lederer et des concepts de naturalisation et d’exotisation de Lawrence Venuti. De façon plus précise, nous examinerons des extraits de traductions de deux romans nord-irlandais, Eureka Street de Robert McLiam Wilson (1996) et Divorcing Jack de Colin Bateman (1995). Ces romans font partie des « Troubles novels » (Kennedy-Andrews, 2003) ; ils prennent en effet comme arrière-plan le conflit de l’Irlande du Nord. De plus, chacun contient des mots et expressions qui renvoient à des concepts culturellement marqués liés aux tensions entre protestants et catholiques. Les traducteurs francophones, germanophones et hispanophone dont nous avons analysé les traductions ont ainsi été appelés à transposer des concepts politiques et visions du monde propres au contexte nord-irlandais dans un environnement culturel où ces concepts et visions n’ont pas de signification évidente. Il s’agit là d’une tâche qu’on peut imaginer d’autant plus difficile pour des traducteurs provenant d’un contexte culturel qui n’a pas été marqué par des situations de conflit. Nous nous proposons de démontrer comment une connaissance insuffisante de la situation locale peut donner lieu à des traductions erronées.
EN:
This article explores the difficulty of translating local expressions and value systems generated by a war-torn society. As a case in point, we shall focus on two Northern Irish novels and their German, Spanish and French translations. Robert McLiam Wilson’s Eureka Street (1996) and Colin Bateman’s Divorcing Jack (1995) belong to the so-called “Troubles novels” (Kennedy-Andrews, 2003), that is Northern Irish prose dealing with the consequences of political violence. Working with Northern Irish literature, the translator is confronted with the difficulty of transposing specific perceptions and world views into a different cultural environment, very often an environment in which many Northern Irish concepts do not mean anything at all. This task becomes particularly challenging if the members of the target culture did not experience long periods of political turmoil. Our argument shall be based on Lawrence Venuti’s concept of foreignisation and domestication, as well as on Marianne Lederer’s and Danica Seleskovich’s Théorie interprétative. We attempt to demonstrate how insufficient knowledge of the local situation might lead to mistranslation.
Articles hors thème
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Collision and Collusion: Contrasting Representations of the Translator-Author Relationship in Two Contemporary Francophone Novels
Pierre-Alexis Mével and Dawn M. Cornelio
pp. 139–160
AbstractEN:
The article focuses on two novels (Brice Matthieussent’s 2009 Vengeance du traducteur and Jacques Poulin’s 2006 La Traduction est une histoire d’amour) which present apparently contradictory viewpoints on the role of the translator and translation through their distinctive use of both metaphors and meta-discourse on translation. Matthieussent’s novel is a revenge indeed, a postmodern tour de force where the notions of original, translation, source and target texts, author and translator, are blurred to the point of becoming irrelevant, shedding a whole new light on the concepts of faithfulness and creativity, and redefining typographical and cultural spaces. Presented as a translation by its narrator, Vengeance du traducteur is a discussion about translation, a metaphorical and symbolical deconstruction of the author-translator relationship, which creatively and cynically dissects power relations in the translation process, and questions the validity of the notions of author and translator, pointing out their absurdity. Poulin’s novel approaches the author-translator relationship more traditionally, portraying a young woman, Marine, the first-person narrator, planning to meet an author she admires, and become his translator. Though she is successful in this, few scenes focus on translation proper; instead the writer and translator must determine the owner of an abandoned kitten, using a cryptic note on its collar. They must find the right words to complete the clue, and also determine what these words truly mean. The cooperative, symbiotic connexion between the two outside their working relationship becomes a metaphor in itself for the process of translation; this in turn focuses a spotlight on the work of translating which is relegated to the background of this novel whose title announces it as central. Through careful dissection of all the novels’ elements, we will show how their mise-en-abîme of translating determines and undermines the perception and practice of literary translation.
