Lucille Beaudry
p. 7–19
Notice
Résumé
Le féminisme en art au Québec s’est démarqué à partir du contexte d’agitation sociale et politique des années 60 et 70. Cet art s’est implanté notamment en illustrant une trajectoire concernant le sujet de l’identité femme. Celle-ci va d’une position dite essentialiste du sujet femme à une illustration de la construction sociale de l’identité de genre, identité dont la déconstruction renvoie à la pluralisation de l’identité dans le temps et dans l’espace. Ces oeuvres contribuent de diverses manières, à partir de l’irréductibilité des différences, à la réflexion portant sur une démocratie plurielle et radicale.
Tamar Tembeck
p. 21–37
Notice
Résumé
L’auteure traite de la re-performance comme mode de réanimation intergénérationnelle d’un matrimoine performatif féministe, ainsi que de la place qu’occupe cet héritage dans les réflexions et les pratiques actuelles de quatre artistes : Oriana Fox (Londres), Julie Châteauvert et Valérie Perron (Montréal) et Julie Lassonde (Toronto). L’auteure se penche également sur l’institutionnalisation de l’art de la performance tout comme de l’« art féministe », sur les liens entre la re-performance et le statut canonique des oeuvres, sur la nature de l’attachement des re-performeurs et des re-performeuses aux oeuvres source citées, ainsi que sur la nostalgie du militantisme en art.
Isabelle Boisclair et Catherine Dussault Frenette
p. 39–61
Notice
Résumé
La venue des femmes à l’écriture, au Québec comme ailleurs, s’est réalisée progressivement à mesure que se sont déroulées les luttes féministes dans la sphère sociale. Aussi l’étude de la relation entre féminisme et création littéraire est-elle incontournable, tant il est vrai que la mise en oeuvre de l’autorité créatrice s’avère tributaire de la conquête, par les femmes, d’une position sociale autonome. Dans leur article, les auteures proposent d’analyser les rapports qu’entretient la production littéraire des écrivaines québécoises des 30 dernières années avec le féminisme. Après un bref rappel des mouvements de l’écriture au féminin de 1960 à 1980 sont mises en relief les tendances, l’esthétique et les objectifs portés par les oeuvres métaféministes (ou post-révolution féministe). Sous la forme d’une mosaïque, davantage que d’une étude exhaustive, cet article explore les thèmes, les formes et les motifs qui marquent cette production, de façon à mettre en évidence les modalités selon lesquelles s’énonce désormais la subjectivité littéraire au féminin.
Julie Lavigne
p. 63–79
Notice
Résumé
Dans un contexte de pluralisation des stratégies féministes, le développement d’une pornographie féministe, queer, ou encore ce que les Européennes ou Annie Sprinkle appellent la « post-pornographie », peut-il être envisagé comme un projet féministe viable ou même souhaitable? L’auteure présente une analyse de cette création de pornographie critique et féministe, à la lumière du concept de post-pornographie, dans le champ des arts visuels, plus particulièrement des images en mouvements. Elle trace une généalogie de cette pratique à partir de trois oeuvres réalisées à trois moments clés de cette production : le film expérimental Fuses (1965), de Carolee Schneemann, la vidéo Sluts and Goddesses Video Workshop or How to Be a Sex Goddess in 101 Easy Steps (1992), d’Annie Sprinkle, et le film Too much Pussy. Feminist Sluts in Queer X Show (2010), d’Émilie Jouvet.
Anne-Julie Ausina
p. 81–96
Notice
Résumé
La performance artistique a pour particularité de faire du corps un outil et un support de création. Comment les artistes féministes exploitent-elles aujourd’hui ce médium apparu au même moment que les mouvements féministes? À travers la sous-culture punk et ses héritages, la performance a su trouver une place évidente et devenir une force politique pour celles qui ne veulent plus taire leur corps et qui souhaitent ainsi construire un héritage culturel communautaire.
Lourdes Méndez
p. 97–114
Notice
Résumé
L’auteure analyse le champ de l’art de la Communauté autonome basque de l’État espagnol à la lumière du processus de réflexivité institutionnelle. Celui-ci est traversé par des théories féministes, des mutations du féminisme, des lois pour l’égalité, des collectifs artistiques, des institutions du domaine de l’art, des plateformes politiques et des associations de femmes pour l’égalité dans l’art. Partant de l’idée que des initiatives comme l’organisation d’expositions de femmes artistes, le FEMINISTALDIA ou le festival Miradas de mujeres (Regards de femmes) ce ne sont que des adaptations pragmatiques à une conjoncture marquée par les lignes d’action des organismes pour l’égalité, l’auteure signale que celles-ci peuvent être contre-productives pour les artistes.
