FR :
L’auteure propose de rendre visibles et de relire certaines expériences de lesbiennes féministes racisées et blanches depuis la fin des années 90, devant le racisme du mouvement lesbien, puis à l’égard du durcissement nationaliste des politiques migratoires françaises, en s’appuyant sur le concept d’homonationalisme de Jasbir K. Puar (2007). Le point de départ se situe dans l’expérience personnelle de l’auteure, engagée comme activiste et en tant qu’universitaire, sur le thème du genre et du lesbianisme dans la migration, et partie prenante de plusieurs initiatives pionnières dans le domaine. Adoptant une perspective épistémologique qui met en valeur l’importance du point de vue situé, l’auteure insiste également sur le rôle central de différentes lesbiennes racisées et prolétarisées.
L’auteure distingue la première période, de 1999 à 2004, pendant laquelle prédomine la dénonciation du racisme, au sein du mouvement lesbien lui-même, sous la houlette d’un groupe de lesbiennes racisées qui défend fermement, pour la première fois, l’organisation autonome, c’est-à-dire la non-mixité de race. De 2005 à 2010, un virage s’opère vers des luttes contre l’hétérosexisme des politiques migratoires (de plus en plus restrictives), et la migration des lesbiennes commence à être visibilisée au travers d’initiatives plutôt mixtes et, en partie, universitaires. Enfin, l’auteure revient sur le concept d’« homonationalisme » et mobilise les concepts d’« hétérocirculation » des femmes et de « lesbonationalisme » pour décrire la situation actuelle et les modes d’agir des nouveaux groupes.
EN :
The author aims to highlight and read over some experiences of both racialized and white lesbian feminists, from the end of the 90s, against racism in the lesbian feminist movement, and then against the nationalist restrictions of French migration politics – using Jasbir K. Puars’ concept of homonationalism (2007). It stems from the author’s personal experience, given that she participated as an activist as well as an academic, into different ‘ women and lesbians in migration ’ initiatives. The author’s epistemological stand values the importance of the standpoint. In this sense, she also underlines the central role played by some racialized and proletarized lesbians.
The author distinguishes a first period, from 1999 to 2004, in which the central struggle is the denunciation of racism within the lesbian movement, which is formulated by a group of racialized lesbians who strongly advocate, for the first time, for an autonomous organization – i.e. without white lesbians. From 2005 to 2010, the struggle takes a turn towards fighting heterosexism in migrations politics (increasingly restrictive), and towards highlighting lesbians’ migration – through mixed-race initiatives, that are in part, academic ones. Finally, the author goes back to the concept of « homonationalism », proposing the concepts of « heterocirculation » of women and « lesbonationalism », in order to describe the present situation as well as the action taken by new groups.
ES :
Este artículo propone visibilizar y releer, casi veinte años después, ciertas experiencias de lesbianas feministas racializadas y blancas desde finales de los 90, frente al racismo del movimiento lésbico, luego frente al endurecimiento nacionalista de las políticas migratorias francesas, basándose en el concepto de homonacionalismo surgido en 2007 de la pluma de Puar. El punto de partida es la experiencia personal de la autora, comprometida como activista y como académica, en la temática de género y lesbianismo en la migración, y parte interesada en varias iniciativas pioneras en la materia, sobre las que ofrece una mirada reflexiva con un enfoque retrospectivo de la situación política nacional. Desde una perspectiva epistemológica que enfatiza la importancia del punto de vista situado, también insiste en el papel central de ciertas lesbianas racializadas y proletarizadas tanto en las luchas como en las reflexiones.
El artículo distingue un primer período, entre 1999 y 2004, durante el cual predominó la denuncia del racismo, dentro del propio movimiento lésbico, bajo el liderazgo de un grupo de lesbianas racializadas que defendieron firmemente, por primera vez, la organización autónoma, es decir la no-mixidad de raza. Entre 2005 y 2010 se produjo un giro hacia las luchas contra el heterosexismo de las políticas migratorias, cada vez más restrictivas, y la migración de lesbianas comenzó a visibilizarse a través de iniciativas más bien mixtas y, en parte, académicas. Finalmente, la autora vuelve al concepto de homonacionalismo y moviliza los conceptos de heterocirculación de las mujeres y lesbonacionalismo para describir la situación actual y las formas de actuar de los nuevos grupos.