FR:
« Dans mon livre, il n’y a pas de parole de Blanc » : la première phrase de Je suis une maudite sauvagesse/Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu, d’An Antane Kapesh, fait entrer immédiatement dans le projet politique de l’ouvrage, et de l’auteure. Cette Innue a décidé d’écrire, au début des années 70, le récit de son expérience des relations avec le « Blanc » sur son territoire, le Nitassinan. L’auteure propose ici de circonscrire une des contributions majeures d’Antane Kapesh à la littérature (post)coloniale des Amériques, soit sa conceptualisation du « Blanc » comme catégorie politique d’habitation. L’habitation politique est entendue comme un complexe de pratiques épistémologiques, géographiques, éthiques et politiques : elle implique des liens avec le territoire, des rapports à la connaissance, des manières d’être en relation avec les autres êtres, humains et non humains, et les articulations entre ces éléments.
EN:
« Dans mon livre, il n’y a pas de paroles de Blanc (In my book there are no words of White) » is the first sentence of the book Je suis une maudite sauvagesse/Eukuan nin matshimanitu Innu-iskueu which launches the political project of the book and the author, An Antane Kapesh. In the early 70s, this Innu woman, wrote an account of her experience of the relations with the White people on her territory, the Nitassinan. The author exposes one of the major contributions of Antane Kapesh to the (post)colonial literature of the Americas, namely her conceptualization of the « White » as a political category of habitation. Political habitation is understood as a complex of epistemological, geographical, ethical and political practices : it involves links with the territory, relations with knowledge, ways of being in relation to other beings, human and non-humans, and the links between these elements.
ES:
« Dans mon livre, il n’y a pas de paroles de Blanc (En mi libro, no hay palabra de Blanco) » : la primera frase de Je suis une maudite sauvagesse/Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu, de An Antane Kapesh, nos hace entrar de inmediato en el proyecto político de la obra y de su autora. An Antane Kapesh, mujer innu, decidió escribir a principios de 1970, la historia de su experiencia en el trato con el « Blanco » en su territorio, el Nitassinan. Este artículo propone identificar una de las principales contribuciones de An Antane Kapesh a la literatura (post)colonial de las Américas, es decir, su conceptualización del « Blanco », como categoría política de la habitación. La habitación política se entiende aquí como un conjunto de prácticas epistemológicas, geográficas, éticas y políticas : se trata de vínculos con el territorio, de las relaciones con el conocimiento, de las formas de relacionarse con otros seres, humanos y seres no humanos, y de las articulaciones entre estos elementos.