Devora Neumark
p. 115–133
Notice
Résumé
L’oralité (storytelling) en tant que pratique artistique dans le Québec
d’aujourd’hui allant à l’encontre des exposés narratifs publics courants, le projet Picking
Up the Storylines (« Reprendre le fil de la trame narrative ») interroge les paramètres et
les résultats du processus public de la storytelling. La Charte des valeurs
québécoises et la Commission de vérité et de réconciliation du Canada y sont relues en
parallèle avec le Scar Project (projet Cicatrice), de Nadia Myre, et le travail du Living
History Ensemble, dans le contexte du projet Life Stories of Montrealers Displaced by War,
Genocide and Human Rights Violations (« Récits de vie de Montréalais et Montréalaises
déplacées par la guerre, le génocide et les violations des droits de la personne »). Une
telle comparaison appelle une analyse critique en vue de déterminer quand et comment les
récits supprimés, ignorés et inédits de personnes marginalisées peuvent contribuer à
l’instauration de politiques libératoires.
Virginie Mesana
p. 135–151
Notice
Résumé
Au sein de la production artistique des cinéastes en Amérique du Nord, dans une industrie encore dominée par des voix et des regards masculins, un nombre croissant de récits mis en scène par des réalisatrices « multiculturelles nord-américaines » est apparu à partir des années 90. Cette décennie marque ainsi l’émergence des premiers documentaires et de quelques longs métrages réalisés par des femmes en diaspora telles que la cinéaste féministe montréalaise Eisha Marjara. Son autobiographie « fictionnalisée », mettant en scène des modèles de femmes protagonistes que l’on pourrait qualifier d’héroïnesen diaspora, permet d’examiner des imaginaires cristallisant des rapports sociaux imbriqués en et horsdiaspora.
Marie-Claude Gingras-Olivier
p. 153–169
Notice
Résumé
L’art et le politique entretiennent un dialogue prolifique qui nous renseigne, notamment, sur divers enjeux féministes de l’actualité québécoise. À partir d’oeuvres choisies, l’auteure observe certains effets de cette conjoncture, s’activant dans le milieu artistique comme dans la rue. En analysant le travail des artistes Virginie Jourdain, Florence S. Larose, Coco Riot et Elisha Lim, elle aborde différentes thématiques comme la justice reproductive, les politiques du genre, le rapport entre « culture populaire » et « sous-culture », de même que la pertinence de décentrer la critique féministe et la critique queer, comme l’ont proposé les queers of color, par exemple.
Rébecca Lavoie
p. 171–189
Notice
Résumé
Proposant une conception de l’art politique ancrée dans les espaces sociaux dans lesquels il émerge à travers des communautés de pratique, l’auteure examine certaines des notions à l’oeuvre lorsqu’il est question d’identités, de pratiques artistiques féministes et de pensée politique queer. Elle offre d’abord des éléments de contexte permettant de situer l’émergence de la vidéo comme médium dont l’efficacité politique s’est révélée considérable pour les pensées féministes et queers, puis elle discute de deux artistes de vidéo performance montréalaises, Lamathilde et Dayna McLeod, et de la manière dont leurs pensées et leurs pratiques participent à la consolidation d’une communauté d’affinités.
Geneviève Pagé
p. 191–215
Notice
Résumé
Cet article utilise les théories sur la sphère publique de Jürgen Habermas et l’idée d’un contrepublic subalterne de Nancy Fraser pour réfléchir à la portée politique des zines féministes. L’auteure soutient que l’utilisation d’une esthétique qui leur est propre et d’un langage vulgaire et pédagogue ainsi que le recours aux réseaux de distribution de zines féministes favorisent la création d’une sphère de délibération rationnelle externe à la sphère publique dominante (contrepublic). De plus, elle avance que l’existence de ce contrepublic facilite une modification de la position subalterne qui, elle, permet un engagement dans la sphère publique de même qu’une modification des règles qui la sous-tendent, et ce, à travers trois processus : la construction d’une subjectivité ambiguë, l’intervention directe dans la sphère publique et la subversion de la dichotomie privé/public.