FR:
Cet article se concentre sur les représentations à première vue contradictoires du rôle du traducteur et de la traduction, et sur l’utilisation contrastive de métaphores et de métadiscours sur la traduction dans Vengeance du traducteur (2009) de Brice Matthieussent et La Traduction est une histoire d’amour (2006) de Jacques Poulin. Le roman de Matthieussent constitue bien une vengeance, une prouesse post-moderne dans laquelle les notions mêmes de texte original et de traduction, de texte source et cible, d’auteur et de traducteur, fusionnent au point de perdre toute forme de pertinence opérationnelle. Au passage, ce roman redéfinit les concepts de fidélité et de créativité et redessine les espaces culturels et typographiques. Présenté comme une traduction par son narrateur, Vengeance du traducteur est avant tout une réflexion sur la traduction, une déconstruction métaphorique et symbolique de la relation auteur-traducteur, qui dissèque les relations de pouvoir qui émergent du processus traductionnel, et qui va jusqu’à remettre en question la validité des notions d’auteur et de traducteur en en révélant toute l’absurdité. Le roman de Poulin appréhende la relation auteur-traducteur de manière plus traditionnelle ; il met en scène le personnage de Marine, qui narre l’action à la première personne et qui souhaite rencontrer un auteur qu’elle admire dans le but de devenir sa traductrice. Bien qu’elle arrive à ses fins, rares sont les scènes qui se focalisent sur la traduction elle-même ; à la place, l’auteur et sa traductrice doivent, grâce à un message cryptique attaché sur son collier, retrouver le propriétaire d’un chaton abandonné. Ils vont non seulement retrouver les mots manquants, effacés de l’indice, mais aussi leur donner un sens. Ce partenariat symbiotique, hors du cadre de leur travail, devient une métaphore du processus traductionnel : c’est cela qui met paradoxalement l’accent sur le travail de traducteur, relégué au second plan en dépit d’un titre qui en promet la centralité. Grâce à une analyse détaillée des deux romans, nous démontrons comment la mise en abîme de la traduction précise et subvertit la perception et la pratique de la traduction littéraire.
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Diversité des pratiques dans la production plurilingue de textes politiques. Comparaison entre trois partis suisses
Véronique Bohn
pp. 161–183
AbstractFR:
Qu’ils soient étatiques ou non, les acteurs qui évoluent dans un système officiellement plurilingue doivent tenir compte de l’existence de plusieurs communautés linguistiques. La question qui se pose alors est de savoir comment il est possible de communiquer politiquement dans un tel contexte. En particulier, il paraît essentiel pour l’existence d’une vie démocratique d’empêcher que les discussions ne soient cloisonnées par publics de langues maternelles différentes et donc d’assurer une coordination des messages entre les langues. Dans notre étude qualitative, nous nous intéressons aux dispositifs que trois partis politiques suisses ont mis en place pour assurer ce lien dans la production des périodiques destinés à leurs membres. Ces pratiques, que nous appelons « modes de coordination interlinguistique », peuvent impliquer, à des degrés divers, l’utilisation de la traduction. Au-delà de la description de ces modes, il s’agit de comprendre les logiques qui guident le choix d’une pratique particulière et qui sont définies comme l’ensemble cohérent d’éléments représentationnels et matériels, internes et externes au parti. Pour comprendre ces logiques, des entretiens semi-structurés ont été menés avec les responsables des publications, et les logiques qu’ils permettent de mettre en évidence ont ensuite été comparées. En particulier, l’accent est mis sur les éléments qui divergent d’un parti à l’autre et qui semblent expliquer l’adoption d’une pratique plutôt qu’une autre. Les résultats sont exposés selon trois grands thèmes : développement historique des publications, perception de la traduction et articulation entre stratégie politique et système de valeurs. De manière plus générale, l’étude suggère que de nombreux éléments entrent en ligne de compte dans la production plurilingue des textes politiques et que la situation est bien plus complexe qu’une simple distinction entre traduction et non-traduction.
EN:
State and non-state actors operating in officially multilingual systems must take into account the presence of different linguistic communities. One might ask, then, how political communication is made possible in such contexts. In particular, it seems of paramount importance that in a democratic setting, discussions not be compartmentalised within distinct groups according to mother tongue. In other words, it is crucial to ensure that messages are coordinated across languages. In our qualitative study, we are interested in the practices implemented by three Swiss political parties in order to ensure this interlinguistic coordination in the production of the periodicals published for the party members. These “interlinguistic coordination modes”, as we call them, may entail the more or less extensive use of translation. Beyond the description of the practices, the study aims at understanding the rationale underlying the choice of a particular practice and defined as a coherent set of representational and material, external and internal elements. In order to understand the practices, semi-structured interviews have been conducted with the people in charge of the publications, and the rationales thus retrieved have been compared. Particular attention is given to elements that differ from one party to another and that seem to explain the implementation of one practice over another. Results are presented according to three main themes: historical development of the publications, perception of translation, and interconnection between political strategy and values. More generally, the study suggests that many elements come into play in the multilingual production of political texts and that the issue is much more complicated than a mere distinction between translation and non-translation.
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Éthos des traducteurs et langues cibles : les traductions d’oeuvres spirituelles espagnoles aux Pays-Bas méridionaux au XVIe et XVIIe siècle
Lieve Behiels
pp. 185–216
AbstractFR:
Au XVIe et XVIIe siècle, les Pays-Bas méridionaux, grâce à leur intégration dans la monarchie hispanique, représentent un carrefour d’échanges dans tous les domaines de la culture, particulièrement en ce qui concerne la spiritualité catholique. Ils sont en outre un centre important en matière d'imprimerie et de traduction. Ainsi, de nombreux auteurs religieux espagnols ont été traduits non seulement dans les langues vernaculaires (le néerlandais, le français, parfois l’anglais), mais aussi en latin. À partir de quatre traductions de l’oeuvre d’un auteur franciscain espagnol, Alonso de Madrid, en latin, en français et en néerlandais, nous nous penchons sur l’image de soi que projettent les auteurs des péritextes et sur le rapport entre cet éthos et la langue, donc le public cible. L’analyse des épîtres dédicatoires des traducteurs montre qu’à la position dans la hiérarchie intellectuelle et politique des traducteurs et de leurs publics cibles correspond une hiérarchie des langues et que le choix d’une langue vernaculaire comme le néerlandais peut causer la réorientation du skopos de la traduction.
EN:
In the sixteenth and seventeenth century, the Southern Netherlands were an important multilingual printing and translation centre. Thanks to their integration in the Hispanic monarchy, they were a node of exchange in all areas of culture, and specifically were catholic spirituality is concerned. Many Spanish religious writers were translated, not only into the vernacular languages (Dutch, French, and less frequently English), but also into Latin. Starting from four translations of the work of a Spanish Franciscan author, Alonso de Madrid, into Latin, French and Dutch, we try to discover the self-image projected by the authors of the peritexts and to determine how their ethos is related to the target language. When we analyze the dedicatory epistles written by the translators, we find that the position occupied by the translators and their target public in the intellectual and political hierarchy corresponds with a hierarchy of languages and that the choice of a vernacular such as Dutch may cause a reorientation in the translation skopos.
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A Model for Defining the Concept and Practice of Translation, from the Perspective of Greimassian Semiotics
Rovena Troqe
pp. 217–244
AbstractEN:
In this study, a new model of translation as a general theoretic concept and as a social practice is outlined, drawing form Greimassian semiotics. As a theoretic concept, translation is defined by the Semiotic Square of Translation as the emergence of the general category self coming into being in relation to the category non-self, through the semio-logic operations that correlate the immanent concepts, equivalence and difference. As a social practice, translation arises from the contractual interaction between two actants, the Initiator and the Translator, which operate through acts of manipulation, performance and sanction. This theoretical framework is applied to the study of a parallel corpus.
FR:
En s’appuyant sur l’approche sémiotique de l’École de Paris, notre article présente une modélisation du concept, de la pratique et de la critique de traduction. Nous avons élaboré une définition générale et formelle du concept de traduction, basée sur les relations et les opérations du carré sémiotique : la traduction est un objet sémiotique s’articulant sur la catégorie de l’identité et de la véridiction. La « mise en situation » de cette définition de la traduction débouche sur la formalisation de son expression pratique dans le modèle traductif : la détermination des actants (donneur d’ouvrages, traducteur et traductologue), de leurs interactions et des instructions contractuelles permet d’expliquer et de décrire les aspects normatifs, éthiques et énonciatifs de la pratique de la traduction. Pour confirmer la validité de cet appareil théorique, nous avons procédé à son application à un corpus parallèle.
Comptes rendus
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Robert Carvais, Valérie Nègre, Jean-Sébastien Cluzel et Juliette Hernu-Bélaud, dir. Traduire l’architecture. Texte et image : un passage vers la création ? Paris, Picard, 2015, 296 p.
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Jean Delisle et Marco A. Fiola. La traduction raisonnée. Manuel d’initiation à la traduction professionnelle de l’anglais vers le français. 3e édition. Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, collection « Pédagogie de la traduction », 2013, 716 p.
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Lieven D’hulst. Essais d’histoire de la traduction. Avatars de Janus. Paris, Classiques Garnier, “Perspectives comparatistes 24,” 2014, 321 p.
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Nicole Nolette. Jouer la traduction : théâtre et hétérolinguisme au Canada francophone. Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2015, 284 